lundi 2 juin 2025

Jacques Halbronn Anthropolinguistique Les préfixes garantie d'économie lexicale .

Jacques Halbronn Anthropolinguistique Les préfixes garantie d'économie lexicale . Une des forces de la langue française concerne ses préfixes. Outre, l'usage du "re" et du "de" dont nous avons déjà traité, c'est celui des formes en "bon" et en "mal" qui nous semblent remarquables et déterminent une forte économie lexicale propre aux langues latines d'où des emprunts de la part des langues germaniques au français, question déjà largement abordée dans les années 80 par nos soins (1981, 1987, 1989) . Il ne s'agit pas là du simple usage de la négation comme le "im" (impossible) ou le "in" (inapte) mais bien d'un apport de la sémantique à la grammaire. Rappelons l'ouvrage de Nietzsche, 'Par delà le bien et le mal". Ci-dessous, une liste dialectique non exhaustive: bonheur/ malheur, bénédiction/malédiction. bienfaisance, malfaisan, bienséance/malséant, bon gré/mal gré, bon an mal an, bien élevé, mal élévé. On signalera les formules de souhait qui ne comportent pas de contraire: bon voyage, bon appétit, bonne nuit, bon courage, à la bonne heure, etc et inversement, des formes négatives sans contrepartie: mécréant, mévente, maladie. En anglais le préfixe "mis" qui est à rapprocher du "mé" (mes) du français, on trouve mismatch, misfit, misleading, mistake (méprise); malfunction, On a aussi, en français,, le cas de formes négatives s'opposant au radical non précédé de "bon": aventure/mésaventure, connaissance/méconnaissance,. A " bienvenue", il n'y a pas de pendant négatif. adroit/maladroit; heureux/malheureux. En matière d'affixes, rappelons nos récents travaux sur le français sur le statut de l'infinitif, articulé sur le verbe avoir, en tant que préfixe pour le passé et suffixe pour le futur. MANGER Passé: Ai Manger Futur Manger-ai (as, a, ons, ez, ont) Ce qui n'exige pas de se servir des pronoms personnels., pratique plus courant en italien et en espagnol qu'en français, marqué par une influence allemande. La forme "ai manger" a du précéder la forme "mangé", résultat d'un alignement de l'écrit par rapport à l'oral. Etrangement, en anglais, on a la finale "ed" pour le passé Dans les langues sémitiques (hébreu, arabe), le pronom personnel sert d'affixe et non le verbe avoir, ce qui nous améne à penser que le verbe avoir équivaut au pronom personnel. Dans ces langues, le préfixe sert pour marquer le futur et le suffixe le passé, à l'inverse des langues latines (est-ce lié au mode de lecture?) Le préfixe du futur est formé à partir des pronoms personnels tout comme le suffixe du passé. Une anomalie est à relever tant pour l'arabe que pour l'hebreu : la première personne au singulier du passé se sert du pronom personnel de la deuxiéme personne en Thav (pour l'hébreu) alors qu'il faudrait mette un noun (à partir de Ani, Ana) comme c'est le cas pour la première personne au pluriel D'où ce décalage Katavti, j'ai écrit, Katavnou, nous avons écrit! En ce qui concerne l'usage des adjectifs et des adverbes (cf supra) pour servir d'affixes, on notera que l'on trouve "full" en anglais dans beautiful, grateful, et "reich" en allemand comme Friedrich, celui qui est pacifique (Frieden : paix) En revanche, les langues germaniques ne construisent pas leurs temps passé et futur à partir d'affixes greffés sur l'infinitif comme le font les langues latines en se servant de l'auxiliaire "avoir" (en allemand haben et en anglais have) JHB 02 06 25

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