LA LANGUE SACREE, CENTRALE, LE FRANCAIS
Approche théologique et historico-critique des langues
lundi 16 juin 2025
jacques halbronn Linguistique. Phonologie. Pour une théorie générale des affixes et la question de l'état neutre en sémiologie
jacques halbronn Linguistique. Phonologie. Pour une théorie générale des affixes et la question de l'état neutre en sémiologie.
Etat de la question
wikipedia"
"En morphologie, domaine de la linguistique, un affixe (du latin ad-fixus > affixus, « (qui est) fixé contre ») est un morphème en théorie lié qui s'adjoint au radical ou au lexème d'un mot. Des affixes peuvent se lexicaliser et donc devenir des morphèmes libres : c'est par exemple le cas pour le préfixe ex- dans une expression comme mon ex, à savoir mon ex-mari / -petit ami, etc.
Selon la norme ISO 4:1997, un affixe est un « morphème, à l'exclusion des radicaux et des désinences, qui se fixe au début ou à la fin d'un radical pour en modifier le sens ou la catégorie lexicale ou grammaticale ». Cette norme distingue le préfixe, « affixe qui précède un radical ou un autre préfixe », du suffixe, « affixe qui suit un radical ou un autre suffixe ». Les affixes sont principalement de deux natures : les affixes grammaticaux et flexionnels et les affixes de dérivation".
Selon nous, la notion d'affixe suppose un stade premier de neutralité dans la mesure ou un affixe peut signifier des valeurs opposées, ce qui est d'ailleurs, peu ou prou, lié à la dualité du préfixe et du suffixe. Cela apparait notamment, dans nos récents travaux, au niveau des marqueurs de passé et de futur. En français, le suffixe associé à un infinitif détermine le mode futur tandis que le préfixe concernerait, assez logiquement, le passé. Un principe d'ailleurs non respecté dans les langues sémitiques où le préfixe est lié au futur et le suffixe au passé. Il importe, selon nous, d'élargir les acceptions du mot "affixe" en ce que cela n'implique pas que celui-ci soit "collé" au mot qu'il précéde ou qu'il suit. Cela permet ainsi d'englober le futur des verbes, dans les langues germaniques ( will, wird) ainsi que les marqueurs négatifs (ne/pas) placés devant le terme à traiter;
La question des préfixes englobe notamment la prononciation des "nasales".
"Les règles de nasalisation du français transforment la prononciation des voyelles lorsqu'elles sont suivies d'une consonne nasale, créant ainsi des sons uniques qui font partie intégrante de la langue française. Ce processus phonétique est essentiel pour distinguer les mots, car il implique que le flux d'air soit redirigé par le nez. La compréhension de ces règles améliore la prononciation du français, et il est donc essentiel que les apprenants maîtrisent les voyelles nasales pour une communication claire et précise".
Un préfixe peut en effet marquer négativement une proposition. Mais dans bien des cas, il aura perdu sa "nasalisation" et le français aura su maintenir celle-ci à la différence des autres langues latines (vamos, allons) ou germaniques (nein) non L'anglais, certes, distinguera pour l'article indéfini le "a" (bird (un oiseau) et le "an" (eye, un oeil), selon qu'il procéde un consonne ou une voyelles. Cette distinction n'est d'ailleurs plus en vigueur en français si ce n'est en tant que marqueur de genre, à l'oral du fait de la diphtongue (un/une, le "a" anglais dérivant du "un" français) Ce qui montre que les articles peuvent tout à fait être qualifiés d'affixe. D'ailleurs, en hébreu comme en arabe, l'article défini est attaché au mot qu'il désigne, ce qui explique que des emprunts à l'arabe aient englobé le 'al" (comme pour alcool, hasard etc) Il en est de même pour les "pronoms" -comme leur nom l'indique placés avant le nom. C'est ainsi qu'en hébreu et en arabe, les préfixes marquant le passé et le futur sont dérivés des pronoms personnels, avec d'ailleurs des exceptions pour la première personne du singulier (Katavti (j'ai écrit) au lieu de Katavni, par référence à 'Ani"(Je, moi) tout comme Katavnou (nous avons écrità renvoie correctement, cette fois, à Anahnou.(nous) qui comporte le même radical qu'au singulier avec le N comme marqueur tout comme le Thav est marqueur de la deuxiéme personne du singulier et du pluriel. Nous avons signalé la possibilité de considérer le verbe (auxiliaire) avoir comme pouvant servir de pronom personnel de par sa terminaison qui se retrouve dans la conjugaison du passé (en préfixe) et du futur (en suffixe) D'ailleurs, dans les autres langues latines, l'usage du pronom personnel est bien moins courant, à juste titre, qu'en français. (Yo)Te Quiero, je t'aime)
On aura compris que la question des consonnes nasales autour de la consonne "N" (et accessoirement de la consonne "M") est absolument majeure et constitue une perte pour la plupart des langues ici référées. On a a ainsi la trace d'un processus tombé en désuétude en tant que marqueur du positif et du négatif. Prononcer "impossible" à la française est à comparer avec le traitement tant en anglais qu'en espagnol tout comme la forme "vamos" a perdu le "n" , alors qu'initialement on devait entendre, comme en français, le son "on"? Le tilde montre bien à quel point cette lettre avait un statut à part. Encore au XVIe siècle, le tilde annonçait la nasale associée à la voyelles. (cf "combien" dans la Préfacé à César dans les Centuries de Nostradamus).
On aura compris que l'affixe, dès lors qu'il n'est pas spécifié, correspond à un état neutre, en puissance, indéterminé et pouvant inverser symétriquement l'acception d'un "radical", tout et son contraire. C'est dire toute l'importance qu'il convient de lui accorder en renforçant ses variations, au niveau phonologique. (morpho-phonologie) Ajoutons que les substantifs font appel à la suffixation: finales en "ment" (en anglais en ly), en té (en anglais en ty), en ure (aventure) etc
En anthropolinguistque, nous dirons que selon le phénoméne de cyclicité, l'on est voué, périodiquement, à basculer d'une tendance A à une tendance B qui en prend le contre-pied, ce qui suppose des marqueurs suffisamment repérables, à l'oreille (phonologie). Les langues qui ne disposent plus de marqueurs suffisamment accentués sont en état de dysfonctionnement et présentent une ergonomie médiocre; avec des conséquences pouvant se révéler très significatives.
En ce qui concerne la question des liaisons, c'est une cause de confusion pour le passage de l'"écrit à l'oral en ce que cela génére une certaine indétermination, ce qui expliquerait le flottement existant quant à la prononciation des consonnes finales puisqu'avec la liaison, le "r" de l'infinitif se fait entendre devant une voyelle mais pas devant une consonne.
(cf notre mémoire Linguistique de L'erreur Et Epistemologie Populaire. Mémoire sur les emprunts linguistiques, sous la direction de Louis Jean Calvet . Paris V 1987/..
Bibliographie
Blogger.com
http://editionsgrandeconjonction.blogspot.com › 2023/10
"La fonction morphologique et phonologique des diphtongues."
Unblog.fr
http://nofim.unblog.fr › 2023/12/22 › jacques-halbronn...
"Pour nous, une langue doit comporter des marqueurs phonologiquement forts tout comme une société, les deux plans étant interdépendants."
vendredi 13 juin 2025
Phonologie. La question des préfixes englobe notamment la prononciation des "nasales".
Phonologie? La question des préfixes englobe notamment la prononciation des "nasales".
"Les règles de nasalisation du français transforment la prononciation des voyelles lorsqu'elles sont suivies d'une consonne nasale, créant ainsi des sons uniques qui font partie intégrante de la langue française. Ce processus phonétique est essentiel pour distinguer les mots, car il implique que le flux d'air soit redirigé par le nez. La compréhension de ces règles améliore la prononciation du français, et il est donc essentiel que les apprenants maîtrisent les voyelles nasales pour une communication claire et précise".
Un préfixe peut en effet marquer négativement une proposition. Mais dans bien des cas, il aura perdu sa "nasalisation" et le français aura su maintenir celle-ci à la différence des autres langues latines (vamos, allons) ou germaniques (nein) non L'anglais, certes, distinguera pour l'article indéfini le "a" (bird (un oiseau) et le "an" (eye, un oeil), selon qu'il procéde un consonne ou une voyelles. Cette distinction n'est d'ailleurs plus en vigueur en français si ce n'est en tant que marqueur de genre, à l'oral du fait de la diphtongue (un/une, le "a" anglais dérivant du "un" français) Ce qui montre que les articles peuvent tout à fait être qualifiés d'affixe. D'ailleurs, en hébreu comme en arabe, l'article défini est attaché au mot qu'il désigne, ce qui explique que des emprunts à l'arabe aient englobé le 'al" (comme pour alcool, hasard etc) Il en est de même pour les "pronoms" -comme leur nom l'indique placés avant le nom. C'est ainsi qu'en hébreu et en arabe, les préfixes marquant le passé et le futur sont dérivés des pronoms personnels, avec d'ailleurs des exceptions pour la première personne du singulier (Katavti (j'ai écrit) au lieu de Katavni, par référence à 'Ani"(Je, moi) tout comme Katavnou (nous avons écrità renvoie correctement, cette fois, à Anahnou.(nous) qui comporte le même radical qu'au singulier avec le N comme marqueur tout comme le Thav est marqueur de la deuxiéme personne du singulier et du pluriel. Nous avons signalé la possibilité de considérer le verbe (auxiliaire) avoir comme pouvant servir de pronom personnel de par sa terminaison qui se retrouve dans la conjugaison du passé (en préfixe) et du futur (en suffixe) D'ailleurs, dans les autres langues latines, l'usage du pronom personnel est bien moins courant, à juste titre, qu'en français. (Yo)Te Quiero, je t'aime)
On aura compris que la question des consonnes nasales autour de la consonne "N" (et accessoirement de la consonne "M") est absolument majeure et constitue une perte pour la plupart des langues ici référées. On a a ainsi la trace d'un processus tombé en désuétude en tant que marqueur du positif et du négatif. Prononcer "impossible" à la française est à comparer avec le traitement tant en anglais qu'en espagnol tout comme la forme "vamos" a perdu le "n" , alors qu'initialement on devait entendre, comme en français, le son "on"? Le tilde montre bien à quel point cette lettre avait un statut à part. Encore au XVIe siècle, le tilde annonçait la nasale associée à la voyelles. (cf "combien" dans la Préfacé à César dans les Centuries de Nostradamus).
On aura compris que l'affixe, dès lors qu'il n'est pas spécifié, correspond à un état neutre, en puissance, indéterminé et pouvant inverser symétriquement l'acception d'un "radical", tout et son contraire. C'est dire toute l'importance qu'il convient de lui accorder en renforçant ses variations, au niveau phonologique. (morpho-phonologie)
En anthropolinguistque, nous dirons que selon le phénoméne de cyclicité, l'on est voué, périodiquement, à basculer d'une tendance A à une tendance B qui en prend le contre-pied, ce qui suppose des marqueurs suffisamment repérables, à l'oreille (phonologie). Les langues qui ne disposent plus de marqueurs suffisamment accentués sont en état de dysfonctionnement et présentent une ergonomie médiocre; avec des conséquences pouvant se révéler très significatives.
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"Pour nous, une langue doit comporter des marqueurs phonologiquement forts tout comme une société, les deux plans étant interdépendants."
lundi 2 juin 2025
Jacques Halbronn Anthropolinguistique Les préfixes garantie d'économie lexicale .
Jacques Halbronn Anthropolinguistique Les préfixes garantie d'économie lexicale .
Une des forces de la langue française concerne ses préfixes. Outre, l'usage du "re" et du "de" dont nous avons déjà traité, c'est celui des formes en "bon" et en "mal" qui nous semblent remarquables et déterminent une forte économie lexicale propre aux langues latines d'où des emprunts de la part des langues germaniques au français, question déjà largement abordée dans les années 80 par nos soins (1981, 1987, 1989) . Il ne s'agit pas là du simple usage de la négation comme le "im" (impossible) ou le "in" (inapte) mais bien d'un apport de la sémantique à la grammaire. Rappelons l'ouvrage de Nietzsche, 'Par delà le bien et le mal".
Ci-dessous, une liste dialectique non exhaustive: bonheur/ malheur, bénédiction/malédiction. bienfaisance, malfaisan, bienséance/malséant, bon gré/mal gré, bon an mal an, bien élevé, mal élévé.
On signalera les formules de souhait qui ne comportent pas de contraire: bon voyage, bon appétit, bonne nuit, bon courage, à la bonne heure, etc et inversement, des formes négatives sans contrepartie: mécréant, mévente, maladie. En anglais le préfixe "mis" qui est à rapprocher du "mé" (mes) du français, on trouve mismatch, misfit, misleading, mistake (méprise); malfunction,
On a aussi, en français,, le cas de formes négatives s'opposant au radical non précédé de "bon": aventure/mésaventure, connaissance/méconnaissance,. A " bienvenue", il n'y a pas de pendant négatif. adroit/maladroit; heureux/malheureux.
En matière d'affixes, rappelons nos récents travaux sur le français sur le statut de l'infinitif, articulé sur le verbe avoir, en tant que préfixe pour le passé et suffixe pour le futur.
MANGER
Passé: Ai Manger Futur Manger-ai (as, a, ons, ez, ont) Ce qui n'exige pas de se servir des pronoms personnels., pratique plus courant en italien et en espagnol qu'en français, marqué par une influence allemande. La forme "ai manger" a du précéder la forme "mangé", résultat d'un alignement de l'écrit par rapport à l'oral. Etrangement, en anglais, on a la finale "ed" pour le passé Dans les langues sémitiques (hébreu, arabe), le pronom personnel sert d'affixe et non le verbe avoir, ce qui nous améne à penser que le verbe avoir équivaut au pronom personnel. Dans ces langues, le préfixe sert pour marquer le futur et le suffixe le passé, à l'inverse des langues latines (est-ce lié au mode de lecture?) Le préfixe du futur est formé à partir des pronoms personnels tout comme le suffixe du passé. Une anomalie est à relever tant pour l'arabe que pour l'hebreu : la première personne au singulier du passé se sert du pronom personnel de la deuxiéme personne en Thav (pour l'hébreu) alors qu'il faudrait mette un noun (à partir de Ani, Ana) comme c'est le cas pour la première personne au pluriel D'où ce décalage Katavti, j'ai écrit, Katavnou, nous avons écrit!
En ce qui concerne l'usage des adjectifs et des adverbes (cf supra) pour servir d'affixes, on notera que l'on trouve "full" en anglais dans beautiful, grateful, et "reich" en allemand comme Friedrich, celui qui est pacifique (Frieden : paix) En revanche, les langues germaniques ne construisent pas leurs temps passé et futur à partir d'affixes greffés sur l'infinitif comme le font les langues latines en se servant de l'auxiliaire "avoir" (en allemand haben et en anglais have)
JHB 02 06 25
dimanche 18 mai 2025
jacques halbronn Linguistique. Pour une nouvelle pédagogie du français. (FLE) Etymologie et Morphosémantique.
jacques halbronn Linguistique. Pour une nouvelle pédagogie du français. (FLE) Etymologie et Morphosémantique.
En hommage à notre grand mère maternelle, Claude Jonquière (1885-1957) auteur d'une Orthographe d'usage rendue facile, qui écrivait: "Notre méthode de perfectionnement du français comporte deux stades. Le premier (étymologique) consiste à rassembler un maximum de mots autour d'un même radical. Le second (morphosémantique) à commenter les liens existant entre les mots relevant d'un même ensemble.
I Collecte étymologique
Les étudiants seront invités à réunir un maximum de mots d'une même famille mais variant du fait de préfixes, suffixes, des temps (conjugaison), des marqueurs de genre, de nombre, de négation. Cela peut aussi concerner les déclinaisons relevant de finales à fort impact sémantique (cf infra)
II Connexions morphosémantiques.
L'étude de la collection ainsi réunie fera apparaitre des clivages majeurs. Il est clair, par exemple, que le préfixe pourra introduire une négation (fini et infini), usage du "re" ou du "de/dis"), ce qui est l'expression dialectique d'une dualité, d'un revirement. Construction/destruction. Un tel basculement peut tenir à un ajout minimal, ce qui n'est pas le cas des langues "contrastées" que nous opposons aux langues fluides, subtiles aux variations très fines..
En fait, connaitre une langue, c'est être capable d'en appréhender, d'en reconnaitre toutes les formes associées à un même radical, qui en dérivent étymologiquement, d'en percevoir les variations de sens, les connexions sémantiques.
JHB 18 05 25
Annexes
Morphosémantique des préfixes et des suffixes
jacques halbronn
Nous avions déjà consacré, il y a une quinzaine d’années une étude aux préfixes « re » et « de », (reproduite en annexe ci-dessous, lesquels référent selon nous à une dimension cyclique : retour et départ. et antérieurement Linguistique de l’erreur et épistémologie populaire 1987 et. Essai de description critique du systéme du français à la lumière des relations interlinguistiques 1989.
On retrouve un tel dispositif en anglais. Nous avons par ailleurs mis en évidence nn systéme ternaire en ce qui concerne , cette fois, les suffixes, se substituant au sytéme binaire en vigueur -participe présent/participe passé signifiant-signifié en introduisant le suffixe en « ble »: possible, capable, également passé en anglais. Là encore, il importe de dégager une dimension morphosémantique. Nous insisterons sur le phénoméne des calques, lors du passage subreptice d’une langue à une autre, ce qui permet d’élargir sensiblement la question de l’emprunt linguistique. L’idée est notamment de montrer que les préfixes sont dotés d’une forte charge sémantique et sont donc assimilables à des noms. Cette catégorie est à distinguer des marqueurs de déclinaison et de conjugaison.
Prenons le cas Malaise/ qui devient en anglais Disease parce que ‘mal » est souvent rendu dans cette langue par « dis » On parle de « malfunction » alors qu’en français moderne on parle de « dysfonctionnement ».
I SUFFIXES Ble, ant, ed
Ces trois préfixes correspondent à des champs de plus en plus restreints, et au passage de la présence à l’absence, C’est comme dans une compétition: au début tout le monde participe et puis au bout d’un certain temps, le nombre de personnes en lice se rétrécit comme peau de chagrin. En amont du participe présent et du participe passé il y un stade du possible, condition nécessaire mais pas suffisante.L’approche trinitaire.
la forme en « ble » indique une « possibilité » qui n’est pas passée en acte, ce qui est en capacité; en potentialité
La forme en ‘ant » correspond déjà une détermination plus forte, ce qui est en train de se faire
La forme en « ed » (ancien français, soit le « é » en français moderne) est celle de la réalisation., de ce qui est fait accompli
II SUFFIXES er, eur, or
Une autre catégorie est celle de finales masculines du français à valeur substantivalle. Joueur, qui devient en anglais player. Il est important de ne pas manquer un tel calque, d’autant qu’il conserve un suffise français, ce qui en trahit l’origine. Il est d’autant plus étrange que l’on persiste à considérer leader comme le type même de l’emprunt du français à l’anglais! On aurait tort de considérer leader comme une forme anglaise à part entière. Il s’agit en fait d’un calque particulier avec un suffixe français en « er » associé à un équivalent anglais pour ce qui est du radical « lead » En français, l’on dispose du masculin et du féminin: ul y a joueur mais aussi joueuse e t l’on pourrait tout à fait dire leadeur et leadeuse.
Rappelons que le français (cf nos vidéos à ce sujet) introduit une dualité entre la présence d’une consonne à l’écrit et son absence à l’oral ce qui est un phénoméne assez unique qui recoupe le ternaire exposé plus haut (ble.ant.ed)) On sait notamment que les consonnes finales sont censées ne pas s’entendre à l’oral, sauf fans certains cas. Au niveau morphosémantique, cela signifie que tout ce qui existe sur le papier ne doit pas nécessairement se « réaliser », c’est ce qui distingue l’électeur et l’élu.
