samedi 11 novembre 2017

Jésus est-il Yahvé incarné?

Jésus est-il vraiment Dieu ? Les chrétiens croient que Jésus est Yahvé1 incarné. Les chrétiens croient que le Dieu unique de tout l’univers est venu en tant qu’homme sur terre. Cette croyance est considérée comme folle et absurde par les athées et parfois même considérée comme blasphématoire et scandaleuse par d’autres religions du monde. Pourquoi les chrétiens s’acharnent-ils à croire une telle chose ? Notons en préliminaire que les auteurs de la Bible étaient très conscients de l’aspect contre-intuitif de leur message : « Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. » 1 Corinthiens 1 : 252 « Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes » 1 Corinthiens 1 : 27 Il est possible de télécharger l’article au format pdf Dieu avait annoncé l’identité divine du Messie aux prophètes Une première partie de la réponse nous vient des écrits existants avant la naissance de Jésus, notamment des prophètes qui annonçaient la venue d’un Messie et dévoilaient déjà une partie de son identité. Par Messie, on désigne un personnage choisi par Dieu pour amener l’accomplissement de ses plans et la délivrance de son peuple3. Le terme « Christ » est l’équivalent grec du terme hébreu « Messie ». Comme les chrétiens reconnaissent en Jésus ce Messie qui devait venir, on parlera de lui comme Jésus-Christ ou le Christ. Voyons donc certains de ces textes annonçant le Messie. Esaïe 9 : 6 « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination princière est sur son épaule. Et on l’appellera du nom de conseiller merveilleux, Dieu puissant, Père éternel, Prince de paix. » Michée 5 : 2 « Et toi Bethlehem4 Ephrata, tu n’es pas la moindre des villes de Juda car de toi sortira celui qui deviendra chef en Israël, Celui dont l’origine est depuis les temps anciens, depuis les jours des temps indéfinis ». En fait, dès l’Ancien Testament, Dieu annonce assez clairement qu’il viendra sur terre lui-même : Esaïe 35 : 4-6 « N’ayez pas peur, Voyez ! Votre Dieu viendra avec la vengeance, oui Dieu avec une rétribution. Lui-même viendra et vous sauvera. A cette époque s’ouvriront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. A cette époque le boiteux grimpera comme le cerf et la langue du muet poussera des cris de joie ». Esaïe 40 : 10 : « Voyez ! Le Souverain Seigneur l’Éternel lui-même viendra comme un homme fort et son bras dominera pour lui. » Et Jésus, qui était parfait, né sans péché, était cet homme fort prédit par Esaïe. Remises en cause Il est courant de lire sur internet des opinions erronées et mille fois ânonnées, cherchant à trouver une explication convenable à un si grand mystère, du genre : « Les premiers chrétiens ne croyaient pas que Jésus était Dieu, au début Jésus était considéré comme un grand prophète puis comme une sorte de créature super-angélique, puis finalement les chrétiens du IIIe siècle se sont mis à attribuer à Jésus des attributs divins, puis ils ont fini par le considérer comme Dieu lui-même. » Ce genre d’opinions est courant en Occident depuis le XIXe siècle et est largement vulgarisé par la presse à émotion et les livres pseudo-scientifiques. Tout cela s’explique aisément par le fait que l’Évangile est et demeurera jusqu’au retour du Christ « folie pour les Grecs et scandale pour les Juifs5 », c’est-à-dire que la venue du Dieu de l’univers en chair et sa mise en croix pour nous sauver sont une pierre d’achoppement pour la plupart de nos contemporains. Pourtant, la croyance en la divinité du Christ est parfaitement attestée chez la première génération de chrétiens et même chez les disciples de Jésus eux-mêmes. Je vais donc montrer la conscience de la divinité de Jésus dans les Évangiles qui racontent sa vie, dans les autres écrits du Nouveau Testament, ainsi que dans les écrits des premiers chrétiens écrivant après le Nouveau Testament. La divinité de Jésus dans les Évangiles Les Évangiles ont tous été écrits entre la première moitié et la fin du Ier siècle, par les disciples de Jésus eux-mêmes (Évangiles selon Matthieu et Jean) ou des proches de leur cercle, selon le témoignage des disciples (Luc et Marc). Ils rapportent donc de façon certaine la compréhension de la personne du Christ par ses disciples. Or, de façon implicite ou explicite, tous les évangiles témoignent de l’identité divine de Jésus-Christ. L’Évangile selon Matthieu s’adresse spécifiquement à des Juifs du milieu du Ier siècle. De façon très claire, il se trouve que le but implicite de l’Évangile selon Matthieu est précisément de dévoiler l’identité du Christ en tant que Dieu d’Israël. En fait l’Évangile commence et finit avec ce but : « La vierge deviendra enceinte et mettra au monde un fils, et on l’appellera du nom d’Emmanuel, ce qui signifie « DIEU est avec nous ». (Matthieu 1 : 19) Après sa résurrection, les disciples rapportent que Jésus leur a dit : « Et voyez, JE suis avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du monde ». (Matthieu 27 v20) Chez Marc, Christ est aussi considéré comme étant Dieu lui-même. L’un des exemples les plus évidents est la reprise d’un passage d’Esaïe 40 pour expliciter la mission de Jean-Baptiste qui annonce la venue du Christ : « Quelqu’un crie dans le désert : Préparez le chemin à Yahvé6, rendez droites ses routes. Jean le baptiseur parut dans le désert » (Marc 1 : 3-4, reprenant Esaïe 40 : 3.). Jean-Baptiste criait dans le désert : « Après moi vient quelqu’un de plus fort que moi ; je ne suis pas digne de me baisser pour dénouer les lanières de ses sandales7 » ; après cela, Marc indique : « Au cours de ces jours-là vint Jésus de Nazareth de Galilée8 ». Dans ce passage il est absolument évident que pour Marc, Jean-Baptiste préparait la venue du Christ qui n’est autre que Yahvé venu lui-même. Encore dans l’Évangile selon Marc, Jésus parle et dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Marc 13 : 31) ; or le prophète Esaïe disait en son temps : « Mais la parole de notre Dieu, elle durera pour des temps indéfinis » (Esaïe 40 : 8) La parole de Jésus est donc mise sur un pied d’égalité avec celle de Dieu. Jésus lui-même n’ignorait pas sa nature divine. Dans l’Évangile selon Luc, il est rapporté que Jésus est venu visiter le Temple de Jérusalem. Puis il déclara à ses disciples que Jérusalem serait détruite « parce qu’ [elle] n’a pas discerné le temps où [elle a] été inspectée ». (Luc 19 : 44). Jésus fait alors clairement référence à la prophétie de Malachie 3 : 1 : « Et soudain viendra à son Temple le Vrai Seigneur que vous cherchez, le messager de l’alliance en qui vous prenez plaisir. Voyez ! Il viendra à coup sûr ! Voici il vient, dit l’Éternel des armées. » Jésus s’identifie à ce Vrai Seigneur, ce messager de l’alliance venu visiter SON Temple, qui n’est autre que Dieu lui-même, l’Éternel des armées. À cette époque le Temple de Jérusalem était le seul lieu d’adoration du Dieu Vivant. Enfin, c’est dans l’Évangile selon Jean que la divinité du Christ est la plus explicite. « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu ». (Jean 1 : 1) « Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire » (Jean 1 : 14). Jésus lui-même disait qu’il était préexistant et laissait comprendre qu’il était beaucoup plus qu’un simple prophète : « Oui vraiment je vous le dis : avant qu’Abraham fut, je SUIS » (Jean 8 : 58). Il faut noter que Jésus a dit : « Je suis » et non pas « j’étais ». Dans la culture hébraïque, le Dieu unique s’appelle Yahvé, nom qui est dérivé du verbe être, et qui est expliqué en Exode 3 : 14, où Dieu se présente à Moïse en disant « je SUIS qui je SUIS ». Autrement dit, Jésus ne se contente pas de dire qu’il existait avant Abraham, il dit « Je SUIS », signifiant qu’il existe de toute éternité. Ici, Jésus a clairement affirmé devant ses disciples qu’il était Yahvé lui-même. Dans le quatrième Evangile, Jean explicite que Christ est Dieu lui-même : « Jésus lui dit : Je suis le chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne vient au Père, sinon par moi. Si vous m’aviez connu, vous auriez connu mon Père ; dès cet instant vous le connaissez et vous l’avez vu. » « Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » « Jésus lui dit : Depuis si longtemps que je suis avec vous, et pourtant, Philippe, tu ne m’as pas connu ? Qui m’a vu a vu le Père. » (Jean 14 : 6 à 9) Après sa résurrection, Jésus apparait à ses disciples. Thomas, qui était absent, ne parvenait pas à croire ses amis. Peu de temps après, Jésus est réapparu à tous les disciples et cette fois, Thomas était présent. « Puis [Jésus] dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru ». (Jean 20 : 27-29) On voit là que Jésus ne refuse pas l’hommage de Thomas, mais l’approuve9. Autres attestations dans le Nouveau Testament Dans tout le Nouveau Testament, il y a des centaines de versets qui attestent clairement de la divinité de Jésus. La plupart de ces attestations étaient évidentes pour des lecteurs juifs habitués à la Torah et aux Prophètes de l’Ancien Testament. Dans tout le Nouveau Testament, les titres réservés à Dieu dans l’Ancien Testament sont utilisés pour Jésus-Christ dans le Nouveau Testament : voici brièvement quelques exemples. Les disciples de Jésus et les premiers chrétiens attestaient que Jésus est le « Sauveur du monde10 » ou « la Lumière du monde11 » or tous ces titres sont réservés à Dieu dans l’Ancien Testament. Exemples : « Moi je suis l’Éternel et en dehors de moi il n’y a pas de sauveur. » cf. Esaïe 43 : 11. Et la lumière c’est l’Éternel : « Car tu es ma lampe Ô Éternel, et c’est l’Éternel qui fait briller mes ténèbres ». (2 Samuel 22 : 29). « Car l’Éternel, votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible » (Deutéronome 10 : 17) « Ils combattront contre l’Agneau, et l’Agneau les vaincra, parce qu’il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois » (Apocalypse 17 : 14) Or dans l’Apocalypse, l’Agneau représente Jésus-Christ. Dans le livre des Actes des Apôtres, l’apôtre Paul disait ceci aux responsables de l’Église d’Éphèse : « soyez les bergers de l’Eglise de Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang » (Actes 20 : 28). Or, c’est Jésus qui a racheté l’Église par son sang. Dans l’Ancien Testament, la confession de foi fondamentale d’Israël était la suivante : « Ecoute, Israël ! Le Seigneur (YHWH), notre Dieu, le Seigneur (YHWH) est un. » (Deutéronome 6 : 4). Dans une lettre datant des années 50, l’apôtre Paul reprend ces termes, mais d’une manière différente : « il n’y a pour nous qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes. » (1 Corinthiens 8 : 6). Dieu et Seigneur sont deux désignations appliquées au Dieu unique ; chez Paul, elles sont appliquées à Dieu le Père et à Jésus-Christ, montrant que tous deux sont le Dieu unique adoré depuis les temps anciens. Les successeurs directs des disciples de Jésus croyaient eux aussi que Jésus était Dieu. La croyance en la divinité du Christ se retrouve de façon très explicite dans les textes des successeurs des disciples et des premiers apôtres du Christ (fin du Ier siècle jusqu’au milieu du IIe siècle) : ces