lundi 30 août 2021
jacques Halbronn Théologie et création: le grand débat sous-jacent
Théologie et création: le grand débat sous-jacent
par Jacques Halbronn
Les mots « Dieu » et « création » connaissent actuellement un usage qui semble délibérément , comme à plaisir, vicié, dévoyé tant on en reste sur des lieux communs au nom d’une culture judéo-chrétienne mal assimilé. Nous nous proposons ici d’y apporter plus de clarté en distinguant plusieurs plans qui s’emboitent certes les uns dans les autres mais qu’il importe de ne pas confondre, de ne pas télescoper.
La thèse centrale que nous défendons est celle d’un dispositif à trois niveaux offrant une analogie structurelle mais que l’on ne saurait amalgamer. Les mots « Dieu » et « Création » sont intimement liés en ce sens que tout créateur serait un « dieu » mais ce dieu est fonction de la création qu’on lui attribue. Il reste que tous les créateurs, du plus petit au plus grand, présentent certaines similitudes. On peut parler d’une guerre de religion larvée de nos jours et qui est une constante qui ne s’avoue pas comme telle. Autrement dit, la plupart des controverses toucheraient d’une façon ou d’une autre à la question du théologique.
La notion de Création dans le Livre de la Genése
Dès le premier verset de la Genése apparait un verbe que l’on traduit par « créer », c’est l’hébreu « Bara ». Au commencement « Dieu » « créa » le Ciel (notre Ciel?) et la Terre (notre Terre?). Il semble que l’on veuille dans le judaisme en général tel qu’il est devenu nier que l’humain puisse être capable de « créer », le verbe « bara » étant censé jouir d’un usage exclusif dont on ne saurait se saisir impunément. Un autre terme hébraique est toutefois utilisé, celui de Yetsira, notamment autour du Sefer Yetsira qu’on traduit par Livre de la Création, dans la littérature de la Kabbale, ouvrage qui traite notamment des 22 lettres de l’alphabet hébreu, en rapport avec les Eléments, les Signes du Zodiaque et les 7 planétes. Mais, en hébreu moderne, le Mot Yetsira peut s’appliquer à toute forme de création, à différents niveaux.
Quand on interroge des Juifs sur la notion de Dieu, ils renvoient à un dieu premier, primordial « créateur de l’univers » du « Olam ». Or, nous pensons que le dieu de la Genése et de l’Exode est un dieu qui s’occupe de notre humanité et au sein de celle-ci de « son peuple ». Que comprendre quand « Dieu » se référe à « mon peuple » ? Au niveau chrétien, il est question de l’invocation « Notre père qui êtes aux cieux ».
On soulignera ici l’importance déterminante de l’usage du « possessif ». Comment un dieu « universel » pourrait-il être la propriété de qui que ce soit? Le possessif est doté d’un caractère exclusif et l’enfant sait pertinemment que « son père » n’est le père de tout le monde tout comme il n’est pas un fils ou une fille interchangeable.
Le débat autour de Science et de Religion est en lui même assez obscur dans la mesure où comme dirait Spinoza, Deus sive Natura. Parler de la Nature, c’est implicitement se référer au « dieu de l’univers ». En réalité, l’oppostion entre Science et Religion vise un autre type de Dieu, un dieu issu, émanant de ce « premier » dieu et dont les attributions sont infiniment plus limitées maiss qui serait bien plus proche de notre Terre, de notre Humanité voire de notre Ciel, si l’on va notamment dans le sens de l’Astrologie. Mais en même temps, ce dieu créateur de « notre » Humanité -Adam – ne saurait être placé sur le même plan que nos propres constructions humaines. Une cathédrale n’est pas du même ordre que notre systéme solaire. On devra donc distinguer trois niveaux de création que l’on confond si souvent allégrement.
Le cas de Jésus est source de malentendu car il semble vouloir entremêler ces trois niveaux pour n’en faire qu’un seul. et cela est fâcheux.
Selon nous, Jésus se situe à ce que l’on pourrait appeler le niveau 3, celui des « dieux » voués à guider l’Humanité, programmés en quelque sorte pour ce faire. C’est le niveau des prophétes, des génies tant sur le plan politique que scientifique ou artistique. Mais ce niveau ne saurait être comparé au niveau des dieux qui ont agencé notre Humanité et tout ce qui vient la structurer et dont selon nous traite le Livre de la Genése avec son récit de la « Création » pas plus que ces dieux ne sauraient être mis sur le même pied, que le Dieu du premier mobile.
Ce que nous devons constater, c’est que c’est le niveau intermédiaire qui semble faire le plus probléme, se trouvant comme pris en étau entre les deux autres idées de la Création alors même que le Livre de la Genése traite justement de cette interface. Cette civilisation judéo-chrétienne semble ne pas avoir pris la mesure de la théologie appropriée, d’où un certain malaise lié notamment à une certaine verticalité. Le niveau 3 qui a été ainsi instauré aura mis en place des éléments structurants, représentés, incarnés, par une certaine « elite » elle même soumise à un certain ordre cosmique, à condition de ne pas adopter une acception trop extensive du mot « cosmos » car il s’agit ici de « notre » cosmos et no du Cosmos en général..
Autrement dit, entre l’homme créateur, organisateur de notre société et le Dieu premier, il y aurait un point aveugle, une solution de continuité. On peut parler d’une crise théologique qui ne dit pas son nom. Dans le cas de Jésus, il n’est créateur ni de premier ni de deuxiéme niveau mais bien de troisiéme niveau. En fait, il faudrait parler d’une création de quatrième niveau, qui serait celle de l’homme ordinaire, du vulgum pecus. Jésus est avant tout concerné par le culte au dieu de deuxiéme niveau est fait lui même l’objet d’un culte de troisiéme niveau de la part des populations de quatriéme niveau.
Ce qui est notamment à souligner, c’est ce que signifie un certain rejet de l’astrologie qui est en fait ni plus ni moins qu’un rejet, un déni de la Création de deuxiéme niveau tant au nom des tenants du premier niveau que de ceux de troisiéme niveau. Le procés que l’on intente à l’encontre de l’astrologie est double : elle ne serait ni « naturelle », ni l’oeuvre des humains. Elle serait d’un troisiéme type et inclassable. Il s’agit donc pour nous de rétablir un paradigme qui permettre de déterminer la place qui lui revient en soulignant que l’attaque contre
l’astrologie est celle menée contre le deuxiéme niveau théologique. Et c’est en cela que nous asssstons à une conflictuallité d’ordre théologique qui ne se déclare pas comme telle. Au lieu d’accepter de situer l’astrologie au sein d’un ensemble, on s’en prend à elle de façon biaisée, comme aux victimes du lit de Procuste, soit en l’installant sur un lit trop grand, soit sur un lit trop petit.
Mais les astrologues eux mêmes semblent bien incapables de situer correctement le domaine qui est le leur et préferent se référer à la « Nature » alors même que la « Science » qui en serait la gardienne s’y refuse. Est-elle une création « humaine »? Nous avons envisagé cette hypothèse (cf La pensée astrologique, Paris, Artefact 1986, en préambule à ‘lEtrange Histoire de l’Astrologie de Serge Hutin) et il est possible qu’à un certain stade, les sociétés soient parvenues à instrumentaliser le « Ciel » mais il s’agit là d’une forme d’astrologie rudimentaire. (cf les travaux de Michel Gauquelin et notre édition des Personnalités planétaires, Ed Trédaniel, 1992) Nous en sommes arrivés par la suite à la thèse d’une technologie avancée mettant en place, artificiellement, un ensemble reliant le minéral et l’animal, la planéte et l’homme. Ce qui renvoie au débat entre Science et Technique, entre Science et Art – on pense à la démarche du sculpteur qui choisit les matériaux qui serviront à son oeuvre sans être aucunement obligé d’employer tout ce qui existe dans son milieu. Or, les astrologues semblent encore victimes de l’idée selon laquelle tout ce qui figure dans le systéme solaire devrait être intégré par l’astrologie, ce qui les conduit à produire un ensemble saturé d’informations et donc à la nécessité de vouloir tout expliquer de la sorte, et notamment la spécificité de chaque individu (cf l’ »Astrologie de la personnalité » de D. Rudhyar)
JHB
30 08 21
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