mercredi 19 mai 2021

Linguistique. Les arcanes de la conjugaison du français et le processus de réduction comme marqueur

Linguistique. Les arcanes de la conjugaison du français et le processus de réduction comme marqueur. par Jacques Halbronn Nous avons abordé la question des codes de prononciation du français et soulignant une certaine déperdition des codes dans un grand nombre d'autres langues du fait de la perte de dualité entre l'écrit et l'oral, alors qu'il importe de tenir les deux bouts de la chaine, nous traiterons à présent de certaines anomalies de facto ou de jure à commencer par les insuffisances de l'enseignement du français langue étrangère (FLE). Il suffit d'interroger des francophones sur le pourquoi de telle pratique pour générer la plus grande perplexité : c'est le genre de question à ne pas (se) poser. Venons -en à la question des différents temps et modes propres à la langue française, sans négliger le délicat passage de la francographie à la francophonie.  Nous voudrions insister sur la fonction de la lettre 'R' en français dans la formation de l'infinitif, du futur et du passé simple. Cela donne manger, mangeront, mangèrent. Dans les trois cas, le « r » est récurrent comme interface entre la racine et le marqueur de la « personne » car l'infinitif « manger » doit se décomposer en mange +R tout comme le futur doit se décomposer en mange+R+ le suffixe associé au verbe avoir : ils mange-r-ont sur « ils ont ». A ce propos, on soulignera que ce que l'on appelle généralement « passé simple » est la base de ce qu'on appelle « imparfait du subjonctif ». Il mangea/qu'il mangeât. Le passé simple est structurellement plus important que l'imparfait et il faudrait dire « passé simple du subjonctif ».Il importe donc d'enseigner le trio infinitif, passé simple, futur, tous marqués par l'interface du 'r ». Les Allemands ne s'y sont pas trompés en mettant une finale en « ieren » pour les verbes venant du français : limitieren et limitiert etc (sans préfixe en « ge » au participe à la différence des verbes d'origine germanique.. . Arrivons -en à la question du temps « présent » en français qui n'est pas sans poser quelque problème avec notamment la troisième personne du pluriel – ce qui vaut aussi d'ailleurs pour l'imparfait. On parle ici des finales en « ent ». Ils mangent, ils mangeaient ce qui s'entend exactement comme Il mange, il mangeait, pour la troisième personne du singulier. On perçoit ainsi que le présent et l'imparfait se retrouvent logés à la même enseigne face au futur et au passé simple et c'est cette dualité qu'il convient de mettre en avant dans une défense et illustration de la langue française avec pour chaque groupe, un élément qui renvoie au passé Passé simple et imparfait et un élément qui reléverait d'une forme d'inaccompli. Futur et présent. .. La troisième personne du présent en français n'obéit pas nécessairement à une suffixation en « ent » : Ils ont, ils font, ils sont dont la finale se retrouve au futur : ils auront, ils feront, ils seront. Mais on a ils mangent, ils mangeront et non « ils mangeont » (sic) Quant à la forme en « on » on la trouve aussi à la première personne du pluriels : nous mangeons, nous avons, nous savons etc. Qu'est ce qui a bien pu se passer pour que l'on en soit arrivé là où l'on est arrivé avec cette forme étrange : ils mangent (que l'on retrouve au subjonctif présent : qu'ils mangent) Cela dépend des différentes conjugaisons et le souci concerne surtout la « première conjugaison » qui est à bien des égards sinistrée puisque le participe passé en « ed » s'est changé en « é », l'accent servant à indiquer la disparition du «d », ce qui est resté dans les emprunts de l'anglais au français : limited, established etc. D'où des formes féminines en « ée » qui ne se distinguent pas à l'oral des formes masculines en « é ». Rappelons que l'usage de la finale en « ent » ne pose pas probléme pour les autres conjugaisons : « ils écrivent » ne se confond pas avec « il écrit », ni à l'oral, ni à l'écrit et la forme « muette » en « en » n'est pas cause de confusion entre le singulier et le pluriel. Autres exemples : il finit, ils finissent, il veut, ils veulent, il boit, ils boivent, il sait, ils savent, il comprend, ils comprennent etc. On ne peut pas se tromper. Donc, reposons la question, qu'est ce qui s'est passé  pour cette conjugaison à la dérive?Selon nous, ce n'est pas la forme du pluriel qui est fautive mais bien la forme du singulier qui ne subit pas le processus de contraction, d'abréviation dont nous avons déjà eu l'occasion de traiter précédemment pour ce qui est des adjectifs, lors du passage du féminin au masculin..Blanche-blanc, grande-grