samedi 4 novembre 2017
Abderahman Moumen L'arrivée des Juifs d'Algérie en métropole et la solidarité israélite
La solidarité israélite en exergue
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Outre les mesures des pouvoirs publics identiques à tous les rapatriés, 110 000 juifs d’Algérie, soit environ 15 % de l’ensemble des rapatriés, ont pu, à leur arrivée en France, compter sur l’appui et le soutien de la communauté juive de France, à l’instar d’ailleurs des autres communautés religieuses avec les Églises catholiques et protestantes et associations affiliées.
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Ils suivent le même mouvement d’installation que l’ensemble des rapatriés avec des concentrations dans la région parisienne, dans le Sud-Est, dans le Sud-Ouest et dans la région Rhône-Alpes. Ils s’installent cependant dans les villes où est déjà présente une forte communauté juive ashkénaze comme à Paris dont le faubourg Montmartre, Lyon, Marseille, Toulouse, Nice… Deux facteurs essentiels expliquent ce phénomène : comme pour l’ensemble des Européens d’Algérie, les juifs constituaient essentiellement des communautés urbaines ; ensuite, pour des raisons religieuses, la pratique du culte israélite ne peut se faire de manière isolée.
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Dès leur arrivée, les juifs rapatriés d’Algérie sont accueillis par leurs coreligionnaires de France qui les orientent et les guident vers les structures adéquates. Le Fonds social juif unifié (FSJU) crée ainsi un service d’accueil à leur intention : le bureau d’information et d’orientation pour les réfugiés et rapatriés d’Afrique du Nord. Ils les soutiennent dans leurs démarches en matière de logement et d’emploi, qui s’ajoutaient à toutes les autres aides spécifiques aux rapatriés d’Algérie.
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Ainsi, avec l’installation de plus d’une centaine de milliers de juifs rapatriés d’Algérie en métropole, une révolution dans le paysage juif de France s’effectue : d’un judaïsme profondément ashkénaze, le judaïsme français est subitement composé d’une majorité de juifs séfarades. Le rite étant différent, les ashkénazes ont dû laisser des synagogues aux séfarades pour pratiquer leur culte. Cependant, la nécessité de construire de nouveaux lieux de culte s’est fait sentir là où la saturation était évidente dans des villes comme Paris ou Marseille. Des sections de l’association des juifs originaires d’Algérie, fondés par les grands rabbins Rahmim Naouri, David Askenazi, Jacques Lazarus, Haïm Cherqui et Ellen Djian se multiplient.
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Pour l’essentiel, les juifs d’Algérie s’insèrent et se fondent assez rapidement autant dans le paysage humain français que dans le tissu économique. Dès 1962, la particularité des juifs d’Algérie se fait ressentir. À la fois partie intégrante de ce « peuple pied-noir », ils conservent une spécificité historique, religieuse et culturelle. Une distinction qui annonce la future dissociation d’une partie de cette population du reste des pieds-noirs comme le remarque Benjamin Stora [20]
[20] Benjamin Stora, op. cit.
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