Etudes linguistiques. Les marqueurs de nombre comme repéres sociaux
par Jacques Halbronn
Rappelons que notre approche vise à restituer la cohérence et la logique de départ des dispositifs morphologiques et par voie de conséquence les anomalies qui n’auront pas manqué de se produire au sein de telle ou telle langue, au risque que l’on nous reproche un normativisme peu en vogue chez les linguistes actuels.
La thèse que nous présentons ici a pour ambition de montrer qu’initialement, la marque du singulier quand il est question d’une personne est le signe que celle-ci occupe socialement un rang socialement supérieur tandis que la marque du pluriel s’adresse à un collectif ou à un membre d’un collectif..
Il y a là une certaine observation d’ordre anthropologique en ce sens que le « peuple » est marqué par un comportement moutonnier et que sa force réside dans la répétition des mêmes propos sur un plan quantitatif. C’est la « masse » qui conférerait un caractère de vérité à tel ou tel énoncé, avec cela peut avoir de rassurant. . A ce peuple, on dit « vous » et il doit s’exprimer par le « nous », on l’évoquera par la troisiéme personne du pluriel « eux », « ils/elles » et l’on notera qu’en français ces marqueurs sont souvent peu audibles, sur le plan morpho-phonologique:
il chante/ils chantent, ce qui est déjà en soi générateur d’une confusion dont il conviendrait d’apprécier les effets au niveau de la représentation sociale.
On note aussi qu’en français le tutoiement est considéré -à tort selon nous – comme un signe de familiarité et le vouvoiement, à l’inverse, comme une marque de respect. Il est vrai qu’en français le vous de politesse se confond avec le vous collectif, alors que l’allemand distingue Sie et Ihr. Cependant l’allemand utilise la forme « sie » au pluriel alors que cela devrait être au singulier, puisque Sie est aussi la troisiéme personne du féminin au singulier. On notera que les formes de politesse recourent volontiers à la troisiéme personne du singulier (espagnol, Uste, italien, Lei). Bien évidemment le « you » anglais utilisé indifféremment au singulier et au pluriel mais aussi au masculin et au féminin (alors que l’hébreu, par exemple, souligne nettement le sexe de l’interlocuteur) n’est pas un exemple à suivre.
Si l’on aborde le texte biblique, on note que lorsque le peuple reçoit des injonctions, des commandements, tantôt c’est la forme au singulier qui est utillsée, comme dans le célébre « Shéma Israel », (Ecoute ô Israel) et dans les « Dix Commandements », tantôt, pour certaines interdictions, c’est la seconde personne au pluriel qui se présente. C’est ainsi que pour l’exposé des interdits alimentaires, l’on passe d’un verset à l’autre du tutoiement au vouvoiement. Il nous semble que la forme plurielle serait ici la mieux appropriée au regard de la systémique que nous avons restituée.
Cette dualité du singulier et du pluriel, en tout cas au niveau des conujugaisons et de ce qui les accompagne (pronoms personnels notamment souvent intégrés en préfixe ou en suffixe au radical) refléte selon nous un clivage essentiel absolument crucial qui s’inscrit dans une dimension psychosociogique. Celui qui a le privilégé de s’adresser et d’être adressé au singulier est une « personnalité »", « quelqu’un », ne saurait être « le premier venu ». Quand il dit « je », il est censé s’exprimer « en son nom propre », il n’est pas la « voix », le « porte parole » de qui que ce soit. En revanche, l’individu interchangeable n’aurait droit qu’à la forme plurielle, propre au « peuple » qui fait masse, qui obéit aux mêmes consignes, aux mêmes mots d’ordre.
Or, force est de constater le « mélange des genres » : non seulement nombreuses sont les langues qui ne marquent pas dans leur conjugaison le masculin et le féminin mais alors que les langues marquentr nettement le singulier et le pluriel dans leur structure, la pratique langagière n’en respecte pas pleinement la raison d’être, la subvertirait, ce qui ne peut que contribuer à bien des confusions quand une personne qui devrait dire « nous », se permet de dire « je », quand celui à qui l’on doit dire « vous » se voit interpellée par un « tu » inapproprié à son rang social (intellectuel etc). Etrangement d’allleurs, on trouve un « nous » de majesté, souvent employé dans le champ académique – nous sommes nous mêmes atteints par ce mauvais pli- alors que l’emploi du singulier serait plus conforme à la situation.
Nous pensons avoir fourni par cette étude une assez bonne illustration de notre méthodologie appliquée au champ linguistique, en appliquant une vision épistémologique de la recherche historique permettant de restituer des données perdues mais dont il nous reste assez de traces pour être en mesure de les restituer, si l’on admet, dans une démarche structuraliste, que si Dieu ne joue pas avec les dés, les sociétés humaines ont une vraie exigence de rigueur dans les outils qu’elles produisent pour leur bon fonctionnement.
JHB
28 06 16
par Jacques Halbronn
Rappelons que notre approche vise à restituer la cohérence et la logique de départ des dispositifs morphologiques et par voie de conséquence les anomalies qui n’auront pas manqué de se produire au sein de telle ou telle langue, au risque que l’on nous reproche un normativisme peu en vogue chez les linguistes actuels.
La thèse que nous présentons ici a pour ambition de montrer qu’initialement, la marque du singulier quand il est question d’une personne est le signe que celle-ci occupe socialement un rang socialement supérieur tandis que la marque du pluriel s’adresse à un collectif ou à un membre d’un collectif..
Il y a là une certaine observation d’ordre anthropologique en ce sens que le « peuple » est marqué par un comportement moutonnier et que sa force réside dans la répétition des mêmes propos sur un plan quantitatif. C’est la « masse » qui conférerait un caractère de vérité à tel ou tel énoncé, avec cela peut avoir de rassurant. . A ce peuple, on dit « vous » et il doit s’exprimer par le « nous », on l’évoquera par la troisiéme personne du pluriel « eux », « ils/elles » et l’on notera qu’en français ces marqueurs sont souvent peu audibles, sur le plan morpho-phonologique:
il chante/ils chantent, ce qui est déjà en soi générateur d’une confusion dont il conviendrait d’apprécier les effets au niveau de la représentation sociale.
On note aussi qu’en français le tutoiement est considéré -à tort selon nous – comme un signe de familiarité et le vouvoiement, à l’inverse, comme une marque de respect. Il est vrai qu’en français le vous de politesse se confond avec le vous collectif, alors que l’allemand distingue Sie et Ihr. Cependant l’allemand utilise la forme « sie » au pluriel alors que cela devrait être au singulier, puisque Sie est aussi la troisiéme personne du féminin au singulier. On notera que les formes de politesse recourent volontiers à la troisiéme personne du singulier (espagnol, Uste, italien, Lei). Bien évidemment le « you » anglais utilisé indifféremment au singulier et au pluriel mais aussi au masculin et au féminin (alors que l’hébreu, par exemple, souligne nettement le sexe de l’interlocuteur) n’est pas un exemple à suivre.
Si l’on aborde le texte biblique, on note que lorsque le peuple reçoit des injonctions, des commandements, tantôt c’est la forme au singulier qui est utillsée, comme dans le célébre « Shéma Israel », (Ecoute ô Israel) et dans les « Dix Commandements », tantôt, pour certaines interdictions, c’est la seconde personne au pluriel qui se présente. C’est ainsi que pour l’exposé des interdits alimentaires, l’on passe d’un verset à l’autre du tutoiement au vouvoiement. Il nous semble que la forme plurielle serait ici la mieux appropriée au regard de la systémique que nous avons restituée.
Cette dualité du singulier et du pluriel, en tout cas au niveau des conujugaisons et de ce qui les accompagne (pronoms personnels notamment souvent intégrés en préfixe ou en suffixe au radical) refléte selon nous un clivage essentiel absolument crucial qui s’inscrit dans une dimension psychosociogique. Celui qui a le privilégé de s’adresser et d’être adressé au singulier est une « personnalité »", « quelqu’un », ne saurait être « le premier venu ». Quand il dit « je », il est censé s’exprimer « en son nom propre », il n’est pas la « voix », le « porte parole » de qui que ce soit. En revanche, l’individu interchangeable n’aurait droit qu’à la forme plurielle, propre au « peuple » qui fait masse, qui obéit aux mêmes consignes, aux mêmes mots d’ordre.
Or, force est de constater le « mélange des genres » : non seulement nombreuses sont les langues qui ne marquent pas dans leur conjugaison le masculin et le féminin mais alors que les langues marquentr nettement le singulier et le pluriel dans leur structure, la pratique langagière n’en respecte pas pleinement la raison d’être, la subvertirait, ce qui ne peut que contribuer à bien des confusions quand une personne qui devrait dire « nous », se permet de dire « je », quand celui à qui l’on doit dire « vous » se voit interpellée par un « tu » inapproprié à son rang social (intellectuel etc). Etrangement d’allleurs, on trouve un « nous » de majesté, souvent employé dans le champ académique – nous sommes nous mêmes atteints par ce mauvais pli- alors que l’emploi du singulier serait plus conforme à la situation.
Nous pensons avoir fourni par cette étude une assez bonne illustration de notre méthodologie appliquée au champ linguistique, en appliquant une vision épistémologique de la recherche historique permettant de restituer des données perdues mais dont il nous reste assez de traces pour être en mesure de les restituer, si l’on admet, dans une démarche structuraliste, que si Dieu ne joue pas avec les dés, les sociétés humaines ont une vraie exigence de rigueur dans les outils qu’elles produisent pour leur bon fonctionnement.
JHB
28 06 16
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