jeudi 23 février 2017

Jacques Halbronn L'Ancien Testament, compromis entre deux raoyaumes, Judah et Israël

L’Ancien testament, compromis entre deux royaumes, Judah et Israël.

par  Jacques  Halbronn
Les ouvrages d’Israel Finkelstein  viennent corrobporer et prolonger nos réflexions  sur la question d’Israel à l’époque et dans le contexte bibliques. (cf  Le Royaume biblique oublié. Ed Odile Jacob,  2013 etc)
Comme tout un chacun ou presque, nous avions appris qu’avaient existé face à face deux royaumes, à la suite de la mort du roi Salomon, celui de Judah, au sud et d’Israël au nord, que celui d’Israel avait disparu en  -722  et celui de Judah avait été marqué en -586 par la destruction du Premier Temple et la Captivité de Babylone.
Un jour, nous avons commencé à nous demander comment dans ce cas, les Hébreux pouvaient être désignés couramment dans le Livre de l’Exode et dans bien d’autres de l’Ancien Testament, sous le terme « Fils d’Israël » (Bnéi Israel)..
Car en admettant même que cette expression ait pu être utilisée avant le schisme, comment avait-elle pu perdurer jusqu’à nos jours sans que cela ne trouble quiconque alors que le nom même d’Israel était associé à un frère ennemi? Il y avait là une invraisemblance troublante.
Par ailleurs, nous avions noté  que dans le Livre de la Genése, le rapport entre Jacob et le nom d’Israel n’était avancé que dans un seul et unique chapitre, le 32e.
On s’était également demandé, à un certain stade, comment il se faisait que Judah  n’ait pas été compté parmi les « père » (Avoth), à la suite d’Abrahal, Isaac et Jacob alors que Jacob avait désigné,au chapitre 49 de la Génése,  Judah, pour diriger la fratrie. Cela dit, le songe de Joseph disait plus ou moins la même chose. Dans un cas, c’est un homme Joseph et dans l’autre, une tribu , bien après la mort du dit Judah, au sein de laquelle émergera la dynastie davidienne contre laquelle se dressera le dit Royaume d’Israel.
Israel Finnkelstein nous donne le fin mot de l’affaire: En voici quelques extraits issus de ses ouvrages dont la Bible dévoilée, Paris, Bayard, 2002, écrit avec N. A. Silbermann. :
« Il est vrai toutefois que certaines  traditions israelites furent incorporées dans la Bible  hébraïque, qu »il s’agisse du cycle de Jacob  dans la Genése  etc  «
« Cet auteur   tira profit du fait qu’après  720 av JC le terme Israel était disponible tant au  plan  territorial qu’au plan politique
« La chute d’Israel  ouvre la voie à un autre « Israel » – les Bnei Israel, le Peuple d’Israel, constitué des douze tribus installées sur l’ensemble du territoire des deux royaumes hébreux. Au cours de cette transformation les textes originaires du Royaume du Nord, seront incorporés à la Bible, pour former une part de la grand épopée hébraique »
« La construction idéologique d’une  grande Monarchie unifiée qui aurait régné sur tout le peuple d’Israel (Nord et Sud confondus- à partir de Jérusalem est un produit  de cette période »
« La courte  existence du royaume d’ »Israel qui dura en tout  et pour tout deux petits siècles donna aussi naissance à un concept de grand avenir, le peuple  d’Israel »
Résumons-nous, l’afflux de réfugiés du Royaume d’Israel vers le Royaume de Judah, après la défaite de -722 allait changer le caractère du dit Royaume de Judah, lequel devait  intégrer  ces éléments. En ce sens la chute du Royaume d’Israel mettait fin au schisme et contraignait à la pratique d’une certaine forme de syncrétisme assez hétérogéne.
Cela donna le résultat que l’on connait à savoir des pans entiers de l’Histoire (réelle ou supposée) des Hébreux désignés comme les enfants d’Israël. Certes, l’on nous dira que tel était bien le nom de Jacob à l’occasion de son combat avec l’ange. Mais, il semble bien que cette connexion Jacob-Israel  ait été une invention d’Israel.pour tirer la couverture à lui! Au final Judah finit dans l’esprit des Israélites par être associé à Esaü et Israel à Jacob. On voit que les tensions entre frères qui émaillent le Livre de la Genése et ce à partir d’Abel et de Cain, ce dernier tuant son frère; ne se comprennent qu’à la lumière de la sécession survenue deux siècles environ avant la disparition du dit Royaume d’Israel. Rappelons en passant que c’est le nom qui sera donné au nouvel Etat  Hébreu en 1948, de préférence à Sion ou à Judée, probablement en raison de l’omniprésence dans l’Ancien Testament du peuple (Bnei Israel, Kol Israel), voire au dieu d’Israel (dans le Livre de Josué). Rappelons aussi  que la prière la plus sacrée des Juifs est le Ecoute Israel (Shéma Israel » et que les Chrétiens se sont voulu un Second ou un Nouvel Israel. Nous avons aussi relevé des différences dans la façon dont Yahvé s’adresse à « son » peuple. Tantôt, il le tutoie et tantôt il  s’adresse à l’ensemble du peuple avec un vous au pluriel. Même dans un  texte aussi court que le Shéma, les mêmes ordres sont donnés à quelques lignes d’intervalle avec le « tu » et avec le « vous »! Notons que les Dix Commandements usent du « tu » et nous pensons qu’il s’agit là d’une tonalité plus israélite que judéenne.
On aurait pu croire qu’un tel résultat aurait été le fait des Israélites. Or, selon Finkelstein, il s’agirait plutôt d’une décision politique au sein du Royaume de Judah de se concilier les bonnes grâces  des  ressortissants ou descendants des immigrés du Royaume du Nord, bénéficiant ainsi, en quelque sorte d’une « loi du retour » comme c’est le cas de nos jours pour les Juifs de la Diaspora.
Par delà les arguments archéologiques que nous n’avons pas repris, il ressort que la thèse de Finkelstein nous semble la seule en mesure d’expliquer l’hyper-présence du mot Israel dans l’Ancien Testament. A un moment nous avions pensé que cette association entre le nom d’Israel et le peuple hébreu était bien plus ancienne que le schisme post Salomon. Mais comme on l’a dit, la seule connexion entre Jacob et Israel tient dans quelques lignes d’un unique chapitre. Or ces lignes nous semblent calquées sur le récit de la Tour de Babel, quand l’échelle est décrite comme « montant jusqu’au ciel ». On pense aussi au dialogue entre Moise et Yahvé dans le Livre de l’Exode, quand Jacob demande à l’ange quel est « son nom ».
Ce passage est d’ailleurs signé puisqu’il se termine ainsi :: »  C’est pourquoi les enfants d’Israël (Benei Israel) ne mangent point – aujourd’hui encore (sic)- le nerf sciatique qui tient la cavité de a cuisse parce que Jacob fut touché à la cavité de la cuisse sur le nerf sciatique ». Or, la formule « Benei Israel » est totalement absente du Livre de la Genése et n’apparait que dans le Livre de l’Exode/. D’ailleurs, pendant tout le reste du récit- jusqu’au 50e chapitre, Jacob ne sera jamais désigné sous le nom d’Israel/  Le  Livre de la Génése  revient toutefois, dans ses toutes dernières lignes à une telle référence: « Et Joseph adjura les enfants d’Israël (Benei Israel)  en disant etc ». Il nous apparait ainsi que le Livre de la Genése  n’aura été « contaminé » par le « virus » israélite que très ponctuellement. Cela tient à ce qu’il doit relever du récit  national judéen   avec quelques interpolations alors que les autres livres du Pentateuque seraient à la base marqués par le récit israélite, avec là encore quelques interpolations judéens. Soit une cote mal taillée.
Nous avions observé un phénoméne assez semblable  dans nos travaux sur les Centuries de Nostradamus (cf notamment notre post-doctorat de 2007,  sur le site propheties.it) et nos études nostradamiques sur ce site, sans oublier le dossier paru dans la Revue Française d’Histoire des textes, 2011) en montrant que les sept premières centuries,introduites par la Préfacé à César avaient été marquées par le camp catholique de la Ligue  et les trois dernières par le camp réformé d’Henri de Navarre (IV) , ce qui coupait la France en deux, d’ouest en Est, cette fois.  Les deux séries de centuries avaient fini par paraitre ensemble mais tout en étant chacune précédée par des textes en prose spécifiques à chacune d’entre elles.
JHB
23. 02. 17

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