lundi 15 février 2021

Sur les Protocoles des Sages de Sion, un article (Wikimonde) inspiré des travaux de Jacques Halbronn

Les Protocoles des Sages de Sion Les Protocoles des Sages de Sion Image illustrative de l’article Les Protocoles des Sages de Sion Couverture d'une édition russe de 1912, réalisée par Sergueï Nilus. Auteur Inconnu Pays Drapeau de l'Empire russe Empire russe Genre Propagande, forgerie, imposture Version originale Langue russe Titre Протоколы сионских мудрецов ou Сионские протоколы Date de parution 1903 Les Protocoles des Sages de Sion, en russe : Протоколы сионских мудрецов ou Сионские протоколы, est un texte inventé de toutes pièces par la police secrète du tsar et publié pour la première fois en Russie en 19031,2. Ce faux se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs et les francs-maçons. Traduit en plusieurs langues et diffusé à l'échelle internationale dès sa parution, il devient un best-seller. Le contenu plagie en partie le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly, pamphlet satirique de 1864 qui décrivait un plan fictif de domination mondiale par Napoléon III, pour inventer un programme élaboré par un conseil de sages juifs visant à anéantir la chrétienté et à contrôler le monde. L'ouvrage réunit les comptes-rendus d'une vingtaine de prétendues réunions secrètes exposant ce plan qui utiliserait violences, ruses, guerres, révolutions et s'appuierait sur la modernisation industrielle et le capitalisme. Adolf Hitler y fait référence dans Mein Kampf3 comme argument justifiant à ses yeux la théorie du complot juif et en fait ensuite l'une des pièces maîtresses de la propagande du Troisième Reich4. Cet opuscule joue également un rôle clé dans la théorie du ZOG apparue dans les milieux suprémacistes blancs d'extrême droite aux États-Unis5. Il est devenu aujourd'hui tout à la fois un symbole de l'antisémitisme et de la falsification. Les Protocoles des Sages de Sion Historique Premières publications en russe Traductions en allemand, anglais, français Dénonciation comme un faux Origine du texte Modèles Attribution à Mathieu Golovinski Un manuscrit français introuvable Les premières versions russes Utilisations Dans l'Allemagne nazie En Union soviétique Dans le monde arabo-musulman Premières traductions Usages et références actuels En Afrique Influence des Protocoles dans le temps Influence internationale En droit français Les Protocoles dans la littérature Notes et références Voir aussi Bibliographie Filmographie Articles connexes Liens externes Premières publications en russe Le texte connu actuellement sous le titre Protocoles des Sages de Sion, parfois surtitré Programme juif de conquête du monde, paraît en Russie en deux temps et deux versions : d'abord des extraits en 1903 dans le journal Znamia (Знамя), puis une version complète en 1905 éditée par Serge Nilus et, en 1906, par Gueorgui Boutmi, officier et écrivain nationaliste6. Dès avril 1902, l'existence de ce texte avait été évoquée et fait l'objet d'un article publié dans Novoïé Vrémia7. Il existait donc une version antérieure à 1903, il est probable qu'elle a circulé d'abord sous forme manuscrite ou en impression artisanale. En 1905, Serge Nilus publie le texte intégral des Protocoles au douzième et dernier chapitre de la réédition de son livre, Velikoe v malom i antikhrist (Le Grand dans le Petit : La venue de l'Antéchrist et la règle de Satan sur Terre). Il y affirme que le texte provient du premier congrès sioniste, tenu en 1897 à Bâle en Suisse8. Cette allégation de Nilus, reprise par d'autres promoteurs des Protocoles, est mensongère. Traductions en allemand, anglais, français Première édition anglaise du Jewish Peril - Protocols of the Learned Elders of Zion, Eyre & Spottiswoode Ltd. 1920 Les Protocoles sont traduits en allemand en 1909 et lus en séance au Parlement de Vienne9. Avec la Révolution d'Octobre en 1917 et la fuite de contre-révolutionnaires russes vers l'Europe de l'Ouest, leur diffusion s'élargit10. Ils deviennent internationalement connus lorsqu'ils paraissent en Allemagne en janvier 1920. La notoriété de l'ouvrage s'accroît à la faveur d'un article du quotidien britannique The Times. Dans son édition du 8 mai 1920, un éditorial titré « Le Péril juif, un pamphlet dérangeant. Demande d'enquête » évoque ce « singulier petit livre », et tend à démontrer le caractère authentique du texte11 en insistant sur sa nature de prophétie réalisée. Cet article est publié alors que les Russes blancs sont en train de perdre la guerre civile et que les « durs » du parti conservateur veulent discréditer les nouveaux maîtres du Kremlin en dénonçant une « Pax Hebraica »12. Les thèmes des Protocoles sont repris au cours des années suivantes dans de nombreux ouvrages antisémites (polémistes, savants ou de fiction) publiés à travers l'Europe11,13 Les premières traductions françaises sont publiées en 1920 sous le titre Protocols. Procès-verbaux de réunions secrètes des sages d'Israël, édition de la revue La Vieille-France, Paris VIIe, 143 pages, tiré à 20 000 exemplaires, en 1922 par le prêtre catholique Ernest Jouin dans la Revue internationale des sociétés secrètes sous le titre Les Protocoles de 1901, en 1924 par le journaliste antisémite Urbain Gohier sous le titre Les Protocoles des sages d'Israël14, puis en 1932 sous le titre "Protocols" des sages de Sion. Édition définitive, par les Éditions Bernard Grasset avec une introduction de l'écrivain monarchiste Roger Lambelin. Adolf Hitler y fait référence dans Mein Kampf3 comme argument justifiant à ses yeux la théorie du complot juif et en fait ensuite l'une des pièces maîtresses de la propagande du Troisième Reich4. Aux États-Unis, le constructeur automobile Henry Ford les diffuse à travers son journal The Dearborn Independent. Pour Ford les Protocoles des Sages de Sion sont un ouvrage « trop terriblement vrai pour être une fiction, trop profond dans sa connaissance des rouages secrets de la vie pour être un faux »15,16. Les Protocoles joueront également un rôle clé dans la théorie du ZOG apparue dans les milieux suprémacistes blancs d'extrême droite aux États-Unis17. Dénonciation comme un faux Article dans The Times du 16 août 1921 expliquant au public britannique que Les Protocoles est un faux. Dès leur publication, Les Protocoles sont suspectés d'être un faux : un an après avoir présenté l'opuscule comme véridique, le Times de Londres revient sur le sujet, mais cette fois pour publier la preuve du faux sous le titre La fin des Protocoles. La présence de larges emprunts à Maurice Joly, auteur d'un pamphlet contre Napoléon III intitulé Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, publié à Bruxelles en 1864, vient corroborer le caractère fallacieux des Protocoles. La supercherie est évidente grâce à une comparaison ligne à ligne des deux textes. C'est ce que fait en 1938 le prêtre jésuite Pierre Charles dans son étude critique et comparative18. Le discours de Machiavel dans le Dialogue est transposé ; l'internationale juive y remplace l'empereur des Français. Jacques Bainville, dans l’Action française, reconnaît la falsification vers 192119. Umberto Benigni, grand promoteur des Protocoles, félicitant Ernest Jouin en 1921 pour sa campagne de diffusion du texte, lui confie : « Plus j'étudie la question et plus je me persuade de la non-authenticité formelle et de l'immense valeur réelle de ce document »20. Malgré tout, Les Protocoles des Sages de Sion sont encore mentionnés par des groupes antisémites, voire certains régimes, comme preuve de l'existence d'un complot juif international21,22,23,24,25. Origine du texte Modèles Le Juif errant par Eugène Sue, illustré par P. Gavarni, 1851 Selon Umberto Eco, le Protocole des Sages de Sion et, de façon plus générale, le mythe du complot juif, trouve son origine littéraire dans le roman-feuilleton français du XVIIIe siècle26 : « [le texte des Protocoles] révèle son origine romanesque car il est peu crédible, sauf dans l'œuvre de Sue, que les “méchants” expriment de façon si voyante et si éhontée leurs projets maléfiques […] : “nous avons une ambition sans limites, une cupidité dévorante, nous sommes acharnés à une vengeance impitoyable et brûlante de haine.” » Le modèle du pamphlet de Maurice Joly contre Napoléon III, est le complot jésuite de Monsieur Rodin dans Le Juif errant et Les Mystères du peuple d'Eugène Sue26. Un autre modèle littéraire se trouve dans Joseph Balsamo d'Alexandre Dumas (1849) : Cagliostro y rencontre les Illuminés de Bavière pour ourdir le complot maçonnique de l'affaire du collier de la reine26. En 1868, un auteur de libelles calomnieux ouvertement antisémites, Hermann Goedsche, publie, sous le pseudonyme de sir John Retcliffe, un roman populaire, Biarritz, où il plagie Dumas, en mettant en scène le Grand Rabbin annonçant son plan de conquête du monde aux représentants des douze tribus d'Israël réunis dans le cimetière juif de Prague. En 1873, le roman est repris par un pamphlet russe, Les Juifs, maîtres du monde, présenté comme une vraie chronique26. En 1881, Le Contemporain le publie comme venant d'un diplomate anglais, sir John Readcliff (pseudonyme de Goedsche). En 1896, c'est le Grand Rabbin qui se nomme John Readcliff, dans Les Juifs, nos contemporains de François Bourmand. Le plan jésuite de Sue, mêlé à la réunion maçonnique de Dumas, attribué par Joly à Napoléon III, devient ainsi le complot juif, et sera repris sous diverses formes, avant la publication connue du grand public des Protocolei26. Les dernières années du xixe siècle sont marquées par l'antisémitisme qui culmine en France de façon passionnelle avec l'affaire Dreyfus. En 1889, paraît Le Juif selon le Talmud, traduction du Talmudjude du professeur catholique August Rohling avec une préface du journaliste antisémite Édouard Drumont. Cet ouvrage a une influence considérable. Il prétend prouver que les juifs ont ordre de blesser et de tuer les chrétiens chaque fois que c'est possible, en vue d'assurer leur domination sur le monde. Selon Jacques Halbronn, les Protocoles constituent une tentative d'élaboration d'un Talmud laïc — d'où l'usage du mot de « Sages », qui a une connotation talmudique — permettant d'inclure les juifs non religieux au sein du camp antijuif. Rohling serait donc, au moins indirectement, une source des Protocoles ; son cadre, qu'il faudrait confronter avec le pamphlet de Joly, en constitue le contenu. Attribution à Mathieu Golovinski Depuis les années 1920, la paternité des Protocoles est régulièrement attribuée, par les adversaires du texte, à un agent de l'Okrana : Mathieu Golovinski. Ce dernier aurait rédigé le faux, à Paris, sur ordre du chef de la police secrète tzariste en France: Pierre Ratchkovski. Cette origine, bien que séduisante, semble pour le moins fragile à l'examen de ses sources. La genèse des Protocoles demeure mystérieuse. L'identification de Golovinski en tant que rédacteur des Protocoles est établie en 1917 par l'historien et juriste Serge C Svatikov, ancien menchevik, alors commissaire du gouvernement provisoire russe chargé de démanteler les services secrets tsaristes à l'étranger, notamment à Paris. Il consigne dans son rapport le témoignage du français Henri Blint, supérieur hiérarchique de Golovinksi au sein de l'Okhrana et proche collaborateur de Ratchovski27. En 1921, la princesse Catherine Radziwill donne une conférence privée à New York, dans laquelle elle affirme que les Protocoles étaient un faux établi en 1904-1905 par les journalistes russes Mathieu Golovinski et Manasevich-Manuilov, sous la direction de Pierre Ratchkovski, chef des services secrets russes à Paris28. Cette théorie se retrouve présentée lors du procès de Berne de 1933-1935, ouvert à la suite de la plainte de la Schweizerischer Israelitischer Gemeindebund et de l'Israelitische Kultusgemeinde Bern, contre le Bund Nationalsozialistischer Eidgenossendans distributeurs suisses des Protocoles. Les plaignants et leurs témoins y déclarent que les Protocoles ont été intialement écrits en France à la fin des années 1890 par des agents de la police secrète russe, puis traduits en russe. Selon leur version, les principaux auteurs étaient le commandant de la police, Pierre Ratchkovski, et son collaborateur Mathieu Golovinski29. Ces accusations à l'encontre de Ratchkovski se retrouvent en 1939 sous la plume d'Henri Rollin, membre du deuxième bureau français, dans L'Apocalypse de notre temps (réédité aux Éditions Allia en 2005) qui entend montrer le processus de création puis d'utilisation de ce texte par les courants d'abord pro-tsaristes, puis fascistes et nazis30. En 1944, c'est au tour de l'écrivain allemand Konrad Heiden d'identifier Golovinski en tant qu'auteur des Protocoles31. Cette théorie d'une rédaction par Mathieu Golovinski sous les ordres de Ratchkovski a été relancée, en novembre 1999, par l'éditeur russe Mihkail Lepekhine, qui affirma, dans l'hebdomadaire français L'Express, avoir trouvé les preuves de ces allégations32. Lepekhine considère les Protocoles comme faisant partie d'un stratagème visant à convaincre le tsar Nicolas II que la modernisation de la Russie était une manœuvre juive visant à abattre la Russie par un complot juif et à contrôler le monde. Le rôle attribué à Golovinski dans la rédaction des Protocoles fut contesté par les historiens Michael Hagemeister, Richard S. Levy et Cesare De Michelis, face à l'absence de source rendant le récit historiquement invérifiable33,34,8,35,36. En 2009, Pierre-André Taguieff, qui avait soutenu l'« hypothèse Golovinski»37 est lui-même revenu sur ses affirmations dans l'hebdomadaire Marianne27. Un manuscrit français introuvable Protocoles des Sages d'Israël , traduit par Sergueï Nilus, édité par Urbain Gohier, réédition de la Vieille France à Paris, 1924 Le chercheur italien, Cesare G. De Michelis étudie, dans son livre Il manoscritto inesistente «I Protocolli dei savi di Sion: un apocrifo del XX secolo» de 1998, les premières publications des Protocoles. Ces derniers sont mentionnés pour la première fois dans la presse russe en avril 1902 par le journal de Saint-Pétersbourg Novovye Vremya (Но́вое вре́мя - Le Nouveau Temps). Dans un article intitulé « Des complots contre l'humanité », le publiciste conservateur Mihkail Menshikov décrit sa rencontre avec une dame - Yulianna Glinka - qui l'aurait imploré de se familiariser avec un mystérieux document, volé par un journaliste français à Nice. Après avoir lu des extraits de cette matrice probable des futurs Protocoles, Menchikov, sceptique quant à leur origine, ne les a finalement pas publiés. Si De Michelis révèle une possible origine ukrainienne du faux, comme en témoigneraient certains ukrainismes dans le texte, la question de l'existence d'un prétendu manuscrit original en langue française de la fin du XIXe siècle demeure hypothétique. De Michelis montre que cet "original français" est un document extrêmement mystérieux, dont l'existence est supposée par presque tout le monde, mais que très peu de témoins de l'époque affirment en définitive avoir réellement vu. Les importantes recherches de Michael Hagemeister sur les origines des Protocoles l'ont également amené à douter de l'origine française du document et à rejeter l'implication de la police secrète russe dans la création du faux. Il met notamment en lumière le fait que le principal témoin à charge lors du procès de Berne, le comte Armand Alexandre De Blanquet du Chayla avait exigé une grosse somme d'argent pour son témoignage et que les plaignants eux-mêmes le considéraient comme hautement suspect38. Ces recherches historiques appuient l'analyse textuelle de Cesare G. De Michelis. Les travaux d'Hagemeister ont été salués par le monde académique, Richard S. Levy allant jusqu'à qualifier l'universitaire d'« autorité suprême en la matière »34. Les premières versions russes Édition russe par Sergueï Nilus de 1905 Cesare G. De Michelis a identifié pour la période 1902-1906 neuf impressions de cinq éditions distinctes des Protocoles qui peuvent se réduire en réalité à trois textes39. K : l'original ; un travail apparemment en cours. X : deuxième rédaction. Y : troisième rédaction. La liste complète des premières impressions et éditions d'après les recherches de Cesare G. De Michelis est la suivante: Q: source hypothétique proposée par De Michelis, fournissant la base de K et Y. M: Mikhail Osipovich Menshikov (1902) - Première référence textuelle aux Protocoles, dans un article de journal d'extrême droite qui affirme qu'ils ont été volés par un « journaliste français » à Nice et en cite un extrait. K: Krusevan, P. (1903) - De Michelis démontre qu'il s'agit de la version la plus ancienne du texte, publiée dans un périodique de qualité médiocre. Disparue des archives historiques jusqu'au procès de Berne de 1934, le texte n'a jamais été traduit. Sans titre, il se découpe en 22 chapitres non numérotés, et présente de nombreux ukrainismes. L: Hippolytus Lutostansky (1904) - Citation directe de K; sans révision du texte, mais avec des indications chronologiques utiles. Z: rédaction hypothétique après K, mais avant X ou Y. X: 27 Protocoles issus de Z. A1: Anonyme (1905) - Publié anonymement par un éditeur gouvernemental russe blanc et fondé sur K. B: Butmi (1906a) - Ressemble à A1, mais contaminé par croisement avec Y. Y: 24 Protocoles, réédités, mais qui ne dérivent pas directement de Z -- impliquant l'existence d'un manuscrit Q. A2 : Anonyme (1905) - Ressemble à A1, mais avec du matériau nouveau. N : Nilus (1905) - Réédition importante, utilisant apparemment A2 comme base, mais introduisant une grande quantité d'éléments empruntés à Maurice Joly. Base de la plupart des traductions. I: Anonymous [1917] / [1996] - Un abrégé concis de N. attribue le texte à Theodor Herzl. B3 : Butmi (1906a) - Butmi révise son propre texte pour y inclure des éléments de Y. D: Demcenko (1906) R: Document beaucoup plus court, partageant ses sources avec K et X, mais non pas avec Y. R1: G. Skalon; Date d'origine inconnue [1996] - Publié en 1996 par Yuri Begunov, qui a démontré par le truchement de la philologie l'existence de la branche R, affirmant qu'elle date du XIXe siècle et qu'elle révélait une origine "juive". R2 : N. Mordvinov (1905) - Abrégé utilisant des sources similaires à R1. R3 : Anonyme (1906) - Fermez copie de R2. R4 : Anonyme (1906) - Copie de R2 avec des éléments supplémentaires. Utilisations Le Serpent symbolique du troisième protocole, dessin paru en France, environ 1920. Au terme d'une de ses études sur les Protocoles, Pierre-André Taguieff propose cinq fonctions qu'ils peuvent remplir dans l'imaginaire — et dans la réalité, puisque la mise au jour d'un complot (n'existant que dans l'esprit de ses découvreurs) est souvent suivie de l'organisation bien réelle d'un contre-complot : identifier les forces occultes à l'origine du prétendu complot — et confirmer qu'elles sont impitoyables ; lutter contre ces forces en révélant les secrets qui les rendent puissantes ; justifier la contre-attaque contre l'ennemi désormais identifié ; mobiliser les foules (et/ou les autorités) en faveur de la cause opposée au complot ; recréer un monde enchanté40. Les Protocoles remplissent ces fonctions depuis leur diffusion dans les années 1920. Leur utilisation sans cesse réactualisée montre la recherche permanente d'explications prétendument rationnelles à la marche du monde41 : les Protocoles ont servi aux politiques antisémites, antisionistes, antiaméricaines ou antimondialistes. Dans l'Allemagne nazie Couverture d'une édition polonaise. Dans Mein Kampf, Adolf Hitler écrit4,3 : « Les Protocoles des sages de Sion, que les Juifs renient officiellement avec une telle violence, ont montré d'une façon incomparable combien toute l'existence de ce peuple repose sur un mensonge permanent. « Ce sont des faux », répète en gémissant la Gazette de Francfort et elle cherche à en persuader l'univers ; c'est là la meilleure preuve qu'ils sont authentiques. Ils exposent clairement et en connaissance de cause ce que beaucoup de Juifs peuvent exécuter inconsciemment. C'est là l'important42. » Pendant de nombreuses années, Joseph Goebbels n'utilise pas les Protocoles dans la propagande antisémite qu'il dirige. Ce n'est qu'après une lecture du texte et une discussion du 13 mai 1943 avec Hitler qu'il pense pouvoir les utiliser. Dans la recension qu'il fait de la discussion, Goebbels se dit « stupéfait » à la fois par la modernité du texte et par la rigueur dans l'exposition du projet juif de domination mondiale43. En Union soviétique Dans l'Union soviétique de Staline, dans les années 1933-1935, les journaux soviétiques gardent un silence total sur l'arrêt du procès de Berne, qui a conclu à la fausseté des Protocoles. Pourtant les Izvestia dépêchent sur place Ilya Ehrenbourg. Celui-ci est chargé de suivre les développements du nazisme et de l'antisémitisme, questions spécialement débattues alors à la Société des Nations. L'article d'Ehrenbourg, dûment écrit et transmis, n'est jamais paru44. Dans le monde arabo-musulman Premières traductions Il existe au moins neuf traductions différentes en arabe du Protocoles des Sages de Sion, c'est-à-dire plus que dans n'importe quelle autre langue45. La première traduction des Protocoles des Sages de Sion en arabe (à partir d'une version française) est publiée au Caire en 1925 puis à Jérusalem en 1926. Selon Gilbert Achcar, ils n'ont « néanmoins connu qu'une diffusion marginale dans les pays arabes avant 1948 » ; il souligne qu'elle a été le fait de chrétiens et non de musulmans46. Muhammad Rashid Rida, que Gilbert Achcar décrit comme « le père spirituel de l'intégrisme islamique arabe moderne47 » s'en inspire dans un texte qui fait suite aux émeutes de 1929 en Palestine mandataire : son « argumentation anti-juive […] y puis à toutes les sources, combinant des arguments conformes à la tradition musulmane la plus hostile aux juifs »48. Une traduction de 1951 est diffusée dans le monde musulman après « l'intense exacerbation du conflit palestinien de 1948 » et de la Nakba (« catastrophe », exode palestinien de 1948)46. En 1967, les Presses islamiques de Beyrouth publient la version française de Roger Lambelin sous le titre Protocoles des Sages de Sion : texte complet conforme à l'original adopté par le congrès sioniste réuni à Bâle (Suisse) en 189749. Pour Achcar, les « insanités que contient ce pamphlet ont connu une diffusion beaucoup plus vaste que le pamphlet lui-même » et elles ont largement contribué à la « diffusion de l'antisémitisme dans le monde arabe46 ». Il insiste sur les différences de motivation des propagandistes des Protocoles en Europe, qui n'avaient que des desseins antisémites, et celle de leurs diffuseurs dans le monde arabe qui cherchaient à « excuser la défaite infamante […] des États arabes devant le mouvement sioniste et à expliquer pourquoi ce dernier avait pu gagner le soutien de l'ensemble des puissances du camp victorieux de la Seconde Guerre mondiale50 ». Des personnalités arabes font référence aux Protocoles dans des rencontres officielles ou dans des écrits : Par exemple, en 1929, à la suite de sa comparution devant la Commission Shaw chargée d'étudier les causes des émeutes de 1929 en Palestine mandataire, le mufti de Jérusalem Mohammed Amin al-Husseini se réfère aux Protocoles pour démontrer que les sionistes ont attaqué les Arabes51. Tom Segev rapporte le cas d'un notable palestinien qui, bien que conscient du discrédit qui pèse sur les Protocoles, ne peut expliquer la défaite arabe dans la guerre de 1948 sans une collusion entre le sionisme et le communisme, dans le cadre d'un