mardi 5 avril 2016

Jacques halbronn Une nouvelle lecture de la devise Liberté Egalité fraternité au prisme de la laïcité

Une nouvelle lecture de la devise Liberté Egalité Fraternité, au prisme de la laïcité.
Par  Jacques Halbronn

Il nous est apparu que cette devise ne faisait sens que si elle concernait non pas les rapports entre individus mais bien entre communautés, ce qui est d’ailleurs au cœur de la question de la laïcité.
Plus de deux siècles après une telle formulation,  il semble assez évident que la lecture traditionnelle de cette devise n’est pas appropriée.
Si l’on prend le terme « liberté »,  qui ne voit que cela concerne avant tout celle des groupes et non celle des personnes. Quand on dit que la liberté a ses limites, il va de soi que le probléme se pose d’abord au regard des relations entre les communautés bien plutôt qu’entre les individus.
La question de l’Egalité, on le voit bien en ce qui concerne les revendications des femmes,  n’est pas non plus à considérer comme une affaire individuelle mais bien comme concernant tel groupe par rapport à tel autre. Là encore,  il est évident que l’enjeu se situe dans les comparaisons de groupe à groupe et non d’individu à individu, d’où les statistiques qui sont mises en avant et qui ne font sens que sur un plan quantitatif.
Quant au troisiéme terme, la Fraternité, il  convient lui aussi de le comprendre, au regard de l’ordre social, dans une relation entre les différentes entités qui existent au sein de l’espace français.  On est tous embarqués sur le même bateau et cela doit s’entendre comme le terme Solidarité.
Le rôle de l’Etat est bien de réguler les relations entre les groupes bien plus qu’entre les personnes. Il est vrai qu’à un certain moment, il y eut un revirement comme en témoigne la déclaration de Clermont-Tonnerre : « tout aux Juifs en tant que citoyens, rien en tant que nation » mais Napoléon l’entendit autrement et établit un Consistoire qui existe encore de nos jours.  Il semble donc que la  devise  républicaine ait été infléchie dans un sens hostile aux corps constitués, au nom d’une idéologie qui ne voulait rien tolérer entre les citoyens et l’Etat. Mais  nous pensons avoir rétabli le sens premier de la devise et montrer que la théorie de l’Etat dont elle émane  sous entend bel et bien un espace traversé par diverses structures qu’il s’agit de faire cohabiter, co-exister.
Il y aurait donc là un retour du refoulé avec l’urgence d’en revenir à  la logique initiale inhérente à la dite devise.
Cela dit,  il est clair qu’il y a deux siècles, les diverses composantes constituaient un ensemble bien plus homogéne que de nos jours, du fait de l’absence de populations originaires du monde islamique.  Mais cela ne fait que rendre plus  nécessaire une approche « communautariste » avec un code de bonne conduite – ce en quoi consiste en fait la devise en question. Cela signifie que chaque communauté  a le droit d’avoir un espace (réel et virtuel) qui lui soit propre, ce qui précisément limitera d’autant sa présence dans l’espace commun au minimum tout comme le droit d’entretenir des relations avec d’autres groupes du même ordre au sein d’autres Etats, tout en respectant le principe de ne pas porter atteinte à la sensibilité des autres communautés, du moins dans l’espace public. Rappelons que la « liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui »


JHB
04 04 16




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