jeudi 28 juillet 2016

Pour une reconnaissance de la réalité objective d'une aristocrate juive de France. Toxicité du déni

Pour une reconnaissance de la  réalité objective d’une aristocratie juive de France.Toxicité du déni.
par  Jacques Halbronn,
Centre d’études et de recherche sur l’identité juive (CERIJ, fondé en 1978)
Il y a des identités plus ou moins fantasmées ou purement juridiques et il y a des identités qui s’ancrent sur une réalité objective. On a coutume de dire que l’on ne devient pas juif  mais qu’on assume une « origine ». Mais qu’en est-il de ces Juifs qui se déclarent et qui s’affirment Juifs de France. Au prix de quelle « conversion », une telle  affirmation est-elle recevable,?  Qui des groupes qui se constituent autour d’une forme d’imposture, de mimétisme, d’usurpation?
Car par delà le lien qui est  affirmé  entre les juifs de France et l’Etat d’Israël dans l’espace et la Terre d’Israël dans le temps, se pose aussi la question du lien des Juifs de France avec l’histoire de la France mais aussi de leur lien avec les communautés de leurs aieux plus réels qui ont vécu hors de France, il y a seulement quelques générations, qu’il s’agisse du Maghreb, de la Mittel Europa,, de la Turquie ou de l’Egypte etc, etc; Sous ce dernier angle, les similitudes avec les immigrés arabes du Maghreb sont évidemment bien plus flagrantes, ne serait-ce que par le fait d’un certain bagage linguistique  qui n’a rien à voir ou si peu avec une identité  liée à Israel, d’hier ou d’aujourd’hui ou à la France : judéo-langues comme le yiddish, le judéo-espagnol, le judéo-arabe etc..,  Il n’est pas rare d’ailleurs que l’on rencontre une certaine incrédulité chez les Juifs de France quand on se référe à un judaisme de souche française, expression qui ne semble pas pleinement comprise ou qui est quelque part refoulée en ce qu’elle est génante au niveau identitaire. le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en tout état de cause, l’existence d’une sorte d’aristocratie juive en France n’est pas appréciée comme elle le mériterait au regard de l’image de la communauté juive de France. Or,  une telle  question ne saurait être évacuée par un, haussement d’épaules, ne serait-ce qu’au regard de la psychanalyse. on sait le traumatisme lié à l’adoption  et que sont ces juifs de France venus d’ailleurs sinon des adoptés, des « convertis »,? Est-ce une bonne chose que ceux qui parlent au nom de la communauté juive de France soient issus du Maghreb ou du fin fonds de l’Europe?
Certes, on nous dira que ce sont ces juifs issus de l’immigration -ou du moins leur famille  sur un certain nombre de générations-  qui aiment le plus la France puisqu’ils l’ont désiré de l’extérieur. Mais toutes proportions gardées,  doit-on brader le judaisme  français de la sorte? En tout cas, un tel clivage nous semble aussi déterminant que celui qui distingue juifs religieux et juifs laïcs mais il est en quelque sorte refoulé, plus ou moins vécu subconsciemment, ce qui peut conduire à des expressions qu’il conviendrait d’identifier, générant des comportements problématiques.  On pense notamment à ces juifs de France qui vivent leur rapport à Israel de façon confuse : incapacité à apprendre sérieusement l’hébreu moderne, émigration toujours reportée vers Israël, autrement dit un rapport fantasmatique avec des identités ressenties comme factices en comparaison de celles qui renvoie aux origines famiiiales, le plus souvent étrangères au monde français métropolitain et le fait pour les juifs d’Algérie d’avoir  bénéficié du Décret Crémieux (en 1870) n’en aura pas fait -sauf exception des juifs de France, dès lors qu’ils sont restés dans leur milieu d’origine avec le traumatisme qu’aura finalement produit le départ  et le déracinement dans les années soixante; le seul fait de parler français n’en fait pas ipso facto des juifs de France à part entière.
Un tel débat n’est évidemment pas sans évoquer les rapports entre juifs et Chrétiens, les juifs rappelant aux Chrétiens qu’ils ne  sont au mieux que des « juifs » d’adoption, de conversion, voire d’imitation, alors que ces mêmes juifs sont objectivement dans une situation comparable à l’endroit des Juifs de souche française. Situation qui nous fait songer à la mauvaise foi décrite par Sartre.
Si deux facteurs ont  brouillé l’image des juifs en France, c’est bien d’une part le sionisme  qui conduisit des juifs à se polariser sur une terre étrangère  et de l’autre l’immigration juive vers la France qui conduisit à une autre forme de polarisation vers la France. la communauté juive de France est marquée par ces deux expressions tout aussi  fantasmatiques l’une que l’autre, même si le rapport à la France reléve d’un passage à l’acte , ce qui ne supprime nullement la dimension fantasmatique voire qui pourrait l’exacerber tout comme le juifs qui fait son Alyah est dans le même rapport imaginaire avec l’Etat d’Israêl, tout en s’y trouvant à demeure. chacun sait que le juif qui émigré en Israël n’est citoyen israélien qu’au regard du droit et non de la réalité sociologique;  En ce sens,  tant le sionisme que l’impérialisme français auront déstabilisé  nombre de communautés juives installées  bien avant l’émergence de ces idéologies, générant des migrations plus ou moins pathogénes sinon toxiques dont il est d’ailleurs difficile d’apprécier toute la force de l’impact, y compris en ce qui concerne la Shoah.;
