mercredi 21 décembre 2016

jacques halbronn Le probléme syncrétique des interpolations et des versions dans la Bible. L'intervention des Samaritains et des Chrétiens non juifs


   


Le probleme syncrétique des interpolations et des versions dans la Bible. L’intervention des Samaritains et des Chrétiens non juifs.
par Jacques Halbronn

Nous trouvons dans la Bible plusieurs versions parallèles qui ressortent notamment de la confrontation entre les deux « Testaments ».
I Le cas de Seth
Dans l’Evangile selon Luc, la généalogie de Joseph remonte à Seth, fils d’Adam, elle reprend le chapitre V de la Genése lequel fournit une même généalogie mais à l’envers, en partant de Seth et non en remontant vers Seth.On  a là un exemple d’une reprise à peu près littérale d’un chapitre de la Genése dans le  Nouveau Testamentt.
. . Il  y a deux récits successifs de la naissance de Seth, le premier à la fin du ch. IV mentionne le rôle d’Eve s’unissant à Adam . Eve déclare : « Cain a tué  Abel  mais Dieu m’a donné un autre fils à sa place », elle l’appelle Seth,  alors que le second texte se rapporte au seul Adam
« Le jour où  Dieu a créé des êtres humains , il les a faits  pour qu’ils lui ressemblent . Dieu les a crées  homme et femme.(..) A l’âge de 130 ans ; Adam a un fils qui lui ressemble vraiment. Il l’appelle Seth »
On retrouve au chapitre V  un écho redondant  du chapitre premier de la Genése:  « Dieu dit faisons  les êtres humains à notre image et qu’ils nous ressemblent vraimentc «
On se trouve alors  dans la situation inverse de ces naissances dont le père est inconnu, comme dans le cas de Marie. Seth serait en quelque sorte né du seul Adam, « à sa ressemblance » tout comme Adam était à la ressemblance de Dieu. On est là dans un processus androgynal.
Cela nous conduit à penser que l’épisode du Jardin d’Eden aura été interpolé et d’ailleurs les Evangiles ne le mentionnent nulle part alors que l’on sait par ailleurs ce que sera l’exégése chrétienne du « péché originel » (largement relayée de nos jours par la secte Moon, entre autres).
Pierre Jovanovic signale (Le mensonge universel Ed Le Jardin des Livres, 2007) les emprunts à Sumer du récit de la création de la femme (la future Eve)
Un des indices d’interpolation assez maladroite tient au fait que lorsqu’il est question de Cain dans le livre de la Genése, tout laisse entendre qu’il y a déjà une certaine population alors que le contexte voudrait qu’il n’y eut que les deux frères et leurs parents sur terre: Cain est chassé comme ses parents l’avaient  été, Cain déclare : « Celui  qui me trouvera pourra me tuer »
On ne trouve dans le Nouveau Testament mention d’Abel  et Cain que dans l’Epitre aux Hébreux (ch; XI) ! « Abel a cru en Dieu alors il a offert un sacrifice meilleur que celui de Cain » Il semble que l’intention de cette mention consiste à montrer que Cain a démérité à l’instar du peuple  Hébreu. Dans cette même Epitre; c’est Joseph qui est mentionné à la suite de Jacob et non Juda  comme dans la généalogie figurant au début de l’Evangile de Mathieu ainsi que dans celle de Luc :  » Juda est fils de Jacob, Jacob  est fils d’Isaac » (Chapitre III de luc) . Dans Mathieu:  » Jacob est le père de Juda et de ses frères ‘(Ch I).
II Le cas de Jésus
On trouve aussi deux récits de la naissance. L’un qui est lié à l’Annonce à Marie et l’autre à la naissance à Bethléem. Le premier récit nous semble interpolé et placé avant le second, plus en accord avec la version d’un Joseph père à part entière de Jésus, dans la lignée de David, ce Jésus annoncé sous le nom d’Emmanuel.
On notera que la naissance de Cain ressemble étrangement à celle de Marie, puisqu’elle déclare au début du chapitre IV  « Avec l’aide du Seigneur, j’ai donné vie à un petit d’ homme », parlant de Cain.
Jésus semble vouloir se démarquer de David (Luc, ch 23) « Est-ce que le Messie peut être aussi  fils de David?
« III Le cas de Judah
Dans le Livre de l’Exode, point n’est question de judah, à la suite d’Abraham, Isaac et Jacob alors que dans les généalogies de Mathieu et Luc, Juda est le chainon qui fait suite à Jacob. Au vrai, ce que dit Jacob à propos de Juda recoupe le songe de Joseph selon lequel ses frères se prosterneraient devant lui. On retrouve là une sorte de rivalité évoquant celle des deux jumeaux Jacob et Esaü.
On signalera la rivalité entre les royaumes de Judah et d’Israel à la mort de Salomon, les populations du Nord rejetant la tutelle de la tribu de Judah et de Roboam fils de Salomon. Or, Est-ce par hasard que Jacob prendra le nom d’Israel à la suite de son comnbat avec l’ange? On sent là une influence des tenants du Royaume du Nord sur la rédaction de la version du Livre de la Genése. Plus largement, on renverra au débat autour de la Bible Samaritaine (cf  Jean-Daniel  Macchi, Les Samaritains: histoire d’une légende/ Israel et la province de Samarie Genève, Ed Labor et Fides  1994), .J. Zsengeller,  ed.  Samaria, Samarians, Samaritans, Studies on Bible, History and Linguistics;  De Gruyter, 2011), avec notamment un commandement concernant le mont Garizin, dans le Livre de l’Exode.
Comment Est-ce possible? Ce serait oublier que lors du schisme, il y eut des ressortissants du Nord qui vivaient et restèrent au Sud comme cela est indiqué au Livre des Chronique. Il peut donc avoir existé un courant fidéle à Israel qui aura pu intervenir. Mais il faut donc ajouter le rôle des Samaritains, rejetés lors du retour de Babylone (cf Esdras), qui perpétuèrent  une présence hébraique dans le Nord, après la destruction du Royaume d’Israel en -722.
D’où la suppression du nom de Judah lors de la rencontre entre Dieu eu Moïse. Mais la généalogie des Evangiles semble avoir été au contraire le fait des tenants de Judah. On notera toutefois que parmi les 12 apôtres (paralléle évident avec les 12 fils de Jacob), le traitre portera ce nom de Judah! Or, on  a vu  qu’entre l’Epitre aux  Hébreux  et  les deux généalogies de Mathieu et Luc,  le nom de Judah aura ainsi laissé la place à celui de Joseph et on  a aussi pu noter que c’estr dans cette seule Epitre qu’il est fait référence à Cain et Abel dans tout le Nouveau Testament, ce qui nous conduit à penser que l’auteur de la dite Epitre serait proche de la version du Livre de la Genése comportant la mention des deux premiers fils d’Adam ainsi que du Livre de l’Exode qui omet de mentionner  le nom de Juda dans la série des 4 premiers « patriarches ». Rappelons comment Jacob bénit  Juda : « Juda, tes frères chanteront ta louange (…) tes frères se mettront à genoux  devant toi Juda mon fil (le pouvoir royal restera  dans la famille de Juda. Le bâton des chefs restera dans la main de ceux qui naitront de lui » On est là tout à fait en phase avec les deux généalogies.
Mais quid dans ce cas, des chapitres de la Genése qui reprennent au profit de Joseph ce qui est ici promis à  Juda avec le songe que Joseph révéle à ses frères (chapitre 37)
« Un jour Joseph  fait un rêve: Il le raconte à ses frères  (…) Nous étions  tous dans les champs (..) Tout d’un coup, une  gerbe s’est relevée  et elle est restée debout  Ensuite, toutes vos gerbes sont venues   autour d’elle et elles se sont inclinées  profondément devant elle ».
Quelle est la raison d’être de ces additions et interpolations? Il nous semble bien que le thème central de ces ajouts est celui de la chute, du héros qui déchoit et cela reléve à l’évidence d’une volonté d’évincer le peuple hébreu en montrant que Dieu est parfaitement capable de rejeter ceux qu’il a d’abord choisis. Dès lors, l’on comprend que l’on ne tienne pas spécialement à associer Jésus le Messie à ce peuple, d’où cette étrange rupture de la chaine avec ce Joseph descendant de David  mais qui ne sera pas le père de Jésus, dont le lignage est d’un autre ordre, ce qui étaiera l’accusation de déicide. . Il y  a là la marque d’un revirement qui se retrouve dans la formule « synagogue de Satan ».(Apocalypse  ch III, 9) désignant les Juifs.
En conclusion, nous soulignerons au niveau méthodologique l’importance qu’il y a à confronter les corpus et notamment dans le cas qui nous concerne les deux « testaments », et ce en dépit des différences d’époque car il arrive que certains éléments ne nous parviennent que par des versions tardives. En l’occurrence, quand nous nous trouvons face à un commentaire, il importe de se demander de quel « intertexte » l’on s »est servi.
Nous avions rencontré les mêmes questionnements tout au long de nos travaux concernant les Centuries de Nostradamus à savoir notamment  des textes d’inspiration et de tendance religieuse et politique différentes, réunis par la suite en un seul et même corpus que l’on attribue au seul Michel de Nostredame qui aurait tout publié de son vivant, ou qui serait paru deux ans aptrès sa mort (1566) dès 1568  alors que la marque des années 1590 est flagrante, ,notamment en ce qui concerne le couronnement d’Henri IV à  Chartres en 1594.
JHB
22  12 16

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire