vendredi 5 mars 2021

Jacques Halbronn La (non) prononciation de la consonne finale en français: Bonjour à toutes et à tous!

La (non) prononciation de la consonne finale en français par Jacques Halbronn Depuis quelque temps, au nom d'une démarche "inclusive" sévit sur France Culture, entre autres, la formule " Bonjour à tous et à toutes!" avec un "tous" qui fait "tousser" et s'entend "tousse" alors même que le "s" de "toutes n'est pas prononcé! En quel honneur, de quel droit, une telle pratique serait -elle acceptable? Qu''est ce qui est enseigné à l'école ou à la Fac? Faut-il se contenter de parler "comme tout le monde" comme un mouton de Panurge? Pourquoi dit-on "tous" en faisant claquer la consonne finale et pas "desssous" de la même façon? Quid de tous ces marqueurs de pluriel en "s". Devra-t-on bientôt dire "des allumettes" en prononçant le "s" de "des" et de 'allumettes"? Pensons à la chanson de Fronçoise Hardy "Tous les garçons et les filles de mon âge" où aucun"s" final n'a l lieu de se prononcer! Il est donc bien fâcheux que France Culture donne le mauvais exemple plusieurs fois par jour. Il est vrai que le sort phonique du "r" n'est pas non plus très évident comme dans "jour" justement ou dans "pour". Certes, dans "pour une fois", la voyelle qui suit pour justifie que l'on prononce le "r" mais pas dans "pour moi": Est ce que l'on prononce le r des infinitifs en "er" s'il n'est pas suivi d'un mot débutant par une voyelle? " Tu vas manger une pomme" ne s'entend pas comme "Tu vas manger ta pomme". C'est tout le charme, le génie du français qui exige une certaine attention qui n'est pas requise dans d'autres langues! Va-t-on se mettre à prononcer le "s" de la deuxième personne du singulier dans "tu manges ce fruit"? Il y a en effet deux poids deux mesures. On est en pleine dualité tout comme dans le cas des marqueurs de genre pour les adjectifs. Notons qu'en hébreu, l'on ne conjugue pas la deuxième personne du singulier de la même façon selon que l'on s'adresse à un homme et à une femme! A la différence de l'hébreu, le français ne marque pas oralement le pluriel des adjectifs puisqu'il ne fait pas entendre le s final sauf exception. En français, la séparation entre l'oral et l'écrit est assez remarquable et il importe de ne pas confondre ces deux registres dans l'enseignement du français langue étrangère (FLE) On ne prononce pas "comme ça s'écrit". L'italien aura aligné l'écrit sur l'oral en supprimant justement le "s" final que l'on retrouve tant en latin qu'en espagnol (castillan). Sous l'influence du modéle français, l'anglais marque le pluriel par un "s" à la différence de l'allemand. Va-t-on aligner en français l'oral sur l'écrit? Dans un cas comme dans l'autre, doit on en rester au statu quo, au milieu du gué? Paradoxalement, en français, on insiste sur la différence de prononciation inclusive pour le genre : écrivain/écrivaine pour ne pas donner, nous dit-on, l'impression que certaines activités seraient réservées aux hommes. Va-t-on vers peintre et peintresse sur le modéle prince/princesse? Prenons justement le cas écrivain/écrivaine, l'on note que dans écrivaine on n'entend pas le "ain" d'écrivain pas plus que l'on ne prononce le "n" final alors que pour grand et grande, l'on prononce le "an" de grand quand on dit "grande", ce qui est une erreur, il faudrait dire "gran(e)de" puisque le "d"est suivi d'un "e". En effet, le masculin non seulement ne rend pas le "d" dans grand mais en plus il ne rend pas non plus le "n"' le remplaçant par une diphtongue "an". Il en est de même pour écrivain avec le son "ain" qui n'est pas un "n". Comme écrivait notre grand mère maternelle, sous le pseudonyme de Clause Jonquière, dans son livre non publié 'L'orthographe d'usage rendue facile"(1956), en français un mot fait partie d'une série de mots et ne doit pas être isolé. Par exemple: forêt, forêts, forestier et toutes les conjugaisons qui introduisent des variations. Je sais, je savais, nous saurons etc. L'anglais, tout au long du dernier millénaire, a beaucoup emprunté au français et en perpétue des formes "archaiques" comme le "ed" à la finale des participes, ce qu'en français l'on aura fini par remplacé par un "é", soit la victoire de l'oral sur l'écrit. Malheureusement, ce faisant, on ne sait plus marquer le féminin du participe sinon en ajoutant un e au é au lieu de placer un e à la suite du "d"! Député/ députéde (sic)si l'on veut être inclusif plutôt que "députée" ce qui oblige à épeler :" mon amie -ie". On conclura qu'il faut apprendre à lire le français, un art qui s'est perdu notamment à cause des dictées où pour aider les élèves, l'enseignant triche avec la prononciation. Et comme on a dit, il importe de controler tout particulièrement le LEF car l'étranger apprenant le français ne comprendra pas le français oral lequel est resté, grâce au ciel, le gardien des bons codes, en dépit de quelques dérapages qui ne font pas encore tâche d'huile. La grande question qui se pose est bel et bien la suivante, quelle est la bonne version du français, celle de l'école ou celle de la rue? Paradoxalement, c'est le français de la rue qui a raison quand il "mange" les "e", quand il relie les consonnes entre elles et le français est une des rares langues que nous connaissions qui sera parvenue à préserver une telle tradition orale laquelle ne s'apprend que dans le français langue maternelle...Les langues reflétent un ordre social très ancien que l'on ne saurait oublier et qui persiste notamment en français d'où l'importance qu'il y a à veiller sur l'intégrité de cette langue, tout particulièrement et c'est d'ailleurs cette qualité qui depuis longtemps a sous tendu sa primauté par rapport aux autres langues qui lui ont si largement emprunté.. JHB 5.03 21

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