jeudi 2 juin 2022
Jacques Halbronn Linguistique comparée. Questions autour de la dialectique radical.affixes
jacques halbronn Linguistique comparée. Questions autour de la dialectique radical/affixes.
Notre propos vise à mettre en évidence la specificité du français par rapport à d'autres langues tant latines que germaniques, en partant du mot français "Un" à la fois article indéfini (un et une au féminin) et nombre (1) dont on connait les derivés suffixaux: union, unité, unicité etc . Dans le cas du français, le suffixe vient simplement s'ajouter à ce que l'on peut qualifier de "radical". Un-ité, Un-ion etc En revanche, dans d'autres langues, le "un" n'existe pas en tant que tel alors que le dérivé existe. En anglais, on a bien united (Nations, Kingdom) mais on ne trouve pas "un" à la différence du français mais "one", "an". En italien, unita ne se constitue pas autour du radical "un" alors que "uno" existe. On serait alors passé de uno à unita, ce qui est moins évident que de passer de un à unité. En allemand, toutefois, on a bien Ein et Einheit (unité). En latin, on a unus et unitas, pas de trace de la forme "un" alors que l'on ne voit pas comment on passerait directement de unus à unitas..
Le cas du "un" français est assez remarquable de par sa prononciation, puisque le "n" ne s'y entend pas au masculin,ce qui donne lieu à un son nouveau, en tant que diphtongue. "voyelle complexe". Dans les autres langues de notre corpus, le phénoméne n'est pas attesté si ce n'est marginalement en anglais dans les formes négatives: don't, can't, du fait d'un emprunt au français, par delà la question proprement lexicale.
Les questions que nous nous posons sont les suivantes: est-ce que la langue française ne devrait pas être considérée comme matricielle, du fait de la dérivation plus évidente entre Un et Unité? Ce cas n'est d'ailleurs nullement isolé mais est la régle, à savoir que le suffixe vient s'"ajouter sans modification du "radical? Beau donne Beauté, bon donne bonté et ainsi de suite. Tout se passe comme s'il s'agissait pour les langues susmentionnées d'emprunt du substantif à une autre langue, comme si les dites langues n'avaient pas, par elles-mêmes, produit leurs propres dérivés, d'où le hiatus récurrent entre le radical et le suffixe que nous avons signalé. Ces réflexions conduiraient donc à l'idée du français comme langue première, ce qui serait confirmé par le marqueur de genre, par la présence et l'absence, que l'on ne trouve, comme cela a déjà été dit, dans aucune autre langue de notre corpus hormis le cas de la négation à l'anglaise, l'anglais étant par ailleurs, ici, la langue la plus impactée par le français.
JHB 02 06 22
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