Il faudrait peut être arréter de vouloir faire comme si les juifs de souche française n’existaient pas, avaient disparu alors qu’ils existent bel et bien, tant ceux dont les aieux ont  vécu dans les territoires de la papauté, autour d’Avignon et de Carpentras, que ceux qui se sont enracinés en Alsace, sans parler des juifs du bordelais; Certes, ces régions – par la force de l’interdiction des juifs de rester dans le royaume de France, appartiennent-ils aux marges géographiques, autour de l’axe Rhin-Rhône qui joua longtemps le rôle de frontière;  En l’occurrence, les juifs d’alsace se trouvent-ils séparés du monde germanique par le  Rhin, ce qui a forgé leur spécificité et leur rapport très ancien avec la France tandis que les juifs du Pape étaient culturellement parfaitement en phase avec la Provence située de l’autre côté du Rhône;  Autrement dit,  les juifs de France sont des juifs « RR » ((rhénan-rhodanien) marqués profondément par ce grand axe fluvial qui passe par Strasbourg  et  Lyon,  Avignon, jusqu’à Marseille. Ce sont ces Juifs qui furent les premiers d’Europe à être émancipés et pas seulement tolérés comme des citoyens de second ordre, aux droits limité et non les juifs issus de l’immigration par delà la Méditerranée ou au delà  cette frontière fluviale dont on vient de parler.
Il serait  heureux qu’au sein de toute structure juive, l’on assumât pleinement la référence à ces juifs de souche française qui préparèrent- de par leur présence,   l’arrivée des juifs venus d’ailleurs, qui en furent si l’on veut les précurseurs; Il serait bon ainsi que dans les synagogues, il y eut une référence à ces juifs et pas seulement à la France et à Israël, de façon à ne pas rester au stade d’une identité fantasmée. Les Chrétiens de nos jours éprouvent le besoin de rappeler l’interface juive dans leur rapport à la révélation; De même, les Juifs immigrés en France, ou en tout cas issus de l’immigration- doivent  considérer les Juifs de souche française comme une interface incontournable et indispensable  avec la France. Il serait bon d’ailleurs que cette question soit au cœur du dialogue avec  le christianisme et l’Islam en France de façon à rappeler que les juifs de France sont regroupés autour d’une aristocratie installée depuis des siècles en France et ne l’ayant parfois quittée que pour rester à sa frontière (Alsace et Comtat Venaissin )  n’oubliant jamais leur origine. En ce sens, les juifs de Bordeaux sont eux issus d’un autre monde, ibérique (notamment Portugal)  et n’ont pas la même légitimité historique, les mêmes lettres de noblesse, que les juifs « RR »  qui n’auront fait que revenir vers la France, à l’instar de ces juifs des Pyrénées venus vivre en Avignon au  quatorziéme siècle  et  dont nous sommes issus par notre père maternel (Carcassonne) étant issu par notre grand- père  paternel des juifs de Strasbourg.
Il nous faut dénoncer les effets d’un déni chez ces Juifs de France, qui sont un peu les ouvriers de la onziéme heure en rappelant que dans chaque nation, il y a une façon spécifique d’être juif  qui s’est mise en place avec le temps, inscrivant ainsi le juif dans le paysae de la dite nation.  Ceux qui arrivent sur le tard auraient tout intérêt à laisser les  représentants les plus légitimes du franco judaisme – ces « israélites »- tenir la barre en n’important pas des valeurs  venus d’ailleurs.  Or, on a pu observer qu’une certaine mauvaise conscience de ces Juifs immigrés en France peut les conduire à tenir des discours alimentant l’antisémitisme du genre : de toute façon, nous sommes tous des immigrés, que cela soit sur trois générations ou sur trente, cela revient au même! Autrement dit, ces Juifs là sont prêts à  relativiser la signification d’une présence juive séculaire voire millénaire  pour ne pas avoir à reconnaitre  aux Juifs descendants de ce judaisme français  ancré profondément dans l’Histoire de la France une quelconque prééminence, épousant ainsi  un discours considérant les Juifs de France, toutes catégories confondues, comme des étrangers, jouant ainsi la politique du pire de façon totalement irresponsable. Ces Juifs immigrés ne se privent pas de transmettre à leurs enfants une telle présentation des choses et quelque part se liguant contre les Juifs de souche française dont l’existence même les perturbe.. On nous parle alors d’un judaisme constitué d’une mosaique sans ancrage dans une terre, ce qui permet de substituer une approche synchronique atemporelle à une diachronie fondée sur une réalité historique. Une telle attitude est intolérable et néfaste, qui au fond assimile la situation des Juifs de France à celle des arabes maghrébins,  et ce d’autant plus que ces Juifs immigrés ont dans leur imaginaire – car leur identité est essentiellement de l’ordre de l’imaginaire- la référence à Israël, à la façon dont les arabes maghrébins se référent au monde arabe dans son ensemble et notamment à la Palestine. Simulacre d’autant plus délirant que cette référence à Israel est purement virtuelle à la différence du lien qui unit les arabes maghrébins  à leurs origines. Situation schizophrénique chez ces Juifs qui les conduit à substituer à leur ascendance récente (Maghreb, pays de l’ancienne Europe de l’Est etc)  une ascendance à la fois pseudo-française et pseudo-israélienne, telescopant leur propre réalité  en se référant à la fois  à un présent immédiat en France à partir duquel ils réinventent leur passé  et à la fois  un passé mythique biblique qui les référe à Israel… Bien pis, ces Juifs du Maghreb seront les premiers à mettre en avant le probléme de l’Islam  plutôt que celui d’une culture maghrébine dont ils sont marqués, de façon à éviter tout amalgame qui  engloberait  l’ensemble des immigrés du Maghreb  toutes religions confondues. Autrement dit, ils mettraient ainsi de façon irresponsable le débat sur le plan religieux pour éviter qu’il soit posé sur le critère culturel.



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JHB
28; 07 16

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