jeudi 22 avril 2021

jacques Halbtonn Le mimétisme au prisme des langues: l'empreinte du français sur l'anglais

Le mimétisme au prisme des langues : l'empreinte du français sur l'anglais L'influence d'une langue sur une autre ne se limite pas à considérations d'ordre lexical, à savoir le nombre de mots qui passent d'une langue dans une autre ; ce qui est le sommet de l'iceberg.De même la sphère d'influence d'une langue ne saurait se limiter au nombre de locuteurs qui pratiquent la dite langue prise comme un tout. En outre, l'influence qu'une langue exerce autour d'elle ne saurait s'expliquer nécessairement du fait d'un phénoméne de conquête, d'occupation. Le mimétisme fournit une clef indispensable en mettant l'accent sur le rôle du récepteur plus que sur celui de l'émetteur.Le mimétisme reléve d'une certaine forme de pillage voire d'espionnage industriel. Un cas intéressant est celui de la traduction (cf notre DEA en Etudes Anglaises, 1981, sur la traduction anglaise d'un traité français du XVIe siècle) et du calque en ce qu'ils ne sont pas aisément détectables, ce qui occasionne moult plagiats et emprunts  qui ne s'avouent point. C'est ainsi que l'influence du français déborde largement sur le seul comptage de mots se retrouvant, à un certain stade, dans une autre langue D'ailleurs, dans certains cas, l'emprunt permet de reconstituer un état antérieur de la langue « préteuse », laquelle aura évolué entre temps.On pense au suffixe «  ed » en anglais qui sert à marquer le participe passé et le prétérit. Cette forme est bel et bien d'origine française, du fait du remplacement à l'oral ou à l'écrit par un « e » accentué de toutes sortes de mots se terminant en « ed », en « er » en « ez », en « et », en « ef » etc. du fait de la non prononciation de la consonne finale, ce qui est source de bien des fautes d'orthographe. Ainsi, les mots en « ed » se seront changés en « é » en français dès lors que le « d » final ne s'entendait pas. L'écrit se sera aligné sur l'oral, ce qui permet certes d'avoir le témoignage de la forme orale mais conduit à une déstructuration quand on voudra passer au féminin (notamment avec la mode inclusive actuelle). On se contentera alors d'ajouter « e » qui ne s'entendra pas et ne pourra donc marquer le genre, à l'oral. En réalité, la régle qui veut que l'on ne prononce pas la consonne terminale mérite d'être reformulée  puisque dès qu'il y a une « liaison » elle ne s'applique plus, ce qui somme toute, s'avère être le cas le plus fréquent. Rappelons que pour qu'il n'y ait pas liaison, il faut que le mot concerné ne se termine pas par une voyelle, ce qui vaut aussi pou le e muet et qu'en outre le mot suivant ne commence pas par une voyelle non plus. Autrement dit, il semble bien que cette prétendue régle souffre beaucoup d'exceptions.C'est ainsi que le masculin « grand » verra le 'd » se prononcer pas plus que pour « petit » dès lors que cet adjectif précédera une voyelle, le h ne jouant pas le rôle de consonne. Un grand homme, mon petit-ami. Mais « mon petit père », ne permettra pas, en revanche , au t de se faire entendre. La liaison n'est d'alleurs pas toujours respectée : par exemple pour Paris qui n'est pas voué à une liaison même devant un mot débutant par une voyelle alors que « je suis » fera l'objet d'une liaison si suivi d'un mot commençant par une voyelles. « Je suis affamé » mais « Paris est grand » à l'écrit ne donnera pas à l'oral « Paris z est grand ! » Cela dit, l'anglais prononce la consonne finale même quand le mot suivant ne commence pas par une voyelle  et ne respecte pas généralement la liaison quand le mot suivant commence par une voyelle. !En fait, l'anglais n'a pas du tout assimilé le principe français de la liaison. Certains se demanderont comment l'on peut savoir qui a emprunté à qui. Normalement, le mot dans la langue d'origine a des acceptions plus complexes, plus ramifiées que dans la langue emprunteuse car il est bien rare qu'un emprunt linguistique – mais cela vaut dans d'autres cas de mimétisme- prenne toute la mesure des configurations dans lesquelles le mot approprié est impliqué. Cela donne des synonymies, c'est à dire un même sens pour des mots de racine, d'origine différente comme « end » et « finish ». on dira que si le français est une langue complexe, l'anglais est une langue compliquée. Comme nous le laissions entendre, la langue française aura beaucoup essaimé ses mots au sein de diverses langues et cela doit être pris absolument en ligne de compte si l'on a l'intention de dresser un bilan équitable de son influence, ce qui signifie que dans bien des cas il devient hasardeux d'opposer le français à telle ou telle langue sans considérer la pénétration du français au sein de la dite langue. C'est bien évidemment flagrant pour le rapport du français à l'anglais, l'anglais pouvant quelque part être considéré comme une forme abâtardie, appauvrie du français . En tout cas, les régles de prononciation du français sont souvent mal comprises et donc mal enseignées  et en ce sens, il est périlleux d'emprunter « mal » au français.Il est vrai que parler « bien » le français – à l'oral- exige une gymnastique particulière notamment du fait des liaisons, tant pour s'exprimer que pour comprendre. Le « cauchemar » des liaisons à la française sera ainsi épargné au novice avec l'anglais tout en bénéficiant d'un large lot lexical issu du français, d'autant le probkème se pose à l'oral et non à l'écrit.. D'aucuns croiront devoir faire remarquer que le français, de son côté, aurait largement emprunté à l'anglais. Mais la symétrie n'est nullement recevable et sans commune mesure, même si bien des francophones sont persuadés que le français est envahi par l'anglais (cf Etiemble, « Parlez vous franglais ? ») Cette impression est d'ailleurs surtout répandue chez des personnes n'ayant qu'une médiocre connaissance de l'anglais et donc incapables de prendre la vraie mesure de la situation. On entendtra dire que les mots français en anglais ne sont pas ceux de tous les jours mais là encore, c'est inexact, que l'on pense à l'usage anglais de « just », « honest », « simple », « rich », etc.Si l'on prend un hebdomadaire français, on ne trouvera qu'une douzaine de mots anglais et encore seront-ils le plus souvent écrits en italique alors que dans un hebdomadaire de langue anglaise, c'est par centaines et quasiment à chaque ligne que figurera un mot français !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire