samedi 16 août 2025
jacques halbronn Linguistique. Essai de théorie générale des affixes
jacques halbronn
Linguistique. Essai de théorie générale des affixes
La thèse que nous proposons, dans la continuité tardive de nos précédents travaux, produits sous la conduite de Louis Jean Calvet(né en 1942) et achevés respectivement, il y aura une quarantaine d'années, en 1987 et 1989 (Université Paris V), est axée sur la dialectique de l'écrit et de l'oral et notamment sur le phénoméne du Shewa.
sur le web
Calvet " apporte un témoignage critique sur son parcours à la fois humain et scientifique. Il met ainsi en perspective avec les débats actuels sur la sociolinguistique, sa biographie langagière, les motivations de son orientation scientifique -sociolinguistique-, ses choix méthodologiques, et, plus avant, requestionne avec Thierry Bulot, quelques-uns des axes majeurs de ses travaux: la glottophagie, l’écologie des langues, les liens entre langue(s) et signe(s), la chanson, la sociolinguistique urbaine, les politiques linguistiques… Tout cela sur le ton libre de la conversation et avec le souci de rendre des propos complexes accessibles au plus grand nombre, comme à chaque production (écrite ou orale) de Louis-Jean Calvet."
Selon nous, il s'agit de passer de la linguistique saussurienne binaire (signifiant/signifié) à une approche ternaire, triangulaire (signifiable, signifié,signifiant), le "signifiable" correspondant à un stade neutre, polysémique, polyphonologique. Selon nous, les affixes relévent de l'oralité, en ce qu'ils viennent encadrer le stade écrit du signifiable en tenant compte de la contextualité. C'était, au départ, à l'oral qu'étaient censés intervenir les affixes dans toute leur diversité : déclinaison, conjugaison, articles, pronoms etc. se plaçant devant ou à la queue du "radical", qu'ils soient ou non "collés", "soudés" à celui -ci, ce qui relévera de l'usage du "shewa" charge de faire, de renforcer et en quelque sorte occulter la jonction.
Quand, en français, à l'oral, l'on dit " tu verras l'chemin", l'article défini débouche sur une "liaison" de consonnes "L'Ch. Mais l'oral aura déteint sur l'écrit, d'où les apostrophes ("L'amitié" et les accents. Le futur , en français, pratique couramment le shewa à partir de l'infinitif, que nous qualifions de "neutre" manger à l'écrit donne à l'oral mangerai, à prononcer mang'rai. SElon nous, l'on aura voulu aligner l'écrit sur l'oral, estompant ainsi la conscience de la dialctique dont il s'agit ici. Cela conduit de facto à un double régime: tantôt le locuteur voit son passage de l'écrit à l'oral balisé par avance, soit -comme dans l'exemple précédent- il lui reviendra la tâche d'accomplir le travail complémentaire. Dans l'enseignement scolaire du français (FLE, notamment), une telle option ne nous semble pas explicitée comme il conviendrait. Nous pensons redéfinir ainsi le rôle du shewa. Dans la phrase présentée plus haut "sur le chemin", l'on confond le premier " e" qui assure une fonction "affixale" lien entre l'article défini et un radical et le second qui selon nous n'a pas pas à être réalié car il ne sert à rien. On doit dire "l'chemin" et non "lech"min", le e de chemin est un faux Shewa. Dans le cas du démonstratif masculin, le "ce" vient se coller sur le radical : ce livre devient "c'livre" à l'oral, même s'il n'y a pas d'apostrophe, laquelle n'a pas de raison d'être à l'écrit, comme on s'en est expliqué. (cf jacques halbronn Linguistique. La pratique du Shewa)
. En français, le shewa joue un rôle central comme marqueur de genre: petit (masculin) et petite ('féminin). Au stade neutre, le mot n'a pas à être prononcé mais seulement épelé. Le mot écrit basculera à l'oral selon le contexte; En ce sens, nous qualifierons le français de "langue contextuelle" et en quelque sorte "quantique" (cf Shroediger), on y gère l'indétermination.(Heisenberg) Si l'on prend le cas de l'allemand avec le "neutre" Klein (petit), il existera au féminin (kleine) avec e et au masculin sans e comme en français si ce n'est que Klein implique qu'au masculin, il y aura diphtongaison, laquelle ne sera pas réalisée au féminin, ce qui maintiendra le "n" final disparu, phonologiquement au masculin.
Ce qui nous améne à constater la perte des codes de prononciation permettant de connecter valablement l'écrit et l'oral. Abordons donc la question des traditions orales dans l'histoire des langues. L'énfant est confronté à l'oral avant d'aborder l'écrit dans un second temps, ce qui vaut notamment pour les langues sémitiques lesquelles à l'écrit ne fournissent pas les voyelles, ce qui correspond bel et bien au schéma que nous avons décrit (cf l'affaire du tétragramme). On ne sait pas de nos jours comment on "parlait" l'hébreu, probablement tout autrement que ce qui se passe en "hébreu moderne". L'arabe semble avoir moins perdu le contact avec sa tradition orale du fait d'une Histoire moins chaotique. C'est ainsi, le pronom personnel de la seconde personne du singulier
'ant en arabe et en hébreu אַתָה (prononcé "ata") le "n" a disparu en hébreu mais l'arabe a perdu
sa diphtongaison
tout comme l'allemand. Il est courant que le "n" ne soit plus réalisé, comme c'est le cas en espagnol, autre langue
matin mais plus corrompue que le français lequel aura su généralement, préserver ses diphtongues (cas du tildé)
sur le web:
1.
Signe en forme de S couché (˜) qui se met au-dessus du n, en espagnol, lorsqu'il se prononce [ɲ] (ex. España).
2.
Signe utilisé en transcription phonétique pour indiquer une prononciation nasale (ex. [ɛ̃] notant ain, in, ein). "
Mais si l'on prend la première personne du pluriel en français et en espagnol, on observera le 'Allons" (Marseillaise) d'un côté et
le Vamos de l'autre avec perte du "n" en espagnol et donc de la diphtongaison. Au départ, l'on devait rendre "Vamons" avec retour au tildé que l'on trouve au XVIe siècle dans la Préface à César (de Nostradamus, 1555) laquelle débute ainsi: Celui qui n'est pas initié ne rendra pas les trois nasales de la phrase:
"Ton tard aduenemêt, Cesar Nostradame mon fils, m'a faict mettre mô long temps par côtinuelles vigilatiôs nocturnes"
Un des écueils de l'emprunt est précisément lié à l'identification des affixes. C'est ainsi que les préfixes de l'arabe n'auront pas été séparés des radicaux auxquels ils étaient adjoints, on pense notamment à l'article défini, ce qui a donné des barbarismes. Il est clair que l'emprunt linguistique exige de séparer le radical de son cadre d'affixes. Inversement, l'anglais ne sera pas parvenu à séparer les suffixes des radicaux, ce qui aura donné indicate (à partir d'indication), communicate, accentuate, separate, evacuate, appreciate etc alors que la forme en "ate" est suffixale.
Ajoutons que certains affixes ont fait l"objet de calques : hors la loi devenu outlaw, hors service, out of service, hors de question et out of the question, hormis donnant without. A l'opposé de "hors", on dispose en français de "en", ce qui a donné enjoy, enforce, en power, enact. Or, un emprunt intelligent aurait su distinguer le préfixe "en" du radical "joie" en remplaçant le préfixe français par un préfixe "anglais". En principe, un affixe est un "Janus", comportant une dualité, d'où les notions de préfixes et de suffixe. Cette dualité apparait comme un outil incontournable - il faut toujours à capter une chose et son contraire". C'est le "up and down" de l'anglais, les "hauts et les bas" du français qui ne semblent pas avoir réussi à accéder au statut d'affixe à la différence de "re" et de "dé (dis)".
ANNEXES
AFFIXE, linguistique
7 articles
ARTICLES
AFFIXE, linguistique
Écrit par Robert SCTRICK
382 mots
Lors de l'inventaire des morphèmes d'un système linguistique, on est conduit à distinguer plusieurs sortes d'unités identifiables dans l'ordre phonétique et partageant la caractéristique de se rapporter au plan de la signification : parmi ces unités, les unes ont un contenu...
CHAMITO-SÉMITIQUES LANGUES
Écrit par David COHEN
2 753 mots
– Affixation de morphème : par exemple,l'affixation d'un morphème, s, š, k ou ' selon les langues, au thème verbal lui confère une valeur « causative » ou « factitive » : akkadien kanâšu, « se soumettre », suknûšu, « soumettre » ; égyptien nfr, « être...
DÉRIVATION, linguistique
Écrit par Nicole QUENTIN-MAURER
302 mots
1. Formation de nouvelles unités du lexique à partir des morphèmes de base et obtenues par addition, suppression ou remplacement d'un affixe au radical du mot. La dérivation est dite impropre lorsque les mots reçoivent une valeur dérivée nouvelle sans modifier leur forme, mais en changeant...
FLEXION, grammaire
Écrit par Nicole QUENTIN-MAURER
44 mots
Modification morphologique d'un mot variable par l'affixation à sa finale de désinences exprimant les catégories grammaticales. On parle également, par extension, de flexion interne en présence d'alternances internes au radical du mot.
FRANCE (Arts et culture) - La langue française
Écrit par Gérald ANTOINE , Jean-Claude CHEVALIER , Loïc DEPECKER et Françoise HELGORSKY
15 704 mots
2 médias
...réduire à ces emprunts, si visibles soient-ils. Les procédés de composition et de dérivation restent la source principale de renouvellement. Le système des affixes est en cours de redistribution : si -age, -on, -oir, re-, par exemple, paraissent moins productifs, les créations à partir de -isme, -ion,...
MORPHOLOGIE, linguistique
Écrit par Robert SCTRICK
323 mots
Au sens étroit, la morphologie est la partie de la grammaire qui s'occupe de la formation des mots par adjonction d'affixes à des thèmes. En ce sens, morphologie s'oppose essentiellement à syntaxe, ce dernier champ étant l'étude des rapports entre les éléments de la phrase....
MORPHOLOGIE (psycholinguistique)
Écrit par Séverine CASALIS et Pascale COLÉ
2 915 mots
...sens véhiculées par la langue, qui peuvent être soit des éléments libres, il s’agit des racines (« dent » dans « dentiste »), soit des éléments liés, les affixes (préfixes et suffixes) qui n’existent pas comme formes libres – et donc ne peuvent apparaître que combinés à d’autres –, mais véhiculent un sens...
Encyclopædia Universalis
JHB 16 08 25
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