vendredi 8 avril 2022
Jacques Halbronn Psychosociologie. Le leurre des signes, des marques ostensibles, ostentatoires d'appartenance
jacques halbronn Psychosociologie Le leurre des signes, des marques ostensibles, ostentatoires d'appartenance.
Que penser de la circoncision, quelle est sa raison d'être, est-il nécessaire d'avoir été circoncis pour "prouver" qu'on est "juif"? Quid de l'enfant avant sa circoncision? On va donc "marquer" un enfant qui, jusqu'alors, ne portait pas ce "signe" et qui n'en était pas moins considéré comme "juif"? A quel titre, si ce n'est d'être né de Juifs mais comment savoir qu'ils étaient juifs à la naissance? On voit bien que la question des signes comportent quelque chainon manquant. Peut-on faire abstraction des signes ostensibles, c'est à dire que n'importe qui peut arborer? Il y a le sexe, la couleur de peau que l'on ne peut s'approprier librement.
Il nous semble que le critère de descendance est assez déterminant comme en témoignent les problématiques dynastiques qui auront imposé leur logique des siècles durant, sans parler des questions d'héritage et donc de sang, d'hérédité voire de génétique, d'ADN.
On aura compris que nous ne prenons pas pour argent comptant les signes d'appartenance de toutes sortes, qu'il s'agisse de parler telle ou telle langue, de suivre telle ou telle orthopraxie - on pense au respect de lois alimentaires- car c'est la porte ouverte à la conversion, à la naturalisation. On devient ceci ou cela par le biais du baptéme, de telle déclaration de profession de foi. La pratique est la voie de l'intégration dans tel ou tel milieu.
Nous opposerons la pratique à la praxis en entendant par praxis une certaine forme d'activation de potentialités. C'est ainsi que la praxis d'une femme est qu'elle puisse enfanter, ce qui ne se peut envisager par un simple acte de volonté. En ce sens, une femme prouvera qu'elle est une femme, par delà le port de tout signe ostensible jamais concluant ou la possession de tel ou tel document, même officiel, tel acte de bapteme, telle carte d'dentité car même un Etat peut fabriquer complaisamment de vrais faux papiers au nom de quelque "raison d'Etat".
Si l'on en vient à la Bible, on y trouve la coutume de la circoncision dans l'Ancien Testament, laquelle sera jugée inutile, vaine par les "Chrétiens". Cette circoncision pourrait bien être une invention des "Israélites" (Schisme du Royaume du Nord, au Xe siècle avant l'ère chrétienne puisque le Pentateuque aura été largement réécrit par ceux-ci. Quand on veut appartenir à un groupe, on a tout intérêt à mettre en avant le rôle de rituels qu'il suffirait de suivre pour s'assimiler. Il est donc regrettable que les Juifs (les descendants du Royaume légitimiste du Sud) aient adopté cet impératif de la circoncision. Quant aux Chrétiens, il est assez évident que le rôle dévolu au baptéme, à l'eucharistie, est de permettre aux Israélites ou à leurs descendants de résorber leur différence séculaire d'avec les Judéens en recourant à tel ou tel expédient qui fera l'affaire. Rappelons la formule ;" Je suis venu pour les brebis perdues de la maison d'Israel" (Evangile selon Mathieu)
De même, on se méfiera des solutions d'ordre linguistique qui sont censées marquer une unité factice au nom de la pratique d'un même signe ostentatoire. Il s'agit là de procédés visant à unifier, à abolir les clivages par le port d'un même "uniforme". En ce sens, nous ne pensons par que l'hébreu doive nécessairement être considéré comme la langue des Juifs, elle peut avoir été "empruntée" et donc la notion même de langue "sémitique" ne saurait servir de marque fiable d'identification identitaire. On nous parle tant chez Mélanchon que chez Zemmour de la "fabrication" de "citoyens" par le biais de l'école. Or, il s'agit en vérité de tenter de nier les véritables clivages structurels en appliquant quelque vernis, quelque ciment.
Pour en revenir à la question juive, la Shoah nous aura enseigné que le bapteme n'avait nullement protégé les Juifs qui s'étaient convertis au catholicisme et cela avait au moins le mérite de ne pas s'en tenir à des signes ostensibles, du type "étoile jaune" sauf à appliquer un tel signe qu'en connaissance de cause. Nous défendons l'idée d'une "praxis" - comme dans le cas mentionne de l'enfantement chez les femmes. Mais quel pourrait être une telle praxis pour désigner à coup sûr les Juifs? Nous ne voyons d'autre "solution" que l'évidence d'un certain "génie" juif par delà toute forme d' orthopraxie religieuse ou nationale (Sionisme). Les "antisémites" n'ont pas tardé à noter à quel point les Juifs avaient pu s'imposer dans les secteurs les plus divers, en diaspora. On pense évidemment à ce "tiercé" Marx, Freud, Einstein mais qui n'est que l'arbre qui cache la forêt de la présence juive au monde. Autrement dit, prouver que l'on est vraiment juif impliquerait de faire preuve d'un certain "charisme auprès des "non Juifs", ce qui va à l'encontre de tout regroupement dans un lieu ad hoc, dans un territoire. Ce serait en fait, comme dirait Sartr (Réflexions sur la question juive), le regard de l'autre qui est le garant de l'existence d'une telle praxis authentique.
JHB 08 04 22
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