jeudi 6 mai 2021

jacques Halbronn Les fonctions phonologiques complémentaires des lettres "e" et "n" en français

LINGUISTIQUE Les fonctions phonologiques complémentaires des lettres « e » et « n » en français. Par Jacques Halbronn Si la lettre « e » joue un rôle très particulier en français, comme nous l’avons mis en évidence, une autre lettre agit de façon assez spéciale, on pense à la lettre « n ». On connait les effets du « n » faisant suite à une voyelle, dont il change la sonorité : on, an, in, un, en. On connait aussi le cas de la conjugaison en « ons » « nous partons », en « ont » ils s’en vont, en « ent », ils veulent. Le dernier cas interroge puisque la forme « ent » est muette : ils/elles chantent ne s’entend pas différemment de ‘il/elle chante » !. On a bien du mal à croire qu’il a pu toujours en être ainsi. Un autre cas intéressant concerne le passage du masculin au féminin : un et une. On va revenir sur ces divers éléments. Dans les autres langues, la lettre « n » est entendue « telle quelle » et ne change pas la voyelle qui la précéde. Tout se passe comme si le n dans ce cas ne jouait plus son rôle de consonne et conduisait la voyelle qui précédé à changer de timbre..En fait, dans bien des cas les deux lettres , le e et le n, vont coexister comme dans la préposition « en » ou dans « parent », à ne pas prononcer comme pour la troisiéme personne du pluriel du verbe « parer » : ils se parent. Mais de quel type de « e » s’agit-il alors ? Et pourquoi dans le cas des noms et des adverbes, la forme « ent » s’entend : comme dans gouvernement, fortement ?, Un cas étonnant est « ils entendent » avec un premier « en » qui se prononce et un second « en » qui ne se prononce pas, parce qu’il s’agit d’un suffixe de conjugaison. Le pire, c’est quand on ne fait pas la liaison du « ils » devant une consonne – il-elle mange et ils/elles mangent – car alors on ne sait plus distinguer à l’oreille le singulier et le pluriel, comme quoi, en français, il faut toujours, à l’oral, avoir en tête la forme écrite : ça aide. I le n comme transformateur vocalique L’on trouve constamment de telles situations sur des points nullement marginaux. Prenons le cas du « on », on en a besoin en français pour le possessifs : mon, ton, son devant un mot de genre masculin. Dans la conjugaison au pluriel à la première et à la troisième personnes : nous avons, ils ont. Penons à la Marseillaise : « Allons enfants etc « où l’on trouve dans les deux premiers mot pas moins de trois combinaisons voyelle + n. La deuxiéme personne du pluriel -ni l’impératif – n’est pas concernée et passe par une finale en « ez » avec un « z » qui ne s’entend pas.(cf nos précédentes études autour du « e ») On connait la fable de La Fontaine La cigale et la fourmi. Vous chantiez j’en suis fort aise eh bien dansez maintenant !. Le participe présent est également concerné (en chantant , important) ; La question qui se pose, entre autres, est celle du genre : est-ce que le « an » d’important est le ‘an » d’importante ? En tout cas, en anglais l’article indéfini « an » ne fait pas jouer la sur-vocalisation du « an » pas plus qu’en allemand avec « ein « . Tout se passe comme s’il s’agissait d’une forme germanique qui soit aurait dégénéré en français ou au contraire aurait dégénéré en anglais et en allemand. De la même façon la forme « en » en allemand comme suffixe de pluriel se retrouve en français : sie sagen, ils parlent, le français ajoutant un « t » . Pour le participe présent, la forme « end » (sagend) correspondrait au « ant » français. Reste donc posée la question : le statut du n après voyelle est-il une invention française ou la trace d’un état du germanique qui se serait maintenu en français mais pas dans les langues dites germaniques ? On connait ce cas de figure où l’emprunteur aura perpétué des formes ayant disparu dans l’original, comme le suffixe « ed » en anglais, venu du français qui, entre temps, a changé le « ed » en « é ».. Pour en revenir au casse tête de la conjugaison à la troisième personne du pluriel, nous pensons que le « t » final devrait se prononcer, ce qui distinguerait il mange et ils mangent. On retrouve dès lors la situation des consonnes finales en français avec le rôle de la lettre « e ». Le chant, il chante. Il y a des cas, où la consonne finale ne doit pas se prononcer en français, pour des raisons phonologiques, de façon à distinguer,notamment le masculin et le féminin comme petit (devant une consonne, donc sans liaison) et petite. En français, le mot au masculin est en régle générale plus rétracté que le mot au féminin. Cette rétraction sert de marqueur de genre. Récemment, en langage « inclusif » : écrivain/écrivaine ; important, importante. Le « n » ne se prononce qu’au féminin. Mais l’on assiste dans ce cas à la mise en œuvre de la lettre « e » comme renforçant la consonne qui le précéde alors que la lettre « n » vient renforcer la voyelle qui précéde. En conclusion, le n est aux voyelles ce que le e est aux consonnes. Paradoxalement ou pas, c’est une consonne qui joue sur les voyelles et une voyelle qui joue sur les consonnes. Dans le cas de la conjugaison française à la troisième personne du pluriel, il s’agirait d’une interférence germanique qui ignore la fonction française du « e » permettant la prononciation de la consonne. On a donc le choix : soit on ajoute un « e » après le « ent » : ils parlente, soit l’on supprime le t final, ce qui donnerait « ils parlen » et cette fois ci, on doit prononcer le « en », du fait de la lettre « n ». On retrouve la dialectique du « e » renforçant la consonne et du « n » renforçant la voyelle…

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