samedi 29 mai 2021

Jacques Halbronn Linguistique. Les marqueurs de genre

LINGUISTIQUE Le malentendu autour du marqueur du féminin dans la langue française Par Jacques Halbronn Quelle est la portée de l'écriture dite inclusive en français ? Par rapport à quoi se positionne une telle exigence ? Qu'est ce que cela serait censé pallier ? On a en effet, quelque part, l'impression, à entendre les tenants de cette mode, que le français n'assume pas la distinction sexuelle et que le masculin n'aurait point pour pendant le féminin dans cette langue. Mais qu'en est-il réellement ? Qu'en est-il dans le cas de l'anglais ? Certes, le français tout comme les autres langues dites latines a un probléme avec le possessif. Quand on dit « sa voiture », on ne sait pas si c'est la voiture d'un homme ou d'une femme car le possessif à la troisième personne du singulier s'accorde non pas avec le sujet mais avec l'objet alors qu'en anglais , le possessif au singulier signale le sujet : his, her car. Et c'est vrai aussi en allemand ; ihr, sein. Certes, le français ne recourt pas à la différence des autres langues latines aux finales en « o » et en « a » pour marquer le genre. On dira « riche » aussi bien pour un homme que pour une femme alors qu'en espagnol, par exemple, cela donnera rico et rica. En allemand, le marqueur du féminin pour l'adjectif passe par l'adjonction d'un « e » : klein/ kleine ce qui est plus discret que les finales en « o » et en « a » et risque de passer inaperçu pour un non initié aux arcanes de cette langue. L'écriture inclusive fait justement usage de cet ajout du « e » : le déjà ancien avocat/avocate, président/présidente, et récemment, donc, écrivain/écrivaine, auteur/auteure. Mais l'on a aussi en français instituteur et institutrice, directeur et directrice, lecteur et lectrice, roi et reine, prince et princesse etc. tout comme l'on trouve grand et grande, petit et petite, fort et forte, sérieux et sérieuse, gentil et gentille etc.. En comparaison, l'anglais distinguera rarement les activités masculine et féminines ainsi que les adjectifs qui seraient en quelque sorte « unisexe ». Little, est aussi bien masculin que féminin. Nous avons d'ailleurs ce même cas de figure pour « riche » et 'pauvre » qui ne se distinguent que par le contexte, notamment au niveau de l'article défini (le et la) comme indéfini (un/une) alors qu'en anglais, ce sera indifféremment 'the » tant au masculin qu'au féminin ou qu'au pluriel, c e qui n'est pas le cas pour l'allemand..(der, die, das (neutre) L'anglais peut parfois aussi placer un « he » (il) et un « she » (elle) devant un nom pour marquer le genre. Arretons- nous sur le participe passé du français pour les conjugaisons dont l'infinitif se termine en « er » comme chanter, manger etc. A l'oral, on n'entend guère la différence entre le participe passé au masculin et au féminin : chanté et chantée car le e final après un « é » n'est guère audible alors que pour d'autres conjugaisons, on fait mieux la différence: écrit et écrite. Cela tient historiquement à l'influence de l'oral sur l'écrit qui aura fait disparaître une consonne qui ne se prononçait pas en fin de mot, l'anglais ayant conservé cette consonne avec la finale « ed ». On devrait avoir en français non pas mangée mais mangéde. On voit donc que le français reste assez bien équipé, dans l'ensemble, pour marquer le masculin et le féminin. A quand la différence entre le pronom personnel de la première personne du masculin et celui du féminin, à savoir le « je » ? C'est alors l'attribut qui indique ce qu'il en est : je suis petit, je suis petite.Il semble que la différence soit centrée sur les deuxiéme et troisiéme personnes du singulier, tu es grand, il est grand, tu es grande, elle est grande comme si la première personne désignait le locuteur en personne dont le sexe est déterminé de par sa présence physique même. Il semble donc que l'on ait intenté un mauvais procés au français lequel n'est pourtant pas de reste, nullement en retrait, pour marquer les différences de genre.. On pourrait ajouter les duos actif et active, vif et vive, juif et juive etc. Notons que les adverbes en français se construisent généralement sur la base de l'adjectif au féminin : active donne activement, grand, grandement, général ; généralement etc. En fait, le masculin est sous certains angles voué à la portion congrue dans la mesure où le mot au masculin perd sa consonne finale à l'oral sinon à l'écrit : on n'entend pas le « t » de « petit », le « d » de grand alors que ces finales ressortent au féminin!D'ailleurs écrivaine produit la finale « n » laquelle est « muette » au masculin : écrivain Ce qui est vrai, c'est que le français distingue moins nettement à l'oreille les deux genres que d'autres langues latines, slaves ou sémitiques, ce qui s'observe notamment pour les prénoms : Daniel et Danièle, Michel et Michelle, Pascal et Pascale etc. Et d'ailleurs, le seul domaine où l'anglais aura préféré faire appel à une autre langue latine que le français est celui des prénoms se terminant en « a » : Patricia, Daniela, Sylvia ainsi que des noms géographiques: Florida, Virginia, Philadelphia et bien sur America ce qui tient aussi à la présence espagnole dans des régions annexées par les USA comme California.. A quand le choix en français de prénoms féminins en « a ». ? Pourquoi ne pas féminiser le mot ministre en « ministra » ? On voit que le mode inclusif dans l'état actuel des choses est fort limité  , une solution serait de recourir systématiquement au suffixe en « esse » : une ministresse, sur le modèle de prince-princesse , maitre et maitresse. En fait, cela fait des siècles que le français pratique l'écriture inclusive sans le savoir à l'instar de Monsieur Jourdain avec son usage de la prose dans le Bourgeois Gentilhomme. Bibliogtaphie : notre étude sur la dialectique de l'oral et de l'écrit, sur la plateforme SCRIBD)

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