mardi 30 mars 2021
jacques Halbronn . Linguistique comparée. Le statut de la lettre "e" en français.
LINGUISTIQUE
Le statut de la lettre « e » en français
La lettre « e » en français implique un traitement particulier du fait de son ambivalence, son statut pouvant changer selon le contexte.
Deux cas de figure se présentent : celui du « e » comme déterminant de la prononciation d’une consonne et celui du « e » comme voyelle à part entière et rendue dans nombre de cas par un accent sur le e comme pour le participe de la première conjugaison en « é » final.
I Le e comme auxiliaire
La lettre e en français « parlé » permet de relier entre elles les deux consonnes qui l’entourent. Tantôt, le e est remplacé par une apostrophe dans le texte « écrit » comme « j’aime » à la place de « je aime » mais c’est le plus souvent devant une voyelle. Mais dans la langue parlée, même quand le e figure, il n’est pas censé se prononcer pour autant.Il n’est prononcé que dans la langue apprise mais non dans la langue « maternelle ». Il est prononcé dans la poésie qui s’articule sur des « pieds », des syllabes, ce qui perturbe le cours naturel de la langue française. Pourtant, quand on épelle les lettres de
l’alphabet phonique du français, au lieu de prononcer « é » pour la lettre « e », on rend,
à tort par le son « e »!
II Le e devenant « é ».
Il existe toutefois une autre « régle » également « non écrite » qui concerne le rôle du « e » devant une consonne finale. C’est notamment le cas du e, dans la première conjugaison pour la prononciation de l’infinitif : manger, chanter, bercer etc. Dans ce cas, le e devient un « é » et c’est notamment le cas pour le participe passé, lequel s’écrivait à l’origine « ed », comme c’est encore le cas en anglais, sous l’influence du français : Ici l’accent sur le e remplace une consonne « muette » parce que non suivie d’un e « auxiliaire ». On voit là se combiner les deux statuts de la lettre « e ». Manged se prononçait « mangé » mais s’écrivait manged de façon à permettre la formation du féminin:mangede. D’ailleurs, dans les autres conjugaisons comme pour « écrire », on a « écrit » au masculin et « écrite » au féminin. Le cas du futur est intéressant : on passe de l’infinitif manger au futur mangerai. Dans le premier cas, c’est le statut « é » qui prévaut alors que dans le second cas, c’est le statut du e auxiliaire qui s’impose : « je mang’rai. »
Nous terminerons notre exposé en abordant l’article défini au pluriel du français : « les » qui ne propose aucune différence entre le masculin et le féminin à la différence, notamment, de l’espagnol ; los et las. L’anglais aura suivi ici l’exemple du français avec son ‘the » invariable. On notera que pour « les », c’est la règle du son « é » qui s’impose. Le contraste avec l’espagnol se creuse : les autres en français los otros, las otras en espagnol. Là encore, l’anglais emboite le pas du français : other , others, sans marqueur de genre, si ce n’est qu’il prononce le marqueur de nombre avec le « s » final, ce que ne fait pas le français lequel n’entend pas prononcer une consonne finale non suivie du « e » auxiliaire. Mais comment se fait-il alors que l’on ne prononce pas ‘autres » avec le son ‘é » ce qui donnerait à l’oral « autré » d’autant que ‘les » se prononce « lé » dans « les autres » ? On note que le français se sépare ici remarquablement de cette autre langue « latine’ qu’est l’espagnol mais que sur certains points l’espagnol est plus proche de l’anglais que ne l’est le français, notamment quand il prononce systématiquement tous les « s » terminaux du pluriel.
JHB
30 03 21
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