JHB
01 08 20
Modulations préfixales et suffixales : une nouvelle approche (2020)
par Jacques Halbronn
On a coutume, dans les grammaires usuelles, de limiter les notions de préfixe et de suffixe à des éléments n’ayant pas d’autonomie et n’existant pas par eux-mêmes, et qui doivent donc se greffer avant (préfixe) ou après (suffixe) le mot. Or, dans certaines langues, ce qui tient lieu de préfixe ou de suffixe est assuré par des termes indépendants : on pense à la construction du futur en anglais, par le recours à un verbe dit auxiliaire ou au fait que dans les langues sémitiques l’article défini soit collé au mot (cf. infra). Pour notre part, nous proposons une acception sensiblement élargie du préfixe et du suffixe et qui dépasse les spécificités propres à telle ou telle langue. Pour nous, est pré ou suffixe tout ce qui vient moduler un nom ou un verbe, étant entendu que par nom et par verbe, nous entendons, à la base, des formes non pré ou suffixées. Il ne faudrait donc surtout pas se fier aveuglément aux définitions en vigueur de ce qu’est un pré ou un suffixe. Il est dommage que l’on ait opté traditionnellement pour un critère impliquant la transformation du mot et pas seulement son environnement. Notre définition, pour sa part, on l’aura compris, est environnementale.
Le français est une langue qui tend à sacrifier ses finales et à privilégier le recours aux préfixes. On sait en effet qu’une règle encore largement appliquée prévoit de ne pas prononcer une consonne à la fin d’un mot quand celle-ci n’est pas immédiatement suivie d’une voyelle, ce qui est le cas notamment des adjectifs au masculin ou au pluriel. C’est ainsi que le français ne comporte pas de marqueurs suffixaux oraux pour le pluriel. Ne parlons pas de l’absence de déclinaison suffixale en français.
En revanche, le français semble largement pourvu au niveau préfixal et c’est là que réside sa complexité en comparaison de la simplicité voire de la simplification au niveau suffixal.
Nous prendrons deux exemples : la préfixation du verbe et ce que nous avons appelé la déclinaison préfixale.
Alors que dans les langues germaniques, les verbes comportent souvent une désinence suffixale (par exemple : to go out), le français, pour sa part, s’est attaché à caractériser le verbe au niveau préfixal, notamment en créant des verbes à partir de noms (par exemple : encourage).
Or, nombre d’emprunts au français concernent précisément ces verbes préfixés à commencer par le préfixe de répétition : re, là où d’autres langues useraient d’un suffixe (Do it again).
La préfixation en français va jusqu’à privilégier le recours aux pronoms personnels là où d’autres langues se passent de ces formes, considérant que le verbe stricto sensu se suffit à lui-même.(Quiero, quieres en espagnol, sans Yo, Tu), ce qui permet ainsi au français de ne pas différencier à l’oreille le verbe, la différenciation résidant dans le préfixe. On retrouvera le même phénomène avec le rôle assigné à l’article placé devant des noms non différenciés.
Certes, les déclinaisons ont-elles disparu en français mais encore faudrait-il s’entendre sur les définitions. Nous soutiendrons, pour notre part, l’existence en français d’un assez lourd système de déclinaisons “préfixales”, c’est-à-dire se plaçant devant le nom.
Quand on dit en français “je veux de l’eau” ou tout simplement “de l’eau”, ce qui précédé le mot “eau” sera ainsi, de notre point de vue, qualifié de déclinaison préfixale, c’est-à-dire précédant le mot en question. Une approche comparative fait ressortir la spécificité d’un tel phénomène puisque là où le français dit “de l’eau”, d’autres langues européennes se contentent d’indiquer le mot signifiant “eau” sans “préfixe” : water, agua etc. Dans certains cas, le mot comportera une déclinaison postfixale, comme en russe, vodou.
Ainsi, là où de nombreuses langues se dispensent d’un tel appareillage devant le nom, le français, pour sa part, en maintient l’usage, lequel tournera le plus souvent autour de formes de type de/du/de la (singulier) des (pluriel) généralement associé à l’idée d’un génitif alors que cela couvre également l’accusatif. Cela explique notamment l’absence de cas possessif en français, forme fort répandue dans les langues germaniques.
Dire “donnez-moi du pain” – forme accusative- est à mettre en parallèle avec “la forme du pain” – forme génitive mais dans un cas cela s’articule directement sur un verbe, dans l’autre, ce n’est pas le cas. Or, ce qui nous intéresse ici concerne essentiellement la déclinaison du mot associé à un verbe, lequel peut être sous entendu comme dans “du pain, s’il vous plaît”, avec une ellipse de formes comme “j’en veux”, “donnez m’en” etc.
On peut d’ailleurs accorder à l’article défini un tel rôle de préfixation, d’autant qu’en français, c’est souvent le seul facteur de différenciation, du moins oralement, en raison de la non réalisation des marqueurs suffixaux de pluriel. Ex : La femme/Les femmes, le pont/les ponts etc.
On pourrait donc parler d’une véritable déclinaison préfixale qu’il conviendrait de décrire comme telle dans l’enseignement du français.
Bien entendu, le datif sera représenté préfixalement par la préposition “à” : je parle à mon père, ce qui est une forme assez répandue dans nombre de langues européennes, à la différence de l’accusatif préfixal ou du génitif préfixal.
On notera que l’anglais a quelque peu suivi le modèle français quand il fait précéder les noms de “some”, “any”. Par exemple : give me some water.
En fait, le français préfixe les noms dans les formes positives alors que nombre de langues réservent la préfixation aux formes négatives : no quiero agua. (espagnol) et restrictives (un peu) : quiero un poco (poquito) de agua.
Il y a donc des langues préfixantes et d’autres qui sont suffixantes, certaines comportant des marqueurs préfixaux et d’autres des marqueurs suffixaux. On notera cependant qu’en hébreu ou en arabe, le futur est préfixé (par rapport au radical consonantique) tandis que le passé, lui, est suffixé. Dans ces langues sémitiques, la suffixation concerne d’ailleurs le marqueur du possessif (en hébreu haBen shéli, littéralement : le fils qui est à moi) alors qu’en français, on marque la possession par un préfixe (ex : mon fils), ce qui est carrément impossible dans les langues sémitiques. De même en hébreu, le démonstratif est-il suffixal à la différence de nombre de langues européennes : Hasefer Hazé, ce livre. En arabe en revanche, autre langue sémitique, le démonstratif est préfixal.
On observera que la préfixation en arabe a souvent été mal analysée, ce qui explique que nombre d’emprunts à l’arabe (alcool, par exemple) comportent l’article défini : Al, lequel normalement aurait du être abandonné. Le non repérage d’une situation préfixale peut donc aisément conduire à un mauvais découpage morphologique avec maintien du préfixe de la langue prêteuse alors que le dit préfixe aurait du être remplacé par un équivalent propre à la langue emprunteuse.
Une des particularités du français réside bel et bien dans la difficulté à faire abstraction du préfixe pour appréhender le mot “nu”. Il est vrai que certaines préfixations vont jusqu’à se réduire à une seule lettre comme dans “j’aime” ou “l’oiseau”. On notera une certaine similitude entre le J’ français et le I anglais, pour la première personne du singulier.
Notons que dans les langues latines comme l’italien et l’espagnol, à la différence du français, le pronom personnel est souvent évacué, ce qui allège d’autant la suffixation: no puedo plutôt que Yo no puedo, en espagnol.
Dans le cadre du système préfixal français, on observera une lacune en ce qui concerne les pronoms personnels qui ne comportent pas de marqueur de genre, à la différence notamment des langues sémitiques, où existe une flexion du pronom, à toutes les personnes. (tu, neutre , en hébreu, ata (m), at (f). Il est remarquable que dans des sociétés où la marque du masculin et du féminin devrait être déterminante, on s’adresse en français de façon quasi identique à un homme et à une femme, du moins pour la construction du verbe.
Ce problème n’est d’ailleurs pas limité au français, les langues germaniques et latines restant morphologiquement dans le vague au niveau verbal alors qu’au niveau adjectival, elles établissent clairement une différence. Le phénomène est d’autant plus remarquable que la répartition des mots en masculin, féminin (le français, le et la) voire neutre (cf. cas de l’allemand, das) confirme une certaine tendance à fixer des marqueurs de genre.
On notera qu’en français, dans nombre de cas le marqueur ne concerne pas le sujet s’exprimant en tant qu’homme ou femme mais le genre de l’objet traité : ma maison n’indique pas que celui qui parle est une femme mais que le mot maison est féminin. En anglais et en allemand, le recours à la troisième personé désigne bien le genre du locuteur, ce qui n’est pas le cas en français : His child, son enfant à lui, Her child, son enfant à elle. En allemand, Sein (m) et Ihr (f) jouent le même rôle. Dans les langues latines, l’identité du sujet parlant n’a pas d’incidence préfixale mais uniquement suffixale : je suis surpris (e), tu es surpris(e). C’est probablement cette flexion suffixale qui pourrait expliquer le déficit préfixale en la matière mais cela suppose que le verbe était initialement suffixé selon le genre, ce qui n’est vrai que pour le passé composé : sono perduto/a (en italien). Le problème, c’est qu’en français, la marque suffixale du féminin au niveau du passé composé, visible à l’écrit est devenue généralement inaudible à l’oral, sauf si le passé composé se termine par une consonne : je suis perdu(e), je suis enchanté(e), alors que la distinction orale suffixale se maintient pour nombre d’adjectifs : je suis grand(e) mais je suis maudit (e).
On observe donc que le système des marqueurs de genre en français est dans son état actuel assez défectueux, que le préfixal ne compense pas toujours les manque du suffixal et vice versa. La désuffixation n’a pas débouché sur une préfixation rigoureuse.
