lundi 5 mai 2025

jacques halbronn Anthroplinguistique Langues contrastées versus langues fluides.

jacques halbronn Langues contrastées versus langues fluides. Nous appelons "langue contrastée"", une langue dont les signifiants sont nettement séparés, isolés les uns des autres, alors que les langues "fluides" offrent des passages subtils entre eux, ce qui va englober un grande nombre de signifiés (polysémie). C'est ainsi que l'anglais moderne sera qualifié de 'contrastée" face au français, "langue fluide". Il en est de même en musique, où l'on observe des musiques contrastées, fortement "rythmées", comme le jazz face à des musiques plus fluides, comme la musique "classique". Les langues contrastées ne développeront pas les mêmes aptitudes intellectuelles chez leurs locuteurs que les fluides. Elles vont mobiliser un grand nombre de signifiants censées correspondre à autant de signifiés . A contrario, les langues "fluides" pourront recourir à un petit nombre de radicaux, de racines en procédant à des dérivations par affixes, conjugaisons, déclinaisons, ce qui exigera une grande attention de la part des locuteurs et interlocuteurs, bien davantage que pour les langues "contrastées", friandes en synonymes et en emprunts, en importations de mots étrangers. Ce qui a du fasciner historiquement dans la langue française auprès de diverses langues, c'est son économie de moyens, son élégance occamienne. Les langues fluides sont ésotériques et sélectives car elles exigent un entrainement précoce à capter les nuances phonologiques les plus subtiles permettant de passer, de glisser d'un genre à un autre, d'un nombre à un autre, d'un temps à un autre au moyen d'infimes variations. Mais cela signifie une grande richesse de signifiés au prix d'une parcimonie, d'un rationnement des racines. De telles langues peuvent sembler bien pauvres pour ceux qui n'en captent pas toutes les modulations sémantiques. Nous dirons que les langues fluides, telles que nous les appelons, évitent d'avoir à mémoriser un lexique important et imposant puisqu'elles jouent sur quelques accessoires et auxiliaires récurrents. Autrement dit, l'économie lexicale - si l'on admet que des mots ayant une même racine ne sauraient revendiquer d'autonomie mais ne sont que des variations, au sens musical du terme, autour d'un nombre limité de "thèmes"- laisse le locuteur composer son "mécano", ce qui facilité la circulation, la prévisibilité au sein d'une langue et remplace l'effort de mémorisation par une surcroit de réflexion que nous avons qualifié de morphosémantique. La frontière entre les mots se trouve ainsi relativisée dès lors que l'on sera en mesure de capter toutes les nuances au sein d'une même famille étymologique. Le locuteur, dès son plus jeune âge, équipé d'un lexique minimal, pourra ainsi jongler tant en tant qu'émetteur que récepteur, sans avoir besoin d'une aide extérieure lourde, ce qui, par là même, le rendra plus autonome, moins dépendant d'une autorité détentrice d'un lexique prolifique. JHB 05 05 24 JHB 05 05 24

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