samedi 7 mai 2022
jacques Halbronn Linguistique. Etymologie et/ou emprunt linguistique?
jacques Halbronn Linguistique. Etymologie et/ou emprunt linguistique?
Nous nous sommes depuis longtemps intéressé aux variantes lexicales. Récemment, nous avons fait le rapprochement entre la numérotation grecque et la numérotation latine.D’aucuns proposent une origine commune plutôt qu’un emprunt. On rencontre le même type de débat à propos des emprunts de l’anglais au français, en arguant là encore d’une origine commune. Comment trancher entre ces deux thèses?
On commencera par le cas du rapport entre le grec et le latin. On observe que le grec « hexa » correspond au latin « sex) tout comme le grec hepta correspond au latin septem avec un passage du h au s. Est ce une racine commune ou un emprunt, that is the question. Nous ferons remarquer qu’un tel cas de figure n’est pas rare, c’est ainsi que l’espagnol (castillan) comporte une série commençant par « ll » alors qu’en français, on a la lettre « p »: pleurer.llorrar, pleuvoir, llover, plein, lleno etc On sait que la forme française est proche du latin alors que la forme espagnole serait « déviante ». Mais l’espagnol a-t-il emprunté au latin ou à telle ou telle langue « latine » ou bien s’agit-il d’une dérivation à partir d’une langue commune antérieure?
Dans le cas de la relation entre le français et l’anglais, il importe dans la plupart des cas d’emprunt direct de l’anglais au français et non d’une dérive de l’anglais à partir du latin ou -plus en amont- de l’indo-européen.Si l’on compare l’anglais à l’allemand, dans le champ germanique, les variantes de l’anglais sont beaucoup plus marquées que dans le rapport de l’anglais au français. C’est ainsi que enough est à rapprocher de genug, que Luck est à rapprocher de Glück etc. Autrement dit, quand il y a une évolution « normale » de la langue, les variantes sont plus marquées que lors de l’emprunt et il est inutile, ici, de donner des exemples dans ce sens, tant il est flagrant que les mots français sont généralement passés tels quels, au niveau de l’écrit, vers l’anglais.
Pour en revenir au cas litigieux du rapport entre le grec et le latin (et les autres langues latines, dont le français), il conviendrait de se demander de quelle manière le latin dériverait d’une langue commune avec le grec ou bien si cela ne vaut que pour un certain lexique, comme dans notre exemple, de la numérotation. Nous suggérerons la possibilité d’un emprunt « technique » circonscrit à la question même du champ propre à la numérotation. On pourrait faire les mêmes observations pour la transmission de l’alphabet qui reste une exception d’origine grecque (alpha-béta etc)/ Entendons par là que les rapprochements entre le latin et le grec n’interpellent pas souvent l’attention du lecteur/locuteur et cela vaut pour l’exemple du rapport hepta/septem, hexa/sex. Dans le cas des rapports entre le français et l’italien, les similitudes ne concernent qu’un ensemble assez bien délimité, ce qui exclue la seule explication d’une origine commune, par delà l’appartenance, par ailleurs, à une même famille « latin » de langue.
Abordons, pour compléter notre tableau, le cas des rapports entre le français et l’allemand avec en perspective celui des rapport déjà évoqué entre le français et l’anglais. L’influence du français sur l’anglais est bien plus forte que celle du français sur l’allemand. C’est ainsi que l’anglais ne dispose pas de l’adjectif correspondant à l’allemand möglich alors qu’il a le verbe « may » (en allemand mögen) tant et si bien qu’il ne dispose que du français « possible », qui s’écrit exactement comme en français, ce qui témoigne de l’ampleur de la « francisation » de l’anglais, par delà la question de l’indo-européen.
On aura compris qu’il serait souhaitable d’éviter le télescopage consistant à faire passer l’influence française sur l’anglais comme n’étant en réalité que le fait d’une origine commune aux deux langues ou encore d’une influence directe du latin sur l’anglais, comme si l’on était en pratique incapable de distinguer entre le latin et le français. Il importe donc de revoir les explications « etymologiques » proposées et qui tendent à évacuer les influences directes et récentes au nom d »influences plus anciennes bien moins attestées.
JHB 07 05 22
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