Il reste qu’au niveau de la didactique des langues, il nous semble qu’il est urgent de mettre l’accent sur ces questions de préfixation et de suffixation, notamment quand il s’agit d’opposer la langue d’origine de l’élève de la langue cible. Préfixes et suffixes doivent être présentés comme des manières de préciser le contexte spatio-temporel – synchronique/Diachronique – dans lequel le mot est employé.
Encore faudrait-il se demander à quoi sert de dire “du pain” plutôt que “pain”, comme on le fait dans tant de langues européennes. Encore faudrait-il observer le recours fréquent à un marqueur quantitatif devant le mot : un peu (d’eau), beaucoup (d’eau). Ce qui est étonnant en français, c’est justement que l’on ne dise pas seulement : donnez moi un peu d’eau ou beaucoup d’eau mais donnez-moi de l’eau, ce qui génère d’ailleurs souvent chez les élèves la confusion : un peu de l’eau au lieu d’un peu d’eau, un peu du pain au lieu d’un peu de pain. L’usage de du (pain) au lieu de de (pain) introduit ici une notion de défini par opposition avec l’indéfini. On peut dire en français donnez-moi un peu de l’eau qui est dans la carafe, un peu du pain qui est sur la table, ce qui implique de préciser de quelle eau et de quel pain il est question. Mais que signifie : donnez -moi de l’eau, sans autre précision ? On ne peut pas parler de génitif, puisque ce serait “d’eau” et non pas “de l’eau”, comme dans “un verre d’eau”.
On pourrait également considérer comme un préfixe la marque de la négation encore qu’en français, on ait un régime mixte, puisque les éléments de la négation entourent le mot concerné : je ne veux pas alors qu’en anglais la négation est préfixale : I do not (don’t) want. Dans la plupart des langues d’ailleurs (comme en russe ou en arabe) la négation est exclusivement préfixale. Bien plus en français parlé, la préfixation négative est sautée, le poids étant mis sur la suffixation négative.
Paradoxalement, le français, dont la morphologie reste essentiellement préfixale, aura surtout exporté ses constructions suffixales comme en témoigne en anglais une très longue série de mots français signalés par leurs finales, en ot, et, ine, ure, etc.
En conclusion de cette brève étude, on aura compris que nous avons adopté une conception extensive des termes préfixes et suffixes, ne réservant pas cet emploi à ce qui est collé devant ou après le mot, à l’écrit, mais incluant, dans cette acception, les formules qui précédent ou suivent le mot, quand bien seraient-elles isolées spatialement du mot considéré. De même avons-nous assimilé préfixe et suffixe à un régime flexionnel, au même titre que les déclinaisons et les conjugaisons. On notera cependant qu’un préfixe peut aussi être dans ces conditions appréhendé comme un suffixe : quand je dis “je veux de l’eau”, est-ce que “de” est préfixal par rapport à “l’eau” ou suffixal par rapport à “je veux” ? Selon notre approche, nous préférons y voir un préfixe.
On ne saurait qualifier, pour autant, le français de langue préfixale : c’est ainsi que la marque du futur en français est suffixale et non préfixale, à la différence des langues sémitiques : je chanterai, (ani) Ashir (hébreu). Il reste que le français tend fortement à se désuffixer, non seulement par l’absence des déclinaisons, mais aussi par des conjugaisons peu différenciées oralement : ex : il chante/ils chantent, ce qui entraîne la nécessité d’un renforcement de la préfixation, d’où la notion de déclinaison préfixale que nous suggérons, si bien que l’on ne saurait affirmer que la suppression de la déclinaison suffixale allège nécessairement une langue. Signalons également le cas de la préfixation adjectivale dans nombre de langues, comme l’allemand qui ne place jamais l’adjectif après le nom, pas plus d’ailleurs que l’anglais alors que l’italien et l’espagnol optent pour une position suffixale de l’adjectif. En français, le régime est mixte avec des nuances sémitiques : un homme grand et un grand homme.
Dans le cadre de nos travaux sur l’influence du français sur l’anglais et sur le rôle du français comme vecteur de convergence entre langues européennes, ce qui peut leur conférer une impression trompeuse d’unité, comment la suffixation du français se manifeste-t-elle sur l’anglais ? L’anglais n’a pas emprunté aux langues latines la préfixation des formes possessives comme dans je te parle alors que l’anglais est suffixant puisqu’il donne I speak to you. I shall tell you, la forme suffixale étant emphatique en français, je te le dis à toi. En revanche, on l’a vu la négation verbale en anglais (don’t, doesn’t) est bien différente de celle de l’allemand et paraît somme toute plus se rapprocher du français, par sa préfixalité comportant le ”ne” préfixal. En revanche, la formation du futur en anglais et en allemand est préfixale (I shall pray, je prierai) encore que cela puisse se rapprocher de formes françaises du type je vais prier.
L’usage du préfixe « Re » en français
La langue française comporte un préfixe bien commode, le re. Quand on interroge des locuteurs sur son emploi, on nous parle de répétition, en songeant à refaire, à redire etc. mais est-ce que reconnaître signifie connaître à nouveau, encore ? Et pourquoi ne dit-on pas, en français “je reconnais que j’ai raison” alors que l’on dit “reconnaître ses torts” ?
C’est que ce préfixe est finalement mal décrit ou plutôt que son champ sémantique a été mal balisé. Décalage, au demeurant, entre l’usage et la conscience de l’usage.
En fait, dans ce re-, il y a une insistance, il y a un retour par rapport à un premier mouvement, une “second thought”, comme disent les anglais.
Imaginons que l’on me présente la photo d’un enfant et qu’il me semble qu’il s’agit d’un de mes amis que je connais depuis quelques années seulement mais qui a une cinquantaine d’années, je dirai : “je crois que je reconnais X”, ce qui signifie : je n’en suis pas absolument certain, vu l’ancienneté de la photo mais, finalement, oui, c’est probablement X. Mais il reste un doute.
Ce préfixe -re n’exprime donc nullement l’évidence mais une insistance en dépit des obstacles, des doutes. Ce re implique une réflexion. Quand je dis : on va recommencer”; cela signifie en fait que l’on pourrait s’arrêter mais que – au bout du compte – on va réessayer. Autrement dit, on serait tenté de ne pas poursuivre mais on va quand même s’y remettre.
Le re- implique une forme de restriction mentale, de tendance à ne pas insister mais que l’on va vouloir dépasser. Je reconnais ceci ou cela mais cela me coûte. C’est pourquoi on ne dira pas : je reconnais avoir raison parce que cela ne coûte guère d’être satisfait de soi-même. On dira plutôt : j’estime avoir raison.
On est donc assez loin de la seule idée de répétition à moins d’admettre que toute répétition est coûteuse. On dit à quelqu’un : attention, je ne veux pas avoir à vous le redire ! Parce que, en effet, l’acte même de se répéter pose problème.
Est -ce que ce re dès lors n’est pas l’expression d’une conscience, dans tous les sens du terme ? En me répétant, est-ce que je ne deviens pas une machine ? Je me répète, quand même, mais en sachant que ce n’est pas forcément la meilleure chose à faire que de passer d’un propos spontané à un processus répétitif. Ce re est, quelque part, transgressif, on franchit un certain Rubicon !
Ainsi, une relance, c’est ne pas se résigner à l’épuisement d’une précédente tentative. Il faut rebondir. On ne devrait pas se répéter mais, tout de même, on y consent.
Est-ce que ce re- a le même sens que le “encore” ? Je le refais, je le fais encore. Ce serait plutôt un “encore que” et il est remarquable que encore suivi de que, ait un sens apparemment différent quand on ne se rend pas compte que le fait de dire “encore” implique un “encore que” tant toute répétition est en soi, éthiquement, problématique.
Ce re qui serait une abréviation du enco(re), a perdu son enjeu dans notre société, tant le fait de se répéter ne pose plus problème, comme si nous avions adopté les valeurs des machines qui ne demandent qu’à refaire les choses indéfiniment. L’effort du encore est étranger à la machine. Et d’ailleurs, quelle différence entre copier à la main un texte et le photocopier ! Ce re ne nous coûte plus cher.
Nous avons là un exemple de par cette perte de conscience de la signification du encore, de notre propre perte de conscience face à l’acte de reproduction, dans tous les sens du terme. Il y a comme une banalisation, une dédramatisation, de l’encore.
Si on prend le mot “recherche”, qu’est ce à dire par rapport à “chercher” ? Est-ce que cela signifie chercher encore ? D’ailleurs, on parle d’un chercheur mais de recherche. Il y a un acte plus intensif dans la recherche. Je cherche une poubelle. On ne dit pas : je recherche une poubelle ou alors il faut préciser que ce n’est pas de n’importe quelle poubelle qu’il s’agit. Autrement dit, il y a là une quête plus pointue dans rechercher que dans chercher.
Prenons le verbe “rentrer” : je rentre chez moi. Je pourrai ne pas le faire, rester hors de chez moi indéfiniment mais je me résous, au prix d’un certain effort, à rejoindre mon domicile.
Dans l’idée d’encore, il y a aussi la crainte d’une certaine inutilité, de quelque vanité : je vais revoir ce film mais est-ce que cela en vaut vraiment la peine puisque j’en avais gardé un certain souvenir, une certaine trace. Or, dans le Livre de l’Ecclésiaste, dont le thème principal est justement la vanité, il est question de ce qui se répète : rien de nouveau sous le soleil. L’Ecclésiaste serait donc l’expression d’un certain scepticisme qui refuse le encore tant cet encore nous apparaît comme un pari. Une éthique qui se refuse à recommencer puisque cela ne sera pas -forcément- mieux, la prochaine fois ou avec quelqu’un d’autre. C’est l’idée de la rencontre, qui suppose d’aller vers un autre et cette altérité est aussi une forme d’encore. Mais à quoi va nous servir de rencontrer quelqu’un de nouveau ? Il faut pour accepter ce renouvellement, avoir matière à espérance, avoir des raisons d’attendre quelque heureuse surprise.. .Il y a dans cet encore l’idée d’une possible résurrection, d’un retour..
