mardi 8 août 2023
Jacques halbronn Linguistique. Le désordre des marqueurs de genre et de nombre en hébreu
jacques halbronn Linguistique Le désordre des marqueurs de genre et de nombre en hébreu.
La moindre des choses, dans la gestion d’une langue, est le respect des marqueurs, d’autant que toute société dépend de marqueurs, à un autre niveau. D’où le lien sur lequel nous ne cessons d’insister entre linguistique et anthropologie. Face à un mot, il est bon d’identifier les marqueurs qui l’affectent, tant pour ce qui reléve du genre que du nombre, puisque tout mot renvoie, peu ou prou, à l’une et l’autre de ces notions. On peut parler de dysfonctionnement lorsque le décodage ne s’opére pas correctement.
Si l’on prend le cas d’école de l’hébreu, on sera d’accord pour associer la finale « ou » ou « im » au pluriel. Dès lors le nom de Dieu nous apparait comme pluriel, tant pour Yahou (tétragramme souvent rendu par Yahwé voire Jéovah) que pour Elohim . La forme Yahou (abréviation Yah, comme dans Hallélouya, louez Dieu) est largement attesté dans le nom des prophétes: Isaie -Yeshayahou, Elie -Eliahou, Jérémie Yeremiahou.
Abordons à présent le nom Yahoud d’où vient le mot latin Judaeus,(corrompu en Juif), ce qui aura donné judaisme, judéité etc Pour nous, il est clair que Yahoud désigne celui qui observe le culte de Yahou ce qui est notre lecture du tétragramme; Youd, Hé, Vav, hé. De Yahoud, on passe à Yehouda, qui est le nom d’un des fils de Jacob mais dont la terminaison est étrangement féminine. Une autre version associe Yehoud au verbe signifiant rendre grâce (merci: toda, lehodoth).
Jérémie XXXI
ל הִנֵּה יָמִים בָּאִים, נְאֻם-יְהוָה; וְכָרַתִּי, אֶת-בֵּית יִשְׂרָאֵל וְאֶת-בֵּית יְהוּדָה–בְּרִית חֲדָשָׁה. 30 Voici, des jours vont venir, dit le Seigneur (-יְהוָה), où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda -בֵּית יְהוּדָה une alliance (Brit) nouvelle,
Mais pourquoi, doit-on se demander, l’usage d’un marqueur féminin (a) pour désigner ce fils de Jacob, destiné à la royauté? Faudrait il comprendre que ce Juda se veut la « fiancée » de Yahoud? Il est vrai que le féminin est utilisé en diverses circonstances tant dans l’Ancien que dans le nouveau testaments. D’où l’expression « il descendra d’une vierge » à propos du Messie ou enco en ouverture de l’Office du Vendredi soir « Lekha Dodi »(la fiancée Shabbat), le Melave Malka (malka:la reine); qui cloture le temps du Shabbat, sans oublier le Cantique des Cantiques (cf livre de prières du MJLF) ni Sarah, l’épouse d’Abraham et mère d’Isaac, grand mère de Jacob. Nous avons déjà signalé certaines dérives en ce qui concerne l’usage du pronom personnel masculin qui est fréquemment rendu en « ata », ou au possessif « kha » (comme dans le Shéma Israel).
En français, on a le trio MTS mon-ton-son pour le possessif ( ou moi, toi, soi). Dans les autres langues latines, on trouve non pas le « on » mais le « o » comme marqueur du masculin, soit pour le français, l’ajout du « n » et la production d’un son diphtongué. En revanche, l’anglais a abandonné le » thou » (le tu) pour le You, ce qui renvoie à la troisiéme personne comme en hébreu.(préfixe Yod du futur), ce qui correpond à une forme de politesse où l’interlocuteur est désigné à la troisiéme personne (Votre Majesté). Nous avons déjà signalé l’anomalie des suffixes de l’imparfait en hébreu où le Thav ne sert pas uniquement pour la deuxiéme personne du masculin et du pluriel mais pour le première personne du masculin singulier alors qu’il devrait s’agir d’un Noun! On a ainsi étrangement en hébreu Katavti, j’ai écrit et Katavta, tu as écrit au lieu de Katavni qui correspond au pluriel à Katavnou, nous avons écrit!
JHB 08 08 23
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