vendredi 23 décembre 2016

jacques Halbronn Le Shéma Israel (complet) résumé des Dix Commandements


Le Shéma Israel(complet) résumé des Dix Commandements
par  Jacques  Halbronn
On trouve dans l’Evangile de Luc, (X,25-37) un exposé qui ressemble étrangement à celui du Shéma Israel (Exode et Deutéronome)  si ce n’est qu’il comporte la formule « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », qui est absente du dit « credo » juif. Est-ce là une additiion d’inspiration chrétienne ou bien un état plus complet du Shéma Israel, that is the question?
Par delà le fait que l’on retrouve cette formule sur le « prochain » dans Lévitique XIX, 18, nous pensons plus déterminant  de rapprocher carrément le début du Shéma Israel du texte dit des Dix Commandements.
Dans les deux cas, on note l’existence de deux volets, l’un  concernant le rapport à Dieu et l’autre au prochain, du moins si l’on adopte la version « compléte » du texte transmis par Luc et qui est mis dans la bouche d’un docteur de la Loi. A contrario, si l’on devait s’en tenir au Shéma tel qu’on le récite actuellement le Shabbat dans toutes les synagogues, cette dualité n’est plus attestée.
Comment ne pas voir que les Dix Commandements ne comportent d’abord un propos sur Dieu puis un propos sur le « prochain », puisque cette expression figure dans les deux derniers commandements/
La traduction hébraique » du Aime ton prochain comme toi-même   est  Veahavta Leréékja Kemoka » à mettre en paralléle au Veahavta Et Elohékha etc, Tu aimeras le seigneur ton Dieu etc.
Autrement dit,  le Shéma Israel  (complet) résume les Dix Commandements, ce qui expliquerait pourquoi il ne les comporte pas dans sa récitation alors que ce n’est plus le cas si l’on supprime « Tu aimeras ton prochain comme toi même ». et dans ce cas, le Shéma Israel ne joue plus ce rôle de résumé et donc ne peut plus se substituer à la seconde partie des Dix Commandements.
On ajoutera les réflexions suivantes concernant les Sefiroth.  Dans les Dix Commandements, Dieu se présente, dans le premier volet, comme à la fois un dieu de  pitié  et un dieu de rigueur, ce qui correspond à Din et à Hessed. Or, dans le Shéma Israel, il est dit que l’on doit aimer Dieu  avec cœur (Lévavkha)  et avec force (Méodekha).
Dans le texte transmis par Luc,  il y a 4  façons d’aimer Dieu et non 3 comme dans le Shéma Israel.  On y trouve  l’âme et l’intelligence,et c’est sur ce dernier point que le Shéma semble bel et bien lacunaire : on a  en effet la Sefira Bina, qui peut tout à fait se traduite par intelligence, au sens de compréhension. En ce qui concerne l’âme (dans le Shéma  nafshekha), on ne trouve pas d’équivalent dans l’arbre séphirotique, ce qui nous interpelle quant à la bonne transmission de ce texte « kabbalistique ». En revanche, on nous parle des « dix forces de l’âme » à propos des dix sefiroth
On rappellera que dans le « chant de procession »  récité à la synagogue  lors de la circulation des rouleaux de la Tora,  on retrouve les sefiroth ( cf aussi Rois I, Ch VII, 13-22)
Le Shéma comporterait donc plusieurs lacunes,  l’une concernant l’absence du ‘Tu aimeras ton prochain comme toi même » qui est symétrique au ‘Tu aimeras ton dieu », ce qui rompt la symétrie et la dualité et l’autre, dans l’usage de 3  forces au lieu de 4 pour ce qui est de l’amour de Dieu.
Ces lacunes résultent  du Deutéronome qui est le document de référence pour le Shéma Israel, lequel ne figure pas dans le Livre de l’Exode alors que les Dix Commandements figurent -avec quelques variantes – dans les deux. Le Shéma du fait qu’il ne figure que dans un texte relativement plus tardif « la deuxiéme loi »  (*Deutéronome) nous apparait comme une sorte de résumé des Dix Commandements déjà exposés dans le Livre de l’Exode.
Comment expliquer que le Shéma n’ait été conservé dans les versions que nous avons du Deutéronome que sous une forme que nous n’hésiterons pas à qualifier de corrompue alors que du temps de  Jésus, une version « compléte »  était pratiquée non pas tant par Jésus que par ses interlocuteurs? Cela ne s’explique selon nous que par une erreur des copistes. On peu en tout cas  être surpris que depuis que l’on récite le dit Shéma, génération après génération,  les lacunes n’aient été corrigées, comblées.
Etrangement, d’aucuns semblent avoir voulu instrumentaliser la perte du second volet du Shéma (ou du moins de la partie introductive, qui est souvent la seule connue par cœur  des fidèles) comme un trait propre au judaisme, comme si le « tu aimeras ton prochain comme toi même »  était plus censée caractériser le christianisme. C’est là manifestement un contre sens dès lors que l’on comprend que les Dix Commandements ont bel et bien maintenu cette dualité entre la relation à Dieu et la relation au prochain.







JHB
23 12 16

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