Prenons le verbe : représenter. C’est précisément dans l’absence et non dans la présence que l’on représente, autrement dit, on essaie de rendre présent ce qui ne l’est pas, en dépit, au mépris de l’absence. Je me représente est d’ailleurs synonyme de je m’imagine, je suppose.
Il y a d’ailleurs dans cet encore quelque chose d’hypothétique : quand je dis “au revoir”, il faudrait souvent dire “sait-on jamais ?”, “pourquoi pas ?”. Rien d’évident de revoir quelqu’un que précisément on quitte, qu’on ne verra peut-être plus de sitôt. C’est le retour de l’enfant prodigue, celui dont on n’avait plus de nouvelles et qui, soudain, réapparaît, donne signe de vie.
Le Club Méditerranée a d’ailleurs récemment utilisé ce préfixe dans ses publicités, rendant heureux par “re” comme si la répétition était source de bonheur alors qu’elle a un caractère involutif, régressif mais peut être est-ce cela précisément que le bonheur surtout quand ce re a quelque chose de virtuel ?
Ce “re” implique de repartir à zéro comme si de rien n’était, en faisant quasiment abstraction du passé. Ce re a quelque chose d’amnésique.
Plus et encore
A l’opposé d’encore, nous avons plus. Pas dans le sens de j’en veux plus mis dans celui de je n’en veux plus, donc avec une négation (voit notre article sur la négation sur ce site).
Curieusement, ce plus revêt deux sens opposés selon le contexte et on sait qu’en français, on ne prononce pas plus de la même façon dans les deux cas, ce qui est bien utile, étant donné que l’on a tendance à ne pas user de la négation dans la communication orale : T’en veux plus (on n’entend pas le s final) ou t’en veux pluss ou plus encore. Mais nous intéresse à présent, le plus qui s’oppose à encore et non celui qui est en redondance avec lui.
On sait, en effet, qu’ un terme ne peut se définir que par rapport à son opposé : encore se définit par plus, pas plus ou si l’on préfère, encore ne fait sens que parce qu’il y a la perspective du pas plus. Bien que l’on puisse être amené à en rester là (pas plus), on n’en continue pas moins (néanmoins) : re-. Dans cette forme néanmoins, il y a moins – minus – qui dit bien tout ce qui justifierait que l’on n’aille pas plus loin. On s’aperçoit donc que les deux plus ne font qu’un : plus et pas plus. Mais dans la forme, je n’en veux plus, on ne pense pas à plus (+) tout comme dans néanmoins, on ne pense pas à minus (-)
Nous aurions là affaire à une sorte d’arithmétique, où l’on additionne ou soustrait, où l’on accroît ou décroît, où l’on augmente et où l’on diminue. Et de fait, une grande question existentielle est de savoir, à un moment donné, face à une situation donnée, s’il faut continuer ou bien tourner la page. Il est normal que le langage porte les marques d’une telle problématique.
Une tonalité restrictive
Plus ou moins, that is the question ! Notre re- est du côté du plus (encore) mais il n’oublie nullement le (pas) plus (moins), il en tient compte. Il n’y a pas de plus en soi, il n’y a de plus que par rapport au moins. D’où ce -re qui nous dit : tout en sachant qu’il y a des raisons pour le moins (ce qui impliquerait : stopper, faire halte, s’accorder en tout cas une pause), je vais essayer d’en faire plus (aller de l’avant, se reprendre). Dans ce re- positif, il y a un dépassement dialectique du négatif, c’est la synthèse qui est dépassement de l’antithèse (-)
Reconnaître son enfant, au sens juridique, cela signifie que l’on pourrait ne pas le faire, s’en dispenser mais que l’on acceptera, cependant, de s’en dire le père. Il y a là une concession, presque un sursis. On va réessayer mais si cette fois ça ne marche pas, eh bien on n’insistera pas/plus.
Il serait évidemment souhaitable de réexaminer tous les verbes français construits avec -re, dont le préfixe re- est partie intégrante, pour en dégager cette dynamique plus ou moins enfouie. A cela s’ajoute le fait que désormais ce -re est plus ou moins devenu passe-partout et qu’on peut le placer, à l’occasion, dans n’importe quelle phrase. Par exemple : tu en reveux, revouloir n’étant pas dans le dictionnaire.
On voit que la recherche linguistique ne peut faire abstraction de certains enjeux éthiques et qu’elle peut nous révéler l’état d’une société selon les nuances devenues inconscientes. On serait ainsi passé d’un langage prenant en compte une dialectique complexe à une simple idée d’un re- pour dire, à nouveau comme si la nouveauté n’était pas un combat contre une certaine cristallisation"
JHB 18 05 25
vendredi 9 mai 2025
jacques halbronn Anthropolinguistique. Chaque mot peut être sémantiquement inversé.
1 août 2020
Morphosémantique des préfixes et des suffixes
par Jacques Halbronn
Nous avions déjà consacré, il y a une quinzaine d’années une étude aux préfixes « re » et « de », (reproduite en annexe ci-dessous, lesquels référent selon nous à une dimension cyclique : retour et départ. et antérieurement Linguistique de l’erreur et épistémologie populaire 1987 et. Essai de description critique du systéme du français à la lumière des relations interlinguistiques 1989.
On retrouve un tel dispositif en anglais. Nous avons par ailleurs mis en évidence nn systéme ternaire en ce qui concerne , cette fois, les suffixes, se substituant au sytéme binaire en vigueur -participe présent/participe passé signifiant-signifié en introduisant le suffixe en « ble »: possible, capable, également passé en anglais. Là encore, il importe de dégager une dimension morphosémantique. Nous insisterons sur le phénoméne des calques, lors du passage subreptice d’une langue à une autre, ce qui permet d’élargir sensiblement la question de l’emprunt linguistique. L’idée est notamment de montrer que les préfixes sont dotés d’une forte charge sémantique et sont donc assimilables à des noms. Cette catégorie est à distinguer des marqueurs de déclinaison et de conjugaison.
Prenons le cas Malaise/ qui devient en anglais Disease parce que ‘mal » est souvent rendu dans cette langue par « dis » On parle de « malfunction » alors qu’en français moderne on parle de « dysfonctionnement ».
I SUFFIXES Ble, ant, ed
Ces trois préfixes correspondent à des champs de plus en plus restreints, et au passage de la présence à l’absence, C’est comme dans une compétition: au début tout le monde participe et puis au bout d’un certain temps, le nombre de personnes en lice se rétrécit comme peau de chagrin. En amont du participe présent et du participe passé il y un stade du possible, condition nécessaire mais pas suffisante.L’approche trinitaire.
la forme en « ble » indique une « possibilité » qui n’est pas passée en acte, ce qui est en capacité; en potentialité
La forme en ‘ant » correspond déjà une détermination plus forte, ce qui est en train de se faire
La forme en « ed » (ancien français, soit le « é » en français moderne) est celle de la réalisation., de ce qui est fait accompli
II SUFFIXES er, eur, or
Une autre catégorie est celle de finales masculines du français à valeur substantivalle. Joueur, qui devient en anglais player. Il est important de ne pas manquer un tel calque, d’autant qu’il conserve un suffise français, ce qui en trahit l’origine. Il est d’autant plus étrange que l’on persiste à considérer leader comme le type même de l’emprunt du français à l’anglais! On aurait tort de considérer leader comme une forme anglaise à part entière. Il s’agit en fait d’un calque particulier avec un suffixe français en « er » associé à un équivalent anglais pour ce qui est du radical « lead » En français, l’on dispose du masculin et du féminin: ul y a joueur mais aussi joueuse e t l’on pourrait tout à fait dire leadeur et leadeuse.
Rappelons que le français (cf nos vidéos à ce sujet) introduit une dualité entre la présence d’une consonne à l’écrit et son absence à l’oral ce qui est un phénoméne assez unique qui recoupe le ternaire exposé plus haut (ble.ant.ed)) On sait notamment que les consonnes finales sont censées ne pas s’entendre à l’oral, sauf fans certains cas. Au niveau morphosémantique, cela signifie que tout ce qui existe sur le papier ne doit pas nécessairement se « réaliser », c’est ce qui distingue l’électeur et l’élu.
JHB
01 08 20
ANNEXES
17
Modulations préfixales et suffixales : une nouvelle approche
par Jacques Halbronn
On a coutume, dans les grammaires usuelles, de limiter les notions de préfixe et de suffixe à des éléments n’ayant pas d’autonomie et n’existant pas par eux-mêmes, et qui doivent donc se greffer avant (préfixe) ou après (suffixe) le mot. Or, dans certaines langues, ce qui tient lieu de préfixe ou de suffixe est assuré par des termes indépendants : on pense à la construction du futur en anglais, par le recours à un verbe dit auxiliaire ou au fait que dans les langues sémitiques l’article défini soit collé au mot (cf. infra). Pour notre part, nous proposons une acception sensiblement élargie du préfixe et du suffixe et qui dépasse les spécificités propres à telle ou telle langue. Pour nous, est pré ou suffixe tout ce qui vient moduler un nom ou un verbe, étant entendu que par nom et par verbe, nous entendons, à la base, des formes non pré ou suffixées. Il ne faudrait donc surtout pas se fier aveuglément aux définitions en vigueur de ce qu’est un pré ou un suffixe. Il est dommage que l’on ait opté traditionnellement pour un critère impliquant la transformation du mot et pas seulement son environnement. Notre définition, pour sa part, on l’aura compris, est environnementale.
Le français est une langue qui tend à sacrifier ses finales et à privilégier le recours aux préfixes. On sait en effet qu’une règle encore largement appliquée prévoit de ne pas prononcer une consonne à la fin d’un mot quand celle-ci n’est pas immédiatement suivie d’une voyelle, ce qui est le cas notamment des adjectifs au masculin ou au pluriel. C’est ainsi que le français ne comporte pas de marqueurs suffixaux oraux pour le pluriel. Ne parlons pas de l’absence de déclinaison suffixale en français.
En revanche, le français semble largement pourvu au niveau préfixal et c’est là que réside sa complexité en comparaison de la simplicité voire de la simplification au niveau suffixal.
Nous prendrons deux exemples : la préfixation du verbe et ce que nous avons appelé la déclinaison préfixale.
Alors que dans les langues germaniques, les verbes comportent souvent une désinence suffixale (par exemple : to go out), le français, pour sa part, s’est attaché à caractériser le verbe au niveau préfixal, notamment en créant des verbes à partir de noms (par exemple : encourage).
Or, nombre d’emprunts au français concernent précisément ces verbes préfixés à commencer par le préfixe de répétition : re, là où d’autres langues useraient d’un suffixe (Do it again).
La préfixation en français va jusqu’à privilégier le recours aux pronoms personnels là où d’autres langues se passent de ces formes, considérant que le verbe stricto sensu se suffit à lui-même.(Quiero, quieres en espagnol, sans Yo, Tu), ce qui permet ainsi au français de ne pas différencier à l’oreille le verbe, la différenciation résidant dans le préfixe. On retrouvera le même phénomène avec le rôle assigné à l’article placé devant des noms non différenciés.
Certes, les déclinaisons ont-elles disparu en français mais encore faudrait-il s’entendre sur les définitions. Nous soutiendrons, pour notre part, l’existence en français d’un assez lourd système de déclinaisons “préfixales”, c’est-à-dire se plaçant devant le nom.
Quand on dit en français “je veux de l’eau” ou tout simplement “de l’eau”, ce qui précédé le mot “eau” sera ainsi, de notre point de vue, qualifié de déclinaison préfixale, c’est-à-dire précédant le mot en question. Une approche comparative fait ressortir la spécificité d’un tel phénomène puisque là où le français dit “de l’eau”, d’autres langues européennes se contentent d’indiquer le mot signifiant “eau” sans “préfixe” : water, agua etc. Dans certains cas, le mot comportera une déclinaison postfixale, comme en russe, vodou.
Ainsi, là où de nombreuses langues se dispensent d’un tel appareillage devant le nom, le français, pour sa part, en maintient l’usage, lequel tournera le plus souvent autour de formes de type de/du/de la (singulier) des (pluriel) généralement associé à l’idée d’un génitif alors que cela couvre également l’accusatif. Cela explique notamment l’absence de cas possessif en français, forme fort répandue dans les langues germaniques.
Dire “donnez-moi du pain” – forme accusative- est à mettre en parallèle avec “la forme du pain” – forme génitive mais dans un cas cela s’articule directement sur un verbe, dans l’autre, ce n’est pas le cas. Or, ce qui nous intéresse ici concerne essentiellement la déclinaison du mot associé à un verbe, lequel peut être sous entendu comme dans “du pain, s’il vous plaît”, avec une ellipse de formes comme “j’en veux”, “donnez m’en” etc.
On peut d’ailleurs accorder à l’article défini un tel rôle de préfixation, d’autant qu’en français, c’est souvent le seul facteur de différenciation, du moins oralement, en raison de la non réalisation des marqueurs suffixaux de pluriel. Ex : La femme/Les femmes, le pont/les ponts etc.
On pourrait donc parler d’une véritable déclinaison préfixale qu’il conviendrait de décrire comme telle dans l’enseignement du français.
Bien entendu, le datif sera représenté préfixalement par la préposition “à” : je parle à mon père, ce qui est une forme assez répandue dans nombre de langues européennes, à la différence de l’accusatif préfixal ou du génitif préfixal.
On notera que l’anglais a quelque peu suivi le modèle français quand il fait précéder les noms de “some”, “any”. Par exemple : give me some water.
En fait, le français préfixe les noms dans les formes positives alors que nombre de langues réservent la préfixation aux formes négatives : no quiero agua. (espagnol) et restrictives (un peu) : quiero un poco (poquito) de agua.
Il y a donc des langues préfixantes et d’autres qui sont suffixantes, certaines comportant des marqueurs préfixaux et d’autres des marqueurs suffixaux. On notera cependant qu’en hébreu ou en arabe, le futur est préfixé (par rapport au radical consonantique) tandis que le passé, lui, est suffixé. Dans ces langues sémitiques, la suffixation concerne d’ailleurs le marqueur du possessif (en hébreu haBen shéli, littéralement : le fils qui est à moi) alors qu’en français, on marque la possession par un préfixe (ex : mon fils), ce qui est carrément impossible dans les langues sémitiques. De même en hébreu, le démonstratif est-il suffixal à la différence de nombre de langues européennes : Hasefer Hazé, ce livre. En arabe en revanche, autre langue sémitique, le démonstratif est préfixal.
On observera que la préfixation en arabe a souvent été mal analysée, ce qui explique que nombre d’emprunts à l’arabe (alcool, par exemple) comportent l’article défini : Al, lequel normalement aurait du être abandonné. Le non repérage d’une situation préfixale peut donc aisément conduire à un mauvais découpage morphologique avec maintien du préfixe de la langue prêteuse alors que le dit préfixe aurait du être remplacé par un équivalent propre à la langue emprunteuse.
Une des particularités du français réside bel et bien dans la difficulté à faire abstraction du préfixe pour appréhender le mot “nu”. Il est vrai que certaines préfixations vont jusqu’à se réduire à une seule lettre comme dans “j’aime” ou “l’oiseau”. On notera une certaine similitude entre le J’ français et le I anglais, pour la première personne du singulier.
Notons que dans les langues latines comme l’italien et l’espagnol, à la différence du français, le pronom personnel est souvent évacué, ce qui allège d’autant la suffixation: no puedo plutôt que Yo no puedo, en espagnol.
Dans le cadre du système préfixal français, on observera une lacune en ce qui concerne les pronoms personnels qui ne comportent pas de marqueur de genre, à la différence notamment des langues sémitiques, où existe une flexion du pronom, à toutes les personnes. (tu, neutre , en hébreu, ata (m), at (f). Il est remarquable que dans des sociétés où la marque du masculin et du féminin devrait être déterminante, on s’adresse en français de façon quasi identique à un homme et à une femme, du moins pour la construction du verbe.
Ce problème n’est d’ailleurs pas limité au français, les langues germaniques et latines restant morphologiquement dans le vague au niveau verbal alors qu’au niveau adjectival, elles établissent clairement une différence. Le phénomène est d’autant plus remarquable que la répartition des mots en masculin, féminin (le français, le et la) voire neutre (cf. cas de l’allemand, das) confirme une certaine tendance à fixer des marqueurs de genre.
On notera qu’en français, dans nombre de cas le marqueur ne concerne pas le sujet s’exprimant en tant qu’homme ou femme mais le genre de l’objet traité : ma maison n’indique pas que celui qui parle est une femme mais que le mot maison est féminin. En anglais et en allemand, le recours à la troisième personé désigne bien le genre du locuteur, ce qui n’est pas le cas en français : His child, son enfant à lui, Her child, son enfant à elle. En allemand, Sein (m) et Ihr (f) jouent le même rôle. Dans les langues latines, l’identité du sujet parlant n’a pas d’incidence préfixale mais uniquement suffixale : je suis surpris (e), tu es surpris(e). C’est probablement cette flexion suffixale qui pourrait expliquer le déficit préfixale en la matière mais cela suppose que le verbe était initialement suffixé selon le genre, ce qui n’est vrai que pour le passé composé : sono perduto/a (en italien). Le problème, c’est qu’en français, la marque suffixale du féminin au niveau du passé composé, visible à l’écrit est devenue généralement inaudible à l’oral, sauf si le passé composé se termine par une consonne : je suis perdu(e), je suis enchanté(e), alors que la distinction orale suffixale se maintient pour nombre d’adjectifs : je suis grand(e) mais je suis maudit (e).
On observe donc que le système des marqueurs de genre en français est dans son état actuel assez défectueux, que le préfixal ne compense pas toujours les manque du suffixal et vice versa. La désuffixation n’a pas débouché sur une préfixation rigoureuse.
Il reste qu’au niveau de la didactique des langues, il nous semble qu’il est urgent de mettre l’accent sur ces questions de préfixation et de suffixation, notamment quand il s’agit d’opposer la langue d’origine de l’élève de la langue cible. Préfixes et suffixes doivent être présentés comme des manières de préciser le contexte spatio-temporel – synchronique/Diachronique – dans lequel le mot est employé.
Encore faudrait-il se demander à quoi sert de dire “du pain” plutôt que “pain”, comme on le fait dans tant de langues européennes. Encore faudrait-il observer le recours fréquent à un marqueur quantitatif devant le mot : un peu (d’eau), beaucoup (d’eau). Ce qui est étonnant en français, c’est justement que l’on ne dise pas seulement : donnez moi un peu d’eau ou beaucoup d’eau mais donnez-moi de l’eau, ce qui génère d’ailleurs souvent chez les élèves la confusion : un peu de l’eau au lieu d’un peu d’eau, un peu du pain au lieu d’un peu de pain. L’usage de du (pain) au lieu de de (pain) introduit ici une notion de défini par opposition avec l’indéfini. On peut dire en français donnez-moi un peu de l’eau qui est dans la carafe, un peu du pain qui est sur la table, ce qui implique de préciser de quelle eau et de quel pain il est question. Mais que signifie : donnez -moi de l’eau, sans autre précision ? On ne peut pas parler de génitif, puisque ce serait “d’eau” et non pas “de l’eau”, comme dans “un verre d’eau”.
On pourrait également considérer comme un préfixe la marque de la négation encore qu’en français, on ait un régime mixte, puisque les éléments de la négation entourent le mot concerné : je ne veux pas alors qu’en anglais la négation est préfixale : I do not (don’t) want. Dans la plupart des langues d’ailleurs (comme en russe ou en arabe) la négation est exclusivement préfixale. Bien plus en français parlé, la préfixation négative est sautée, le poids étant mis sur la suffixation négative.
Paradoxalement, le français, dont la morphologie reste essentiellement préfixale, aura surtout exporté ses constructions suffixales comme en témoigne en anglais une très longue série de mots français signalés par leurs finales, en ot, et, ine, ure, etc.
En conclusion de cette brève étude, on aura compris que nous avons adopté une conception extensive des termes préfixes et suffixes, ne réservant pas cet emploi à ce qui est collé devant ou après le mot, à l’écrit, mais incluant, dans cette acception, les formules qui précédent ou suivent le mot, quand bien seraient-elles isolées spatialement du mot considéré. De même avons-nous assimilé préfixe et suffixe à un régime flexionnel, au même titre que les déclinaisons et les conjugaisons. On notera cependant qu’un préfixe peut aussi être dans ces conditions appréhendé comme un suffixe : quand je dis “je veux de l’eau”, est-ce que “de” est préfixal par rapport à “l’eau” ou suffixal par rapport à “je veux” ? Selon notre approche, nous préférons y voir un préfixe.
On ne saurait qualifier, pour autant, le français de langue préfixale : c’est ainsi que la marque du futur en français est suffixale et non préfixale, à la différence des langues sémitiques : je chanterai, (ani) Ashir (hébreu). Il reste que le français tend fortement à se désuffixer, non seulement par l’absence des déclinaisons, mais aussi par des conjugaisons peu différenciées oralement : ex : il chante/ils chantent, ce qui entraîne la nécessité d’un renforcement de la préfixation, d’où la notion de déclinaison préfixale que nous suggérons, si bien que l’on ne saurait affirmer que la suppression de la déclinaison suffixale allège nécessairement une langue. Signalons également le cas de la préfixation adjectivale dans nombre de langues, comme l’allemand qui ne place jamais l’adjectif après le nom, pas plus d’ailleurs que l’anglais alors que l’italien et l’espagnol optent pour une position suffixale de l’adjectif. En français, le régime est mixte avec des nuances sémitiques : un homme grand et un grand homme.
Dans le cadre de nos travaux sur l’influence du français sur l’anglais et sur le rôle du français comme vecteur de convergence entre langues européennes, ce qui peut leur conférer une impression trompeuse d’unité, comment la suffixation du français se manifeste-t-elle sur l’anglais ? L’anglais n’a pas emprunté aux langues latines la préfixation des formes posssessives comme dans je te parle alors que l’anglais est suffixant puisqu’il donne I speak to you. I shall tell you, la forme suffixale étant emphatique en français, je te le dis à toi. En revanche, on l’a vu la négation verbale en anglais (don’t, doesn’t) est bien différente de celle de l’allemand et paraît somme toute plus se rapprocher du français, par sa préfixalité comportant le ”ne” préfixal. En revanche, la formation du futur en anglais et en allemand est préfixale (I shall pray, je prierai) encore que cela puisse se rapprocher de formes françaises du type je vais prier.
Jacques Halbronn Paris, 23 juin 2004
L’usage du préfixe « Re » en français
La langue française comporte un préfixe bien commode, le re. Quand on interroge des locuteurs sur son emploi, on nous parle de répétition, en songeant à refaire, à redire etc. mais est-ce que reconnaître signifie connaître à nouveau, encore ? Et pourquoi ne dit-on pas, en français “je reconnais que j’ai raison” alors que l’on dit “reconnaître ses torts” ?
C’est que ce préfixe est finalement mal décrit ou plutôt que son champ sémantique a été mal balisé. Décalage, au demeurant, entre l’usage et la conscience de l’usage.
En fait, dans ce re-, il y a une insistance, il y a un retour par rapport à un premier mouvement, une “second thought”, comme disent les anglais.
Imaginons que l’on me présente la photo d’un enfant et qu’il me semble qu’il s’agit d’un de mes amis que je connais depuis quelques années seulement mais qui a une cinquantaine d’années, je dirai : “je crois que je reconnais X”, ce qui signifie : je n’en suis pas absolument certain, vu l’ancienneté de la photo mais, finalement, oui, c’est probablement X. Mais il reste un doute.
Ce préfixe -re n’exprime donc nullement l’évidence mais une insistance en dépit des obstacles, des doutes. Ce re implique une réflexion. Quand je dis : on va recommencer”; cela signifie en fait que l’on pourrait s’arrêter mais que – au bout du compte – on va réessayer. Autrement dit, on serait tenté de ne pas poursuivre mais on va quand même s’y remettre.
Le re- implique une forme de restriction mentale, de tendance à ne pas insister mais que l’on va vouloir dépasser. Je reconnais ceci ou cela mais cela me coûte. C’est pourquoi on ne dira pas : je reconnais avoir raison parce que cela ne coûte guère d’être satisfait de soi-même. On dira plutôt : j’estime avoir raison.
On est donc assez loin de la seule idée de répétition à moins d’admettre que toute répétition est coûteuse. On dit à quelqu’un : attention, je ne veux pas avoir à vous le redire ! Parce que, en effet, l’acte même de se répéter pose problème.
Est -ce que ce re dès lors n’est pas l’expression d’une conscience, dans tous les sens du terme ? En me répétant, est-ce que je ne deviens pas une machine ? Je me répète, quand même, mais en sachant que ce n’est pas forcément la meilleure chose à faire que de passer d’un propos spontané à un processus répétitif. Ce re est, quelque part, transgressif, on franchit un certain Rubicon !
Ainsi, une relance, c’est ne pas se résigner à l’épuisement d’une précédente tentative. Il faut rebondir. On ne devrait pas se répéter mais, tout de même, on y consent.
Est-ce que ce re- a le même sens que le “encore” ? Je le refais, je le fais encore. Ce serait plutôt un “encore que” et il est remarquable que encore suivi de que, ait un sens apparemment différent quand on ne se rend pas compte que le fait de dire “encore” implique un “encore que” tant toute répétition est en soi, éthiquement, problématique.
Ce re qui serait une abréviation du enco(re), a perdu son enjeu dans notre société, tant le fait de se répéter ne pose plus problème, comme si nous avions adopté les valeurs des machines qui ne demandent qu’à refaire les choses indéfiniment. L’effort du encore est étranger à la machine. Et d’ailleurs, quelle différence entre copier à la main un texte et le photocopier ! Ce re ne nous coûte plus cher.
Nous avons là un exemple de par cette perte de conscience de la signification du encore, de notre propre perte de conscience face à l’acte de reproduction, dans tous les sens du terme. Il y a comme une banalisation, une dédramatisation, de l’encore.
Si on prend le mot “recherche”, qu’est ce à dire par rapport à “chercher” ? Est-ce que cela signifie chercher encore ? D’ailleurs, on parle d’un chercheur mais de recherche. Il y a un acte plus intensif dans la recherche. Je cherche une poubelle. On ne dit pas : je recherche une poubelle ou alors il faut préciser que ce n’est pas de n’importe quelle poubelle qu’il s’agit. Autrement dit, il y a là une quête plus pointue dans rechercher que dans chercher.
Prenons le verbe “rentrer” : je rentre chez moi. Je pourrai ne pas le faire, rester hors de chez moi indéfiniment mais je me résous, au prix d’un certain effort, à rejoindre mon domicile.
Dans l’idée d’encore, il y a aussi la crainte d’une certaine inutilité, de quelque vanité : je vais revoir ce film mais est-ce que cela en vaut vraiment la peine puisque j’en avais gardé un certain souvenir, une certaine trace. Or, dans le Livre de l’Ecclésiaste, dont le thème principal est justement la vanité, il est question de ce qui se répète : rien de nouveau sous le soleil. L’Ecclésiaste serait donc l’expression d’un certain scepticisme qui refuse le encore tant cet encore nous apparaît comme un pari. Une éthique qui se refuse à recommencer puisque cela ne sera pas -forcément- mieux, la prochaine fois ou avec quelqu’un d’autre. C’est l’idée de la rencontre, qui suppose d’aller vers un autre et cette altérité est aussi une forme d’encore. Mais à quoi va nous servir de rencontrer quelqu’un de nouveau ? Il faut pour accepter ce renouvellement, avoir matière à espérance, avoir des raisons d’attendre quelque heureuse surprise.. .Il y a dans cet encore l’idée d’une possible résurrection, d’un retour..
Prenons le verbe : représenter. C’est précisément dans l’absence et non dans la présence que l’on représente, autrement dit, on essaie de rendre présent ce qui ne l’est pas, en dépit, au mépris de l’absence. Je me représente est d’ailleurs synonyme de je m’imagine, je suppose.
Il y a d’ailleurs dans cet encore quelque chose d’hypothétique : quand je dis “au revoir”, il faudrait souvent dire “sait-on jamais ?”, “pourquoi pas ?”. Rien d’évident de revoir quelqu’un que précisément on quitte, qu’on ne verra peut-être plus de sitôt. C’est le retour de l’enfant prodigue, celui dont on n’avait plus de nouvelles et qui, soudain, réapparaît, donne signe de vie.
Le Club Méditerranée a d’ailleurs récemment utilisé ce préfixe dans ses publicités, rendant heureux par “re” comme si la répétition était source de bonheur alors qu’elle a un caractère involutif, régressif mais peut être est-ce cela précisément que le bonheur surtout quand ce re a quelque chose de virtuel ?
Ce “re” implique de repartir à zéro comme si de rien n’était, en faisant quasiment abstraction du passé. Ce re a quelque chose d’amnésique.
Plus et encore
A l’opposé d’encore, nous avons plus. Pas dans le sens de j’en veux plus mis dans celui de je n’en veux plus, donc avec une négation (voit notre article sur la négation sur ce site).
Curieusement, ce plus revêt deux sens opposés selon le contexte et on sait qu’en français, on ne prononce pas plus de la même façon dans les deux cas, ce qui est bien utile, étant donné que l’on a tendance à ne pas user de la négation dans la communication orale : T’en veux plus (on n’entend pas le s final) ou t’en veux pluss ou plus encore. Mais nous intéresse à présent, le plus qui s’oppose à encore et non celui qui est en redondance avec lui.
On sait, en effet, qu’ un terme ne peut se définir que par rapport à son opposé : encore se définit par plus, pas plus ou si l’on préfère, encore ne fait sens que parce qu’il y a la perspective du pas plus. Bien que l’on puisse être amené à en rester là (pas plus), on n’en continue pas moins (néanmoins) : re-. Dans cette forme néanmoins, il y a moins – minus – qui dit bien tout ce qui justifierait que l’on n’aille pas plus loin. On s’aperçoit donc que les deux plus ne font qu’un : plus et pas plus. Mais dans la forme, je n’en veux plus, on ne pense pas à plus (+) tout comme dans néanmoins, on ne pense pas à minus (-)
Nous aurions là affaire à une sorte d’arithmétique, où l’on additionne ou soustrait, où l’on accroît ou décroît, où l’on augmente et où l’on diminue. Et de fait, une grande question existentielle est de savoir, à un moment donné, face à une situation donnée, s’il faut continuer ou bien tourner la page. Il est normal que le langage porte les marques d’une telle problématique.
Une tonalité restrictive
Plus ou moins, that is the question ! Notre re- est du côté du plus (encore) mais il n’oublie nullement le (pas) plus (moins), il en tient compte. Il n’y a pas de plus en soi, il n’y a de plus que par rapport au moins. D’où ce -re qui nous dit : tout en sachant qu’il y a des raisons pour le moins (ce qui impliquerait : stopper, faire halte, s’accorder en tout cas une pause), je vais essayer d’en faire plus (aller de l’avant, se reprendre). Dans ce re- positif, il y a un dépassement dialectique du négatif, c’est la synthèse qui est dépassement de l’antithèse (-)
Reconnaître son enfant, au sens juridique, cela signifie que l’on pourrait ne pas le faire, s’en dispenser mais que l’on acceptera, cependant, de s’en dire le père. Il y a là une concession, presque un sursis. On va réessayer mais si cette fois ça ne marche pas, eh bien on n’insistera pas/plus.
Il serait évidemment souhaitable de réexaminer tous les verbes français construits avec -re, dont le préfixe re- est partie intégrante, pour en dégager cette dynamique plus ou moins enfouie. A cela s’ajoute le fait que désormais ce -re est plus ou moins devenu passe-partout et qu’on peut le placer, à l’occasion, dans n’importe quelle phrase. Par exemple : tu en reveux, revouloir n’étant pas dans le dictionnaire.
On voit que la recherche linguistique ne peut faire abstraction de certains enjeux éthiques et qu’elle peut nous révéler l’état d’une société selon les nuances devenues inconscientes. On serait ainsi passé d’un langage prenant en compte une dialectique complexe à une simple idée d’un re- pour dire, à nouveau comme si la nouveauté n’était pas un combat contre une certaine cristallisation
Cet article a été publié le Samedi 1 août 2020 à 1 h 50 min et est catégorisé sous LINGUISTIQUE. Vous pouvez suivre les réponses à cet article par le fil Flux des commentaires. Vous pouvez laisser un commentaire. Les trackbacks sont fermés. Éditer cet article.
lundi 5 mai 2025
jacques halbronn Anthroplinguistique Langues contrastées versus langues fluides.
jacques halbronn Langues contrastées versus langues fluides.
Nous appelons "langue contrastée"", une langue dont les signifiants sont nettement séparés, isolés les uns des autres, alors que les langues "fluides" offrent des passages subtils entre eux, ce qui va englober un grande nombre de signifiés (polysémie). C'est ainsi que l'anglais moderne sera qualifié de 'contrastée" face au français, "langue fluide". Il en est de même en musique, où l'on observe des musiques contrastées, fortement "rythmées", comme le jazz face à des musiques plus fluides, comme la musique "classique". Les langues contrastées ne développeront pas les mêmes aptitudes intellectuelles chez leurs locuteurs que les fluides. Elles vont mobiliser un grand nombre de signifiants censées correspondre à autant de signifiés . A contrario, les langues "fluides" pourront recourir à un petit nombre de radicaux, de racines en procédant à des dérivations par affixes, conjugaisons, déclinaisons, ce qui exigera une grande attention de la part des locuteurs et interlocuteurs, bien davantage que pour les langues "contrastées", friandes en synonymes et en emprunts, en importations de mots étrangers. Ce qui a du fasciner historiquement dans la langue française auprès de diverses langues, c'est son économie de moyens, son élégance occamienne.
Les langues fluides sont ésotériques et sélectives car elles exigent un entrainement précoce à capter les nuances phonologiques les plus subtiles permettant de passer, de glisser d'un genre à un autre, d'un nombre à un autre, d'un temps à un autre au moyen d'infimes variations. Mais cela signifie une grande richesse de signifiés au prix d'une parcimonie, d'un rationnement des racines. De telles langues peuvent sembler bien pauvres pour ceux qui n'en captent pas toutes les modulations sémantiques.
Nous dirons que les langues fluides, telles que nous les appelons, évitent d'avoir à mémoriser un lexique important et imposant puisqu'elles jouent sur quelques accessoires et auxiliaires récurrents. Autrement dit, l'économie lexicale - si l'on admet que des mots ayant une même racine ne sauraient revendiquer d'autonomie mais ne sont que des variations, au sens musical du terme, autour d'un nombre limité de "thèmes"- laisse le locuteur composer son "mécano", ce qui facilité la circulation, la prévisibilité au sein d'une langue et remplace l'effort de mémorisation par une surcroit de réflexion que nous avons qualifié de morphosémantique. La frontière entre les mots se trouve ainsi relativisée dès lors que l'on sera en mesure de capter toutes les nuances au sein d'une même famille étymologique. Le locuteur, dès son plus jeune âge, équipé d'un lexique minimal, pourra ainsi jongler tant en tant qu'émetteur que récepteur, sans avoir besoin d'une aide extérieure lourde, ce qui, par là même, le rendra plus autonome, moins dépendant d'une autorité détentrice d'un lexique prolifique.
JHB 05 05 24
JHB 05 05 24
lundi 31 mars 2025
Jacques halbronn Linguistique comparée (Famille latine/Sémitique). Epistémologie. Préfixes et Suffixes
Jacques halbronn Linguistique comparée (Famille latine/Sémitique). Epistémologie. Préfixes et Suffixes
Nous avons déjà eu l'occasion de rappeler que la finale en "ed" du prétérit et du participe passé en anglais venait de l'ancien français (les bleds); ce qui pose la question de l'usage de l'accent sur la lettre "e" en français "moderne".
Le cas de l'infinitif nous semble particulièrement intéressant à étudier au prisme du rôle du verbe auxiliaire avoir tant pour le passé que pour le futur. Il a mangé, il mangera.
Il est clair, en effet, qu'initialement, le passé composé de la première conjugaison ne se terminait pas par un "é" Rappelons que la conjugaison en "ir" n'est pas concernée (écrit/e).
Or, nous avons dans le dispositif actuel
Il a mangé / il mangera.
Il a écrit, il écrira On peut se demander si au départ, on n'avait pas "il a écrire" au lieu "il a écrit" puisque, au futur, on trouve il écrira et non pas il écrita (sic).... Mais l'on peut se demander si on n'avait pas à l'origine, il a manger , ce qui conduit logiquement à il mangera. Nos observations visent la consonne "r" , dans les deux groupes, laquelle aurait disparu dans les deux cas si ce n'est que l'emprunt de l'anglais au français met en avant une finale en "ed" du participe français et non pas en "er". La finale er semble être au demeurant sensiblement plus attestée que la finale ed. Un infirmier/une infirmière etc. On devrait donc ne pas changer la prononciation française en vigueur mais rétablir l'écrit, sachant que, selon nous, l'infinitif est neutre à l'écrit et n'est impacté par des marqueurs qu'à l'oral Le mise en place du é reléve d'un facheux alignement de l'écrit sur l'oral, ce qui vient sensiblement perturber l'agencement grammatical.
D'une façon générale, l'accent -quel qu"il soit( sur le "e" tend à éliminer une consonne, tout comme l'apostrophe une voyelle. L'anglais "forest" correspond au français "forêt tout comme l'allemand Fenster au français fenestre.
En fait, le français procéde à l'inverse de l'hébreu:préfixation du passé et suffixation du futur; Selon nous, il faut partir de l'infinitif et compléter par le verbe avoir, soit en position préfixale, soit en position suffixale. Au niveau de l'écrit, on en restera à la forme infinitive avec le dans tous les cas de figure J'ai manger(sic) (devenu manged (cf le "ado" de l'espagnol), puis mangé), et je mangerai. On aura forme en "er" pour le participe passé, au masculin et en ère, au féminin. Cela ne devrait pas trop surprendre vue la fréquence en français des finales en er et ere. exemple Premier/première. Logiquement, le passé devrait correspondre à des préfixes et le futur à des suffixes. C'est le cas pour les langues latines et notamment pour le français: j'ai mangé (ed,er), je mangerai, Le verbe avoir a ici valeur d'affixe. A contrario, les langues sémitiques inversent le processus en usant du suffixe pour marquer le passé et du préfixe pour marquer le futur. Cela pourrait s'expliquer pour l'hébreu en raison du "vav conversif" (usité dans Genése I, avec le Vayomer) tout comme dans la "Shema Israel" avec le VaAhavta)) car cette pratique ( dont nous ignorons son existence pour l'arabe) va faire - comme son nom l'indique - d'un passé un futur et d'un futur un passé. C'est ainsi que "tu aimeras" devient dans le "Shema Israel" "tu as aimé" alors que '"il a dit" devient "et il dira"! On pourrait aussi s'intérroger tant qu'à faire sur la question de la lecture de gauche à droite ou de droite à gauche qui distingue les deux familles de langues.
JHB 31 03 25
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