jeudi 23 décembre 2021

jacques Halbronn Etudes de sociologie politique: la Gauche et la Droite face à la question juive. Le cas Zemmour

. Nous dirons que le clivage s’opére au prisme du traitement de la différence. La gauche tendrait à nier les différences tandis que la droite entendrait les assumer. Encore conviendrait-il de distinguer dans les deux cas entre le centre et les extrémes donc deux façons d’être à gauche et deux façons de se situer à droite. Le cas du positionnement d’Eric Zemmour peut nous servir de terrain; son discours reléve t-il de la droite ou de la gauche; question que l’on est en droit de se poser même si Zemmour est généralement classé à l’extreme droite. On s’intéressera notamment à son rapport au judaisme en signalant que Zemmour ne saurait en aucun cas incarner celui-ci, du fait meme de la diversité de ses expressions. Ainsi, Eric Zemmour aime-t-il à distinguer entre assimilation et intégration. Or, selon nous, assimilation appartient au vocabulaire de la gauche et intégration à celui de la droite. En effet, s’assimiler, c’est imiter, adopter les façons, les normes d’un groupe donné alors que l’intégration, c’est faire une certaine place à tel groupe au sein d’un ensemble dont on reconnait l’hétérogénéite. Dans le premier cas, on est à gauche alors que dans le second on serait à droite. En ce sens, le discours de Zemmour serait plutôt à gauche, ce qui est le propre de ceux qui débarquent dans une nouvelle société, un nouveau milieu. Eric Zemmour déclare avoir voulu jouer le jeu de l’assimilation en étant éventuellement plus royaliste que le roi. Ceux qui ne se plient pas à une telle discipline s’exclueraient d’office. Certes, Zemmour parle-t-il de la France et c’est en ce sens qu’on aurait tendance à la situer à droite de ‘l’échiquier politique. Mais cette France a été coloniale, a débordé bien au delà de ses frontières « naturelles » et un tel colonialisme est de gauche si l’on s’en tient à notre définition, plus haut puisque la gauche est dans le déni des différences, des distances, des clivages de sexe, de race, de religion qu’elle s’efforce, autant que faire se peut, de minimiser, de relativiser. La France révolutionnaire voulait porter son message le plus loin possible et le monde communiste, au XXe siècle, aura été expansionniste. Pour en venir à la question juive, Zemmour ne correspond évidemment pas au Juif de « souche française », en raison de son Histoire familiale, lequel Juif serait plutot à droite et ne cherchant pas à se « fondre », à ne pas détoner, prêt à assumer sa spécificité, sa différence, ne ressentant pas le besoin de donner des gages de sa « francité ». Quelque part, Zemmour n’est pas un xénophobe et encore moins un raciste puisque pôur lui rien n’empêche en principe de devenir Français sinon une certaine mauvaise volonté ou une sorte de mauvaise foi. L’éducation serait la solution par excellence de cette assimilation qu’il appelle de ses voeux. Le probléme de Zemmour,c’est qu’il pose les problémes en termes de « volonté », ce qui le rend sevére envers les « mauvais éléves » de la classe qui ne travaillent pas assez! A droite, on est moins exigeant et l’on se méfie des imitations, d’une certaine promiscuité de mauvais aloi. Certes, Zemmour est amoureux de la France et se veut souverainiste et c’est à ce titre que l’on voudrait le classer à droite mais en réalité, les gens de gauche ne sont ils pas également attachés à la France et à son rayonnement dans le monde sous tendu par une certaine idée d’universalité.? De Gaulle aura été l’homme de la décolonisation et aura raisonné comme un homme d’extréme droite car il ne croyait pas à l’assimilation de gens issus de religions et de cultures extra-européenne, d’où finalement son ralliement à la cause de l’Union Européenne ( Traité de l’Elysée, début 1963, au lendemain des Accords d’Evian de 1962) Il n’avait pas prévu l’immigration massive qui suivit, aggravée par le regroupement familial, sous Giscard et en tout cas pas l’exercice du droit du sol, conférant aux enfants nés en France, d’office, la nationalité française, phénoméne aggravé par le suffrage universel pour l’élection du président de la République.(Loi constitutionnelle de 1962, appliquée à partir de 1965). Il serait bon que la Droite incarne plus clairement les valeurs qu’elle est censée représenter. Elle ne saurait s’offusquer à la façon de Zemmour de la perte de certains » territoires », de la formation de ghettos voire de quelque forme d’apartheid car cela évite les faux semblants chers à Zemmour qui s’en flatte. S’il faut distinguer entre le Centre Droit et l’Extréme Droite, nous diron -dans une logique d’intégration, que dans un cas, l’on voudra affirmer et reconnaitre les différences et ne pas chercher à les dépasser et que dans l’autre, on voudra renvoyer chez eux les populations venues d’autres continents et notamment d’Afrique. Quant au clivage entre Centre Gauche et Extreme Gauche, l’on dira qu’au Centre Gauche, on adoptera un discours d’assimilation avec une certaine exigence d’acculturation minimale à la France alors qu’à l’extréme Gauche, l’on tendra à renoncer à une quelconque centralité française. En ce sens, nous pensons placer Zemmour au Centre Gauche lequel centre d’ailleurs est actuellement en crise avec le Parti Socialiste. Paradoxalement, Zemmour nous apparait comme le « sauveur » de ce Centre Gauche orphelin. Cela dit, si l’on revient à son rapport à la question juive, cela nous semble assez problématique car là encore, il n’entend aucunement assumer sa spécificité, il serait même disposé à nier toute particularité de la présence juive. La façon dont Zemmour a traité des Juifs « français » sous Vichy est caractéristique, selon nous, d’une refus de reconnaitre à la France le devoir de « sauver » les Juifs en tant que Juifs, – ce qui aura été son image et la raison même d’une présence juive « étrangère » en France – en tant que « foyer », peut être plus légitime et plus viable que celui de Palestine-sans introduire de clivage entre Juifs juridiquement français et Juifs « étrangers ». En tant qu’homme de droite, Pétain aura pu souhaiter conférer aux Juifs en France un statut particulier mais de là à les livrer aux occupants nazis et à la mort, il y a là une forme de trahison que rien ne saurait excuser. Que Zemmour semble excuser Pétain au nom de quelque formalisme juridique montre à quel point, il n’est pas un homme de Droite et tend à tout vouloir niveler. JHB 23 12 21

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