plan visant à la domination du monde52. En septembre 1958, le président égyptien Gamal Abdel Nasser demande à un journaliste, lors d'un entretien, s'il connaît les Protocoles et lui en conseille la lecture, car ils démontreraient que « 300 sionistes, dont chacun connaît tous les autres, gouvernent le destin du continent européen et élisent leurs successeurs parmi leur entourage53. » Cette littérature participe de la propagande antisémite diffusée internationalement par les pays arabes et s'est répandue dans d'autres pays musulmans comme le Pakistan, la Malaisie ou l'Indonésie45. Usages et références actuels La charte du Hamas fait référence aux Protocoles et à d'autres poncifs antisémites54,55. L'article 32 y indique que « le plan sioniste […], après la Palestine […] ambitionne[] de s'étendre du Nil à l'Euphrate […] dans « Les Protocoles des Sages de Sion » »56,57. Gilbert Achcar rapporte cependant que la charte serait en cours d'amendement, se référant à Azzam Tamimi, un proche du Hamas qui, « sensible au dommage causé à l'image du mouvement palestinien [par l'antisémitisme de la charte] » a déclaré dans The Jerusalem Post en février 2006 que : « Toutes ces absurdités sur Les Protocoles des Sages de Sion et les théories du complot – toutes ces bêtises – seront éliminées » dans la version amendée58. En Arabie saoudite, il est enseigné que Les Protocoles est un « document authentique » « approuvé lors du premier Congrès mondial du sionisme à Bâle » et même si les Juifs le nient, la preuve en est donnée par les changements géo-politiques, économiques et médiatiques qu'a connus le siècle passé, qui correspondent à ce qui est indiqué dans cet ouvrage59,60,61,62. En 2003, la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie inaugure son musée de manuscrits où figure une traduction en arabe des Protocoles à côté de manuscrits de la Torah. Le directeur le justifie en déclarant : « Il se peut que le livre des Protocoles des Sages de Sion soit plus important pour les juifs que la Torah, puisqu'ils gèrent leur vie selon ses principes63. » Le propos des Protocoles est également popularisé dans le monde arabe par divers feuilletons télévisés : Un feuilleton télévisé égyptien, repris par de nombreuses télévisions arabes, Le cavalier sans monture, évoque de façon centrale dans l'intrigue, les Protocoles des Sages de Sion présentés comme un écrit tenu secret par des Juifs, mais supposé authentique64. Le feuilleton (en) Ash-Shatat ( الشتات , Diaspora), diffusé par Al-Manar, la télévision du Hezbollah, dépeint les Juifs se livrant à un complot visant à dominer le monde et reproduit les traditionnelles accusations de « crime rituel » perpétré sur des enfants chrétiens, afin d'utiliser leur sang pour fabriquer des matzot cashères65,66. Produit en Syrie sur des crédits du ministère de la sécurité, du ministère de la culture, du commandement de la police de Damas et du Département des antiquités et des musées65, ce programme a été diffusé à la télévision libanaise Al-Manar, en Iran en 2004 et en Jordanie en 2005, sur le réseau satellite Al-Mamnou67. Al-Manar a suspendu la diffusion de la série après avoir constaté l'antisémitisme des premiers épisodes et présenté ses excuses à ses téléspectateurs68. Une série télévisée Al-Sameri wa Al-Saher, sur Al-Alam Télévision, la télévision iranienne, qui comprend non seulement une dénonciation du supposé pouvoir des Juifs sur le monde, mais un négationnisme ouvertement exprimé à l'égard des crimes commis envers les Juifs. En Afrique Dans le documentaire Général Idi Amin Dada : Autoportrait du réalisateur suisse Barbet Schroeder sorti en 1974, le dictateur ougandais Idi Amin Dada fait allusion au livre et présente les Protocoles des Sages de Sion en sa possession pour prétendre à l’existence d'un complot juif mondial. Influence des Protocoles dans le temps Influence internationale Article du magazine fasciste italien « La difesa della razza » illustrant la théorie du complot relative au Protocolli dei Savi di Sion, 5 avril 1940. Plusieurs auteurs, dont Pierre-André Taguieff et Catherine Nicault, ont mis en évidence les multiples utilisations des Protocoles à travers le temps : dénonciation de prétendus complots judéo-bolchéviques ou judéo-capitalistes, propagande fasciste ou nazie69. Alain Goldschläger écrit en 1989 que cet ouvrage est un faux « avéré, dont les conséquences sont des actes de haine et de destruction »70. Les complotistes s'appuient sur les Protocoles pour étayer leur propagande. Le britannique David Icke se défendant d'antisémitisme déclare que les Protocoles des Sages de Sion, qui inspirent certains de ses ouvrages, témoignent non d'un complot juif, mais d'un « complot reptilien »71. Alice Walker, militante anti-raciste et prix Pulitzer, devenue New Age, dit en 2018 apprécier la « liberté d'esprit » d'Icke, un homme « assez courageux pour poser les questions que d'autres craignent de poser »72,73,74. En 1991, le théoricien du complot Milton William Cooper republie Les Protocoles dans son ouvrage intitulé Behold a Pale Horse, où il accuse les Illuminati (souvent assimilés aux Juifs) et non les Juifs de vouloir établir un « Nouvel ordre mondial »75. En 2011, le conspirationniste chrétien New Age et antisémite Texe Marrs publie une édition des Protocoles avec des notes additionnelles par l'hitlérien américain Henry Ford76. Le texte est encore diffusé, en particulier dans les milieux antisémites et/ou antisioniste et dans le monde arabo-musulman77,78. En droit français Article détaillé : Liste de livres censurés en France#Contestations contentieuses de l'article 14 ou des interdictions. Les Protocoles ont été interdits de diffusion en France pendant une vingtaine d’années, à la suite de l’arrêté du 25 mai 1990 du ministre de l’Intérieur français Pierre Joxe, « considérant que la mise en circulation en France de cet ouvrage est de nature à causer des dangers pour l’ordre public en raison de son caractère antisémite79. » Cette interdiction n'est plus en vigueur80 : la diffusion des Protocoles des Sages de Sion est légale en France. Leur dernière parution est celle de 2010, éditée et présentée par Philippe Randa81, éditeur et militant politique d’extrême droite82. Le texte intégral est disponible en ligne (voir Liens externes ci-dessous). Les Protocoles dans la littérature La rédaction des Protocoles des Sages de Sion constitue l'ossature du roman d'Umberto Eco, Le Cimetière de Prague (2010). Le Complot. L'histoire secrète des Protocoles des Sages de Sion de Will Eisner (1917-2005), auteur américain de bande dessinée. Ce livre a inspiré l'industriel antisémite américain Henry Ford pour son ouvrage Le Juif international (1920). Notes et références Le nom de Sion est souvent pris comme symbole de Jérusalem Le titre varie en fonction des éditions en langue française, certaines sont intitulées Protocoles des Sages de Sion, sans l'article Les Adolf Hitler, Mein Kampf, p. 160 [lire en ligne]. (en) Norman Cohn, Warrant for Genocide : The Myth of the Jewish World-Conspiracy and the Protocols of the Elder of Zion, New York, Harper & Row Publishers, 1966, p. 32–36. (en) « The Protocols of the Elders of Zion on the Contemporary American Scene », dans Richard Allen Landes (dir.), Steven T. Katz (dir.), The Paranoid Apocalypse: A Hundred-Year Retrospective on the Protocols of the Elders of Zion, NYU Press, 2012, 264 p. (ISBN 978-0814748923), p. 181. Pour la généalogie et les différences entre versions, voir De Michelis 1997. Jacques Halbronn, « Le texte prophétique en France. Formation et fortune », thèse d'État, université Paris X, 1999. (en) Cesare G. De Michelis, The Non-Existent Manuscript : a Study of the Protocols of the Sages of Zion, University Of Nebraska Press, 2004, 419 p. (ISBN 978-0-8032-1727-0, lire en ligne). Halbronn 2002b. Taguieff 2006, p. 120-121. Taguieff 2006, p. 123. Léon Poliakov, De Moscou à Beyrouth. Essai sur la désinformation, Paris, Calmann-Lévy, 1983, 194 p. (ISBN 2-7021-1240-4), p. 27. Poliakov 1983, p. 27. Édition de la Vieille France. (en) Henry Ford, The International Jew. (en) « The Protocols of the Elders of Zion on the Contemporary American Scene: Historical Artifact or Current Threat? », dans Richard Allen Landes et Steven T. Katz, The Paranoid Apocalypse: A Hundred-year Retrospective on the Protocols of the Elders of Zion, NYU Press, 2012, p. 172-176. (en) « The Protocols of the Elders of Zion on the Contemporary American Scene: Historical Artifact or Current Threat? », dans Richard Allen Landes et Steven T. Katz, The Paranoid Apocalypse: A Hundred-year Retrospective on the Protocols of the Elders of Zion, NYU Press, 2012, p. 181. Pierre Charles, « Les Protocoles des sages de Sion », Nouvelle Revue théologique, vol. 65,‎ 1938, p. 56-78, 966-969, 1083-1084. Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion : Faux et usages d'un faux, Paris, Fayard, 2004. (Taguieff ne donne pas la date mais il semble d'après le contexte que ce soit dès 1921). Bibliothèque nationale de France, mss, FM7, 17, RISS, lettre de Benigni à Jouin du 9 février 1921. Tristan Mendès France et Michaël Prazan, Une tradition de la haine : Figures autour de l'extrême-droite, Paris-Méditerranée, 1998, 153 p. (ISBN 978-2-84272-054-4), p. 14. Jérôme Jamin, L'imaginaire du complot : discours d'extrême droite en France et aux Etats-Unis, Amsterdam, Amsterdam University Press, coll. « IMISCOE dissertations », 2009, 342 p. (ISBN 978-90-8964-048-2, lire en ligne), p. 60 « Reconnus comme un faux, les Protocoles des Sages de Sion ont donc malgré tout réussi à s'imposer au fil des années » Anne-Marie Duranton-Crabol, L'Europe de l'extrême droite : de 1945 à nos jours, vol. 43, Editions Complexe, coll. « Questions au XXe siècle : Identités politiques européennes », 1991, 221 p. (ISBN 978-2-87027-404-0, lire en ligne), p. 42 « En Italie, la brochure publicitaire des éditions Europa tenues par la tendance Ordre Nouveau, circulait lors des congrès du MSI en 1970 et 1973 ; y figuraient la traduction de Mein Kampf, le texte des Protocoles des Sages de Sion […]. » Dominique Albertini et David Doucet, La Fachosphère : Comment l'extrême droite remporte la bataille d'Internet, Flammarion, 2016, 318 p. (ISBN 978-2-08-135491-3, lire en ligne) « Le visionnage de ces vidéos postées sur Youtube révèle ainsi un discours syncrétique, empruntant à toutes les traditions de l'antisémitisme : la vieille tendance « de gauche » qui identifie les juifs au système capitaliste ; une lecture complotiste plus ancienne encore, culminant autour des célèbres faux Protocoles des Sages de Sion ; […]. » France Culture, « Mécanique du complotisme. Les Protocoles des Sages de Sion, le complot centenaire (1/3) : les faussaires du Tsar », sur www.franceculture.fr Umberto Eco, De la Littérature, Grasset, 2003, p. 367-370. Pierre-André Taguieff, « Qui a fabriqué des textes antijuifs ? », Marianne,‎ numéro du 19 décembre 2009 au 1er janvier 2010. (en) « PRINCESS RADZIWILL QUIZZED AT LECTURE », New-York Times,‎ 4 mars 1921(lire en ligne). (en) Richard S. Levy, Setting the Record Straight Regarding The Protocols of the Elders of Zion : A Fool's Errand, Nexus 2 — Essays in German Jewish Studies, 2014, 200 p. (ISBN 978-1-57113-563-6, lire en ligne), p. 43-61. Henri Rollin, L'Apocalypse de notre temps : les dessous de la propagande allemande d'après des documents inédits, Paris, Allia, 1991, 742 p. (ISBN 2-904235-32-9), p. 517-522. (en) Konrad Heiden, Der Fuehrer : Hitler's Rise to Power, Boston, Houghton Mifflin Company, 1944, p. 1-18. Éric Conan, « Les secrets d'une manipulation antisémite », L'Express,‎ 16 novembre 1999. (en) Michael Hagemeister, « The Protocols of the Elders of Zion: Between History and Fiction », New German Critique, vol. 35, no 1,‎ printemps 2008, p. 83-95 (lire en ligne). (en) Richard S. Levy, « Setting the Record Straight Regarding The Protocols of the Elders of Zion: A Fool's Errand? », Nexus: Essays in German Jewish Studies, Boydell & Brewer, Camden House, vol. 2,‎ 2014, p. 45. Urs Hafner, « Complot et contre-complot », Horizons, Fonds national Suisse,‎ juin 2018, p. 22-24. 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Bernard Lewis, Semites and anti-Semites : an inquiry into conflict and prejudice, New York : Norton, 1986(lire en ligne) Achcar 2009, p. 183-184. Achcar 2009, p. 179. Achcar 2009, p. 185. Taguieff 2006, p. 143. Achcar 2009, p. 320. Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, éditions Complexes, 1999, p. 134. (en) Tom Segev, One Palestine. Complete, Holt Paperbacks, 1999, p. 508-511. Selon Achcar 2009, p. 313-323, cette référence aux Protocoles marque plus un manque de culture que du racisme. Il resitue les mesures antijuives prises par Nasser dans le contexte du conflit israélo-arabe. Citation p. 319. Achcar 2009, p. 374. (en-GB) David Aaronovitch, « The new anti-Semitism », The Guardian,‎ 22 juin 2003(ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le 11 janvier 2020) Traduction française de la Charte du Mouvement de la Résistance Islamique - Palestine (Hamâs) publiée dans Jean-François Legrain, Les Voix du soulèvement palestinien 1987-1988, Le Caire, Centre d'Études et de Documentation Économique, Juridique et Sociale (CEDEJ), 1991. (en)Michael P. Arena, Bruce A. Arrigo, The Terrorist Identity: Explaining the Terrorist Threat, NYU Press, 2006, (ISBN 0-8147-0716-5), pp. 133–134. Achcar 2009, p. 374-380. 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(ISBN 978-0-307-45666-3, lire en ligne) « Power of Prophecy: Protocols of the Learned Elders of Zion » (version du 30 mai 2011 sur l'Internet Archive), sur www.texemarrs.com, 30 mai 2011 Alexandre Sulzer, « Islamisme radical et complotisme, une histoire d'amour », L'Express,‎ 7 janvier 2016(lire en ligne). « Il était une fois, le solide succès des théories du complot », sur La Libre Belgique (consulté le 15 février 2018). Arrêté du 25 mai 1990 interdisant la circulation, la distribution et la mise en vente d’un ouvrage. NOR: INTD9000211A (JORF n°121 du 26 mai 1990), voir en ligne. L'arrêté n’est plus en vigueur puisqu’il se basait sur l’article 14 de la Loi du 29 juillet 1881 relatif au contrôle de la presse étrangère, lequel article, après avoir été modifié à plusieurs reprises, notamment par le décret-loi du 6 mai 1939, fut définitivement abrogé à la suite de l'avis n° 380.902 du Conseil d’État rendu le 10 janvier 2008. (Voir le résumé des modifications concernant l’article 14 de la Loi du 29 juillet 1881.). Cet avis faisait suite à la décision n° 243634 du Conseil d’État en date du 7 février 2003, selon laquelle le décret-loi du 6 mai 1939, qui modifiait l'article 14 de la Loi du 29 juillet 1881, était abrogé par l'article 1er du décret no 2004-1044 du 4 octobre 2004 (Décret no 2004-1044 du 4 octobre 2004 portant abrogation du décret-loi du 6 mai 1939 relatif au contrôle de la presse étrangère. NOR: INTD0400141D. le texte). Philippe Randa (dir.), Protocoles des Sages de Sion. Un paradoxe politique, théorique et pratique, Paris, Déterna, 2010. « […] La majorité des livres diffusant les thèses d'extrême droite sont édités chez Dualpha. Son patron, Philippe Randa, est lui-même un ancien activiste de l'extrême droite musclée. Il assure la diffusion de ses propres livres et des auteurs qu'il édite (notamment la réédition d'ouvrages doctrinaux d'idéologues nazis comme Joseph Goebbels et Alfred Rosenberg, un théoricien du IIIe Reich) », Martine Vandemeulebroucke, « L'extrême droite en un clic », Le Soir, mardi 8 janvier 2008. Voir aussi Bibliographie Henri Rollin, L'Apocalypse de notre temps, Allia, 1991 (1re éd. 1939). Norman Cohn (trad. Léon Poliakov), Histoire d'un mythe : la « conspiration » juive et les protocoles des sages de Sion [« Warrant for genocide »], Gallimard, coll. « La Suite des temps », 1967, 300 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne]. Réédition : Norman Cohn (trad. de l'anglais par Léon Poliakov), Histoire d'un mythe : la « conspiration » juive et les protocoles des sages de Sion [« Warrant for genocide »], Paris, Gallimard, coll. « Folio / Histoire » (no 44), 1992, 302 p., poche (ISBN 2-07-032692-6). Léon Poliakov, Histoire de l'antisémitisme (de Voltaire à Wagner), Paris, Calmann-Lévy, 1968. Léon Poliakov, La Causalité diabolique, Paris, Calmann-Lévy, 1980. Renée Neher-Bernheim, Le Best-seller actuel de la littérature antisémite : les « Protocoles des Sages de Sion », Pardès, 1988. Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, Paris, Berg International, 1992 : Tome I : Un Faux et ses usages dans le siècle, 408 p. (2e édition revue et augmentée, Fayard, 2004 (ISBN 2-213-62148-9)) ; Tome II : Études et documents, 816 p. (ISBN 2-911289-57-9). Pierre-André Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial. Aspects d'un mythe moderne, Paris, Mille et une nuits, coll. « Les Petits Libres », 2006, 213 p. (ISBN 2-84205-980-8). Pierre-André Taguieff, « Hitler, les Protocoles des Sages de Sion et Mein Kampf », Revue d'histoire de la Shoah, Paris, Mémorial de la Shoah, no 208 « Les racines intellectuelles de Mein Kampf »,‎ mars 2018, p. 239-273. Catherine Nicault, « Le procès des Protocoles des Sages de Sion : une tentative de riposte juive à l'antisémitisme dans les années 1930 », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, Paris, Presses de Sciences Po, no 53,‎ janvier-mars 1997, p. 68-84 (lire en ligne). Cesare G. De Michelis, « Les Protocoles des sages de Sion : philologie et histoire », Cahiers du monde russe, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, vol. 38, no 3,‎ juillet-septembre 1997, p. 263-305 (lire en ligne). Will Eisner (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, préf. Umberto Eco), Le Complot : l'histoire secrète des Protocoles des Sages de Sion [« The Plot : the Secret Story of the Protocols of the Elders of Zion »], Paris, Grasset, 2005, 143 p. (ISBN 2-246-68601-6, présentation en ligne). — bande dessinée. Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009. Jeffrey Herf (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), L'ennemi juif : la propagande nazie, 1939-1945 [« The Jewish Ennemy : Nazi Propaganda during World War II and the Holocaust »], Paris, Calmann-Lévy, coll. « Mémorial de la Shoah : histoire », 2011, 349 p. (ISBN 978-2-7021-4220-2). (en) Philip Graves, « The Truth about the Protocols: A Literary Forgery », The Times of London,‎ 16-18 8 1921(lire en ligne). (en) Richard Landes (dir.) et Steven T. Katz (dir.), The Paranoid Apocalypse : A Hundred-Year Retrospective on The Protocols of the Elders of Zion, New York University Press, coll. « Elie Wiesel Center for Judaic Studies Series », 2012, 264 p., présentation en ligne. Filmographie Marc Levin a tourné un documentaire Les Protocoles de la rumeur sur l'usage du Protocoles des Sages de Sion dans l'antisémitisme moderne. La vérité est ailleurs ou la véritable histoire des Protocoles des Sages de Sion, documentaire de Barbara Necek, prod. Doc en Stock. Diffusé le 6 mai 2008 sur Arte. Articles connexes The Secret Relationship Between Blacks and Jews : pseudo étude historique qui promeut l'idée que les Juifs sont les principaux instigateurs de la traite des noirs. Prophétie de Franklin et Le Talmud démasqué : autres faux aux intentions antisémites. Liens externes Texte intégral des Protocoles des Sages de Sion, sur Wikisource « Les Protocoles des Sages de Sion, ou la fulgurante trajectoire d'un faux » (Analyse du texte et utilisation politique) Études en français, liens & bibliographie sur les Protocoles, sur le site PHDN (en) [1] et [2]. Analyse sur le site du Centre Simon Wiesenthal, qui est spécialisé dans la constitution des archives du nazisme et dans la dénonciation de ses prolongements divers, comprenant le recours aux Protocoles « Tout sur le Protocole des Sages de Sion » (Nombreux liens)

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dimanche 7 février 2021

jacques halbronn Recherches théologiques : Jésus, les Juifs et la Trinité

Recherches théologiques. Jésus, les Juifs et la Trinité par Jacques Halbronn, Docteur es Lettres Quand quelqu’un décéde, la question qui est souvent posée est la suivante: s’agit il d’une mort naturelle, d’un accident, d’un suicide, d’un meurtre, d’un assassinat,d’un duel, d’une guerre?Un tel questionnement comporte une dimension théologique généralement insoupçonnée. On notera d’ailleurs que les romans policiers – et l’on pense entre autres à ceux d’Agatha Christie et de son personnage Hercule Poirot - ne cessent de mettre en scène une telle problématique. C’est dire que le lecteur ou le spectateur – puisque tant de (télé) films tournent autour du détective belge-se voit couramment confronté à cette alternative: un fait de nature ou bien s’agit-il d’ une interférence avec la dite nature et qui est punie par la loi voire d’un miracle. On voit ici s’opposer ou se compléter la Création à la Création dans la Création, ce qui correspond selon nous, dans la Trinité Chrétienne au binôme du Père et du Fils. Ce que nous appelons création dans la création renvoie au Fils, créateur en second. Mais où se situe Jésus dans un tel dispositif? Il se situerait plutôt selon nous au niveau du troisième personnage de la Trinité car il n’est point Créateur d’un monde supérieur ou inférieur. Quel est donc ce « Tertius Interveniens »? Est-ce une personne ayant vécu à une certaine époque ou est-ce un peuple, une « Eglise » à l’échelle de l’Histoire ? Il est clair pour nous que ce troisième personnage, c’est une certaine Humanité. On retrouve peu ou prou un tel schéma avec l’histoire des Trois Patriarches ; Abraham est le père (Av , Abba, le père), Isaac est le fils et Jacob aura 12 fils, d’où sortiront les 12 tribus. On passe ainsi de la verticalité à l’horizontalité propre au troisième personnage de la Trinité qui doit se répandre spatialement. Exode III et l’épisode du Buisson Ardent, instaure une trinité. En ce qui concerne Jésus, il représente le peuple élu, il est venu pour mettre fin à ses divisions qui affectent les « brebis perdues d’Israël », nom sous lequel on désignait les descendants du Royaume sécessioniste du Nord, à la mort de Salomon au Xe siècle avant l’ère chrétienne. Mais sa mission va plus loin, il s’agit d’instaurer le culte du troisième personnage de la Trinité en direction des « Nations » (Goyim), c’est à dire des paiens invités à reconnaitre la dite Trinité. Autrement dit, Jésus n’est pas le Fils, mais le « Saint Esprit », troisième personnage de la Trinité si ce n’est que c’est l’ensemble du peuple juif qui remplit cette fonction, Jésus étant issu du dit peuple. Adorer Jésus revient à reconnaitre le rôle des Juifs dans le plan de la création dans la création, comme vecteur d’un troisième niveau de création que d’aucuns ont appelé anthropocène. Il est clair que les Juifs ne sauraient avoir la même religion que les paiens car cela reviendrait à ce qu’ils aient le culte d’eux-mêmes. Le dieu des Juifs, c’est le Fils, celui qui aura aménagé notre monde, ce qui implique une vision géocentrique, certes inacceptable au regard de la Nature mais qui est conforme au regard de son réaménagement. Il revient aux Chrétiens d’adorer les Juifs à travers le personnage de Jésus et l’on comprend désormais pourquoi l’on ne saurait demander aux Juifs d’adorer un des leurs. Pour revenir à notre parabole initiale: il faut savoir distinguer ce qui revient au Père, au Fils et au Saint Esprit, ce qui correspond à des « sciences » bien distinctes, l’une est l’astronomie, l’autre est l’astrologie et la troisième est l’anthropocéne. JHB 07 01 21

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