deuxièmes et troisièmes générations tirent directement leur enseignement de ce que leur ont transmis – y compris à l’oral – les disciples Pierre, Barnabé, Jean ou l’apôtre Paul. Sans être exhaustif, nous nous bornons ici à Ignace d’Antioche (qui a lui-même été le disciple de Jean et Pierre, eux-mêmes disciples de Jésus) et Irénée de Lyon (qui a connu Polycarpe de Smyrne, lui-même enseigné par l’apôtre Jean). Vers l’an 110, Ignace d’Antioche, qui a côtoyé les apôtres Pierre, Jean et Paul de son vivant, commence sa lettre aux Éphésiens de cette façon : «… à celle qui est bénie en grandeur dans la plénitude de Dieu le Père, prédestinée avant les siècles à être en tout temps, pour une gloire qui ne passe pas, inébranlablement unie et élue dans la passion véritable du Christ, par la volonté du Père et de Jésus-Christ notre Dieu, – à l’Église digne d’être appelée bienheureuse, qui est à Éphèse d’Asie, salut en Jésus-Christ et dans une joie irréprochable. » Encore un autre exemple est l’Epitre à Diognète, datant elle aussi du IIe siècle dont voici quelques extraits : « Dieu lui-même, le tout-puissant, le créateur de toutes choses, a fait descendre du ciel sur la Terre la vérité, c’est à dire son Verbe saint et incompréhensible. Il a voulu que le cœur de l’homme fût à jamais sa demeure. Ce n’est donc pas, comme quelques-uns pourraient le croire, un ministre du Très Haut qui nous a été envoyé, un ange, un archange, un des esprits qui veillent sur la conduite du monde, ou qui président au gouvernement des cieux. Celui qui est venu vers nous est l’auteur, le Créateur du monde » (7.2) Dans un autre document composé avant l’an 170, Tatien le Syrien, élève de Justin de Naplouse, déclare dans son Discours aux Hellènes, (chap. XXI) : « Car nous ne délirons pas, ô Hellènes, et ce ne sont pas des sottises que nous prêchons, quand nous annonçons que Dieu a pris la forme humaine. » Saint Irénée de Lyon, élève de Polycarpe de Smyrne, enseigne dans son livre contre les Hérésies, vers l’an 189, au Chap. X : « En effet, l’Église, bien que dispersée dans le monde entier jusqu’aux extrémités de la terre, ayant reçu des apôtres et de leurs disciples la foi en un seul Dieu, Père tout-puissant, « qui a fait le ciel et la terre et la mer et tout ce qu’ils contiennent », et en un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui s’est incarné pour notre salut, et en l’Esprit Saint, qui a proclamé par les prophètes les « économies », la venue, la naissance du sein de la Vierge, la Passion, la résurrection d’entre les morts et l’enlèvement corporel dans les cieux du bien-aimé Christ Jésus notre Seigneur et sa parousie12 du haut des cieux dans la gloire du Père, pour « récapituler toutes choses » et ressusciter toute chair de tout le genre humain, afin que devant le Christ Jésus notre Seigneur, notre Dieu, notre Sauveur et notre Roi, selon le bon plaisir du Père invisible, « tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers et que toute langue » le «confesse» et qu’il rende sur tous un juste jugement, envoyant au feu éternel les « esprits du mal » et les anges prévaricateurs et apostats, ainsi que les hommes impies, injustes, iniques et blasphémateurs, et accordant au contraire la vie, octroyant l’incorruptibilité et procurant la gloire éternelle aux justes, aux saints, à ceux qui auront gardé ses commandements et qui seront demeurés dans son amour, les uns depuis le début, les autres depuis leur conversion — : ayant donc reçu cette prédication et cette foi, ainsi que nous venons de le dire, l’Église, bien que dispersée dans le monde entier, les garde avec soin, comme n’habitant qu’une seule maison, elle y croit d’une manière identique, comme n’ayant qu’une seule âme et qu’un même cœur, et elle les prêche, les enseigne et les transmet d’une voix unanime, comme ne possédant qu’une seule bouche. Comme on le voit, les chrétiens du IIe siècle ne sont pas différents des auteurs du Nouveau Testament ou de l’Église des siècles suivants : eux aussi reconnaissent la divinité de Jésus. Jésus, Fils de Dieu ou Dieu lui-même ? Dans les Évangiles et dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ reçoit souvent le titre de Fils de Dieu. Mais le titre de Fils de Dieu fut souvent mal compris par les adversaires de la foi chrétienne. Par exemple, l’auteur du Coran se scandalisait que les chrétiens puissent associer un fils au Dieu unique et cet auteur pensait que les chrétiens attribuaient le titre de Fils de Dieu dans un sens « polythéiste » du terme, c’est-à-dire charnel, renvoyant aux dieux mythologiques païens qui conçoivent des fils et des filles ou qui sont conçus après des rapports charnels. De même, les Témoins de Jéhovah se servent du titre de « Fils de Dieu » de Jésus pour attaquer la divinité du Christ. Si Jésus est le Fils de Dieu, comment pourrait-il être aussi Dieu lui-même ? Les Témoins de Jéhovah pointent du doigt que le terme de « fils de dieu » est également attribué aux anges et en déduisent que Jésus-Christ est un super-ange. En fait, ces deux compréhensions de l’expression « Fils de Dieu » sont erronées et naissent d’une mauvaise connaissance des écrits de l’Ancien Testament. Dans la Torah, les Psaumes et les écrits des Prophètes, au singulier les termes « Fils de Dieu », « premier-né » et « fils unique » servent généralement à qualifier Israël, c’est-à-dire le peuple que Dieu avait promis comme descendance à Abraham. En fait, « le Fils de Dieu » est celui qui doit obéir à Dieu, le représenter sur terre et accomplir sa volonté. C’était déjà le rôle d’Adam à l’origine, qui a ensuite été transféré à Israël. Exemple en Exode 4 : 23 « Tu diras à Pharaon: Ainsi parle l’Éternel : Israël est mon fils, mon premier-né ». Hélas, Adam puis le peuple d’Israël ont échoué et n’ont pas été de véritables et fidèles « fils de Dieu ». Il était donc nécessaire que Dieu vienne et se fasse homme afin de remplir lui-même l’obéissance et la vie parfaite que Dieu attendait de notre part : « Soyez saints, car je suis saint, moi, l’Éternel, votre Dieu » (Lévitique 19 : 2) Dieu est donc venu se faire homme pour remplir les critères de sa propre justice à notre place (cf. Esaïe 53). Il fallait qu’un homme puisse accomplir parfaitement la volonté de Dieu pour mériter le titre de Fils. Or, depuis Adam et à cause du péché, aucun homme ne pouvait remplir pleinement les exigences que nous devions à Dieu dont la sainteté est infinie car : « Tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul. » (Psaumes 14 : 3) Dieu est donc venu pour être pleinement le « Fils de Dieu, le Premier-né, l’héritier de la promesse » afin que par lui, nous puissions redevenir des enfants de Dieu, les héritiers du Père. Si Jésus est Dieu, pourquoi prie-t-il le Père et pourquoi Jésus n’est-il pas omniscient ? Dans tous les Évangiles, on voit Jésus prier Dieu qu’il appelle son Père. Si Jésus est Dieu, comment expliquer qu’il s’adresse à lui ? De même, si Jésus est Dieu, comment expliquer qu’il n’était pas parfaitement omniscient ? (cf : Matthieu 24 : 36) Comme il a été précédemment expliqué à partir des écrits de la Torah, des Prophètes et des Évangiles, Jésus était le « Fils de Dieu », Celui qui devait accomplir pleinement la volonté de Dieu, mener une vie exemplaire pour refléter parfaitement le caractère de Dieu. L’humanité devait adresser à Dieu l’adoration parfaite et lui vouer une obéissance jusqu’à la mort. Or depuis la désobéissance d’Adam, l’humanité était incapable de cette obéissance et de cette adoration parfaites envers son Créateur. Il a donc fallu que le Fils de Dieu voue à Dieu l’adoration parfaite qu’il méritait et que l’humanité lui devait, que le Fils mène une vie de prière parfaite. Il ne faut pas prendre à la légère les implications de l’incarnation. En Jésus-Christ, Dieu ne s’est pas contenté de prendre une apparence d’être humain. Dieu, à qui rien n’est impossible, s’est fait pleinement homme en Jésus. Jésus a même temporairement mis de côté sa toute puissance et son omniscience pour être pleinement un homme et « jouer le jeu » de la vie humaine sur terre. C’est ce qu’explique très clairement l’apôtre Paul dans la lettre aux Philippiens : « Jésus-Christ, lequel, existant sous la forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. » (Philippiens 2 : 6-8) Jésus a vraiment été un homme, il a grandi « en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2 : 52), il a ressenti la faim, la fatigue et la souffrance afin de partager notre condition terrestre et être le nouvel Adam. Ce qui nous amène au point suivant. Pourquoi fallait-il que Dieu se fasse homme ? En acceptant juste que Dieu soit le créateur des humains et qu’il leur ait confié une loi morale à suivre, il n’est pas totalement irrationnel d’attendre d’un Dieu bon et parfait qu’il vienne lui-même en homme pour montrer lui-même l’exemple parfait à ses créatures dans la réalisation de cette loi. Mais le Dieu vivant et Créateur de toutes choses a fait bien plus que cela. Dieu n’est pas seulement venu en Jésus-Christ pour accomplir la Loi et montrer l’exemple. Christ a livré sa vie en sacrifice pour le péché, justifiant beaucoup d’humains en se chargeant de leurs iniquités. Christ est aussi venu pour fonder et diriger l’Eglise. Il est la pierre angulaire d’un Temple nouveau, un nouvel édifice universel qui est l’Eglise, dont chaque chrétien est une pierre rajoutée. Ce nouveau temple, c’est donc la communauté de tous les chrétiens au-delà du temps et de l’espace et dont le Christ est le chef. A travers Jésus-Christ, c’est donc Dieu lui-même qui fait partie de cette communauté universelle. Dieu avait fait une promesse à l’humanité : d’entre les humains sortirait Celui qui devait vaincre Satan. En effet, en maudissant Satan, Dieu avait prédit la défaite du Malin : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celui-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon (Genèse 3 : 15) ». Aucun homme n’avait la force de vaincre Satan, aussi a-t-il fallu que Dieu se fasse homme pour accomplir cette promesse. Il était absolument nécessaire que Dieu se fasse pleinement homme pour accomplir la mission que Dieu avait donné à l’humanité et que nous ne pouvions pas remplir, infirmes et coupables que nous étions devenus. À cause de son amour immense et pour nous sauver, Dieu est venu se faire homme pour accomplir cette mission qu’il avait confié à l’homme. Il est venu subir à notre place le châtiment que nous méritions et remporter la victoire sur la mort et le mal, cette victoire que nous ne pouvions pas remporter. C’est ce que Dieu avait clairement annoncé par la voix des prophètes : « Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé; et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » (Esaïe 53 : 4-5) « Et ils tourneront les regards vers MOI, Celui qu’ils ont transpercé. Ils pleureront sur lui comme on pleure sur un fils unique, Ils pleureront amèrement sur lui comme on pleure sur un premier-né. » (Zacharie 12 : 10). Dans l’histoire biblique, de nombreux prophètes de Dieu avaient été assassinés par les enfants d’Israël, mais Jésus n’était pas qu’un prophète comme les autres. C’est précisément pour être livré comme victime expiatoire13 sur la croix que Jésus a été envoyé. Il a été sacrifié comme un agneau sans défaut et sans tâche pour justifier et réconcilier avec Dieu ceux qui croient en Christ. Ce n’est pas un ange ou un simple humain que Dieu a envoyé au sacrifice, mais parce que Dieu est amour, c’est Lui-même qui s’est incarné pour vivre au milieu de nous, pour nous montrer la voie et souffrir pour nous et avec nous. C’est uniquement parce que Jésus est Dieu que son sacrifice a été tout puissant pour nous sauver. Parce que Jésus est Dieu, la mort elle-même n’a pas pu le contenir et la mort elle-même a été vaincue. Par amour pour nous qui croyons en Lui, Christ a obtenu pour nous la victoire, il nous a mérité le salut là où nous en étions incapables. Nous vivrons éternellement, lavés de notre impureté, auprès de Celui qui nous a créés. En conclusion Nous voyons ainsi que l’idée de la divinité de Jésus n’est pas une idée apparue tardivement après une longue déviation de la pensée chrétienne. La venue de Dieu en homme était annoncée par les Écritures juives avant même la venue de Jésus, et les Juifs n’avaient aucun intérêt à falsifier leur propre Écriture pour qu’elle annonce une doctrine qui leur est scandaleuse. Les premiers témoins du Christ et les auteurs du Nouveau Testament croyaient de même qu’en Jésus-Christ, le Dieu unique et créateur, qui avait parlé dans le passé, s’était incarné. Cette même idée se retrouve dans les écrits chrétiens du IIe siècle, elle n’a donc rien d’une affabulation ou d’une interprétation tardive. La venue de Dieu en Jésus-Christ est au contraire le couronnement de l’action de Dieu dont la Bible témoigne, et un pas nécessaire à notre salut. Charles Berger, mai 2016 1 Dans l’Ancien Testament, Dieu s’est fait connaître à Israël sous le nom de Yahvé (YHWH). Dieu porte de nombreux noms et titres dans la Bible, mais YHWH est considéré comme son nom personnel, un nom si sacré que les juifs évitent de le prononcer (souvent en le remplaçant par d’autres termes comme Seigneur (Adonaï). 2 La Bible est formée de 66 livres, chacun divisé en chapitres et versets. Nous indiquerons dans cet article les références bibliques en forme courte, par gain de temps et d’espace, sous la forme Livre, chapitre, versets. Les références indiquées peuvent être consultées dans leur contexte dans une Bible imprimée ou sur des sites qui proposent son texte complet, comme http://lire.la-bible.net/. 3 Littéralement, Messie comme Christ signifient « oint », par référence au rite de l’onction d’huile, qui servait dans l’Ancien Testament à marquer une personne comme choisir par Dieu pour un office spécifique, en particulier ceux de prêtre, de prophète et de roi. 4 Bethlehem est en effet le lieu de naissance de Jésus (évangile selon Luc, chapitre 2, versets 6 et 7). 5 1 Corinthiens 1 : 23. 6 Le texte grec de l’évangile selon Marc porte « Seigneur », mais le texte hébreu d’Esaïe a bien YHWH. Marc suit la traduction grecque de l’Ancien Testament, qui utilise « Seigneur » pour traduire YHWH, mais il est clair qu’Esaïe et Marc parlent bien du Dieu qui s’est révélé à Israël. 7 Évangile selon Marc, chapitre 1, verset 7. 8 Évangile selon Marc, chapitre 1, verset 9. 9 Au sujet de Thomas, voir notre article : Peut-on croire en ayant vu? 10 Par exemple dans Jean 4 :42. 11 Par exemple dans Jean 8 :12. 12 Parousie est un terme technique pour parler du retour de Jésus en personne à la fin des temps. 13 Une victime expiatoire est un sacrifice qui subit le châtiment mérité par le pécheur et qui lui permet d’être libéré des conséquences du péché.

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