mercredi 12 mai 2021
jacques Halbronn Le syncrétisme biblique dans le monde juif
Le syncrétisme biblique dans le monde juif
par Jacques Halbronn
Nous avons déjà évoqué notre thèse selon laquelle les Israélites, les gens du Royaume du Nord nous auraient transmis « leur » Pentateuque alors que les Judéens nous auraient transmis les Livres des Prophétes, ce qui forme un étrange diptyque.
En ce qui concerne le Pentateuque, le Livre de l'Exode en est la preuve flagrante puisque tout le Livre met en scène les »fils d'Israel » (Beney Israel) et ce sont eux qui sont les témoins de la Révélation au Mont Sinai, ce sont eux qui construisent le Veau d'Or.
Nous avons, pour notre part, la faiblesse de penser que le récit de la Sortie d'Egypte, célébrée à la fête de Pessah, aurait été calqué sur l'Edit de Cyrus, ramenant les Judéens sur leur Terre au Vie siècle avant JC. La sortie d'Egypte serait une contrefaçon antidatée.
Nous voudrions ici insister sur la question du Shabbat dont il est question dans le dit Livre de l'Exode en nous demandant si cette pratique ne reléve pas de l'influence israélite. Or, le Shabbat renvoie au Livre de la Genése, qui serait le septième jour de la Création (Genése Chapitre II) alors que les six Jours de la Création relévent du Chapitre Ier.
Mais commençons par des observations d'ordre formel qui trahissent une tentative fautive de fabriquer un faux dans le style d'une époque révolue, notamment dans un usage erratique du vav renversif ou conversif. Si l'on s'en tient au premier chapitre de la Genése, on trouve un premier verset sans usage du dit Vav : Beréshit bara Elohim. Avec le Vav, on aurait «VaYivra » Elohim. Mais quelques lignes plus loin, retour du Vav Conversif : Vayomer Elohim : « Dieu dit ». Ici le futur devient du passé, en application du Vav conversif. Sans le Vav, on aurait mis « Amar », le passé de Omer.
Si l'on consiére les deux fils d'Isaac, l'on voit que Jacob est préféré et reçoit la bénédiction. Or, Jacob va être nommé Israel -épisode la Lutte avec l'Ange alors qu'Esau, l'ainé, se voit dépouiller de son statut de premier né. Or, On nous dit qu'Esaü sera lié à Edom, mot qui est de même racine qu'Adam (Aleph, Daleth, Mem)cet Adam dont on nous narre les mésaventures au Jardin d'Eden,aux chapitres II et suivants du Livre de la Génése avec l'épisode du Serpent tentateur.
Cet Adam n'est certes pas aussi glorieux que l'Adam du premier Chapitre où l'on nous dit qu'il a été créé, mâle et femelle, à l'image de « Dieu ». Or, coup de théatre, au Chapitre II, on nous dit que Dieu trouve Adam bien seul. Comment expliquer un tel revirement ? Selon nous, il s'agit de deux humanités différentes, celle des Jupitériens androgynes et celle des Saturniens, voués à une forme de grégarité, à un statut collectif. Les uns sont les maitres, les autres les esclaves.
Lilly Scherr, que nous avons eu comme enseignante aux Langues O (INALCO) au début des années soixane-dix, rappelle -sans le valider- qu'il existait dans le monde hassidique, une sorte de trio (cf Lilly Scherr. Une historienne juive insoumise, dir. Michéle Bitton et Michèle Hassoun, Ed. BJM (Bibliothèque juive de Marseille) 2005) à savoir le Tsadiq, le Hassid et sa femme.
« Le but de l'homme c'était de vivre chez son maitre » (La femme juive à travers les siècles. Les Nouveaux Cahiers, n°46 ; 1976, Numéro spécial « Femmes juives. Voix d'EL-les' (sic) p. 59) Cela nous conduit à adopter une vision ternaire de l'Humanité , deux hommes et une femme et nous pensons aux premiers chapitres du Livre de la Genése. L'Adam du premier chapitre ne serait pas l'Adam des chapitres suivants. Le « premier » Adam est androgyne à l'image de son « Créateur » alors que le second Adam sera doté d'une compagne. On nous rappelle que « la Kabbale attribue elle aussi au tsadik des pouvoirs divins, dont celui de servir d'intermédiaire entre Dieu et le peuple juif". La grande question, selon nous, est d'apprendre à distinguer entre les deux Adams. Les Juifs correspondraient au premier Adam jupitérien et les rédacteurs israélites du Pentateuque auraient juxtaposé un second Adam saturnien soit les deux histoires, celle de l'Androgyne et celle du couple qui engendre. Mais il apparaît que les Judéens seront parvenus, dans le texte biblique du Pentateuque, à contrer le parti israélite en faisant condamner le couple saturnien, expulsé du Jardin d'Eden.
Quid du Shabbat ? Il s'agit selon nous d'une invention des Israélites. Le nom de ce jour renvoie à Shabtaï, nom de la planéte que nous connaissons sous celui de Saturne. Le Shabbat marque l'arrêt du temps de la Création en six jours.
A contrario, les Livres des Prophétes sont anti-israélites et le célébre « Shema Israel » est une injonction s'adressant à la « maison d'Israel » (formule qui sera reprise dans les Evangiles, placée dans la bouche de Jésus- pour les mettre en garde. Ce n'est donc aucunement une profession de foi proposée aux Judéens. Ainsi, dans l'image des Israélites dans les livres des Prophétes diffère radicalement de celle distillée dans le Pentateuque.
Comment expliquer que ces deux livres puissent cohabiter au sein d'un même recueil, constitué de trois volets, le Pentateuque, les Prophétes et les Hagiographes ? Nous avons l'exemple des Prophéties de Nostradamus, qui comporte deux volets, correspondant à des camps opposés, dans la seconde moitié du XVIe siècle.(cf notre mémoire sur Nostradamus ;
sur SCRIBD Les légendes dorées du prophétisme, de Nostradamus à André Barbault, 2021)
On aura donc, dans une démarche typiquement syncrétique , mis ensemble des textes traitant certes du même sujet mais selon des angles d'approche diamétralement opposés. Une affirmation d'unité -telle qu'affirmée dans la dite profession de foi, aura si longtemps pu donner le change. A l'Ecoute Israel des Prophétes fait pendant le « Garde toi Tours de ta proche ruine »(IV, 46) du premier volet des Centuries, la ville de Tours désignant ici l'ennemi , dont la capitale était cette ville.(ce qui fut aussi le cas lors de la guerre avec la Prusse en 1870) On peut dire que l'office du Shabbat dans la synagogue comporte deux volets, celui du sixiéme jour, le vendredi soir et celui du septième jour, le samedi. On aura donc placé à la suite l'un de l'autre le récit judéen puis le récit israélite. Quant au « Nouveau Testament » qui est rajouté dans la « Bible » chrétienne, il s'efforce d'aboutir à une unité, Jésus proclamant « je suis venu pour les brebis perdues de la Maison d'Israel ». On comprend l'insistance de l'Unité (le Ehad) dans le « Shema Israel »
JHB
12. 05.21
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