samedi 11 juin 2022
Jacques Halbronnn Le judaisme laïc est la voie vers une nouvelle idée de Dieu et du Peuple.
Jacques Halbronn Le judaisme laïc est la voie vers une nouvelleidée de Dieu et du Peuple
En 1978, nous avions fondé le CERIJ (Centre d’Etude et de Recherche sur l’Identité Juive) lequel rejoindrait en 1989 la mouvance judéo-laïque avec notamment Liberté du Judaisme et l’AJHL (Association pour un judaisme humaniste et laïc) d’Albert Memmi. Nous avions affirmé vouloir nous émanciper des « modéles dominants » du sionisme et de la synagogue sans parvenir à établir une véritable doctrine, en raison d’une impasse qui semblait aller de soi par rapport à la théologie alors qu’il eut fallu ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. De même n’avions nous pas su tirer les leçons de la Shoah pour la connaissance de la présence juive au monde, du fait de la carence d’une lecture verticale et non plus horizontale, comme le proposait le sionisme..
I L’écueil théologique
Il nous est apparu qu’il fallait repenser l’idée de Dieu plutôt que d’adopter une position de rejet ou d’indifférence. Pour y parvenir, il était nécessaire de bien maîtriser les axes du judaisme en vigueur et d’en élaborer une critique, non pas à la façon d’un judaisme « libéral » (MJLF) ou « réformiste », non pas en instaurant une sorte de rabbinat laïc (secular Judaism) , comme aux Etats Unis mais en mettant en évidence certaines dérives conceptuelles. autour de l’idée même de Dieu.
Autrement dit, il ne s’agit pas de rejeter des notions instrumentalisées par tel ou tel mouvement mais de nous les réapproprier à partir d’une relecture des Ecritures en refusant notamment l’idée d’un Dieu universel, au sens aristotélicien et spinozien (Deus sive Natura). Il ne s’agissait pas de renoncer à certaines formulations sous prétextes qu’elles avaient pu être adoptées par le Christianisme comme celle de « Fils de Dieu » dont il s’agirait de repréciser le sens, par delà ce qui en est dit autour du personnage de Jésus et de la « Trinité ». Il s’agissait aussi de prendre en compte l’Astrologie qui est une clef de la théologie juive authentique, alors que le judaisme s’en était éloigné, notamment au XIXe siècle (cf notre ouvrage Le monde juif et l’astrologie. Histoire d’un vieux Couples, Milan, Ed Arché, 1985) Autant d’obstacles épistémologiques à désamorcer. D’ailleurs, l’antisémitisme apparaissait comme un révélateur de cette nouvelle identité /conscience juive, en ce qu’il relevait, soulignait précisément ce rôle des Juifs dans le monde moderne, notamment depuis la fin du XVe siècle.
II L’écueil nationaliste
En ce qui concerne la notion de « peuple » juif, là encore fallait-il repenser ce qu’il convenait d’entendre par là en remettant en question le schéma classique dont s’inspira le sionisme (cf notre ouvrage Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle. ed Ramkat, 2002) La Shoah aurait du nous mettre sur la voie d’une nouvelle acception du mot peuple, plus verticale qu’horizontale, plus transnationale que nationale, plus diasporique que centrée sur Jérusalem (Sion). Il convenait d’aborder le judaisme à partir de la modernité, à savoir ce que l’on pouvait observer au vu de l’Histoire des derniers siècles et non en plaquant des textes d’un autre temps, dont la corruption pouvait être signalée. D’une part, en effet, les leçons de la Shoah laquelle avait montré que la judéité ne pouvait se réduire à quelque « confession mosaique » ou qu’elle ne disparaissait pas du fait de quelque conversion (cf le cas des Conversos, des « nouveaux chrétiens ») et de l’autre, la contribution remarquable d’individus Juifs à la pensée contemporaine, en tous ses aspects et là encore par delà une quelconque appartenance religieuse. Se dire juif ne signifiait plus avoir été formaté par quelque Yeshiva. La question de l’individu juif interpellait et l’on découvrait que de facto l’on pouvait vivre sa judéité par son rôle social au milieu d’un monde « non juif » et même que c’était la seule façon d’exister comme juif que d’être entouré de « non Juifs ».
JHB 11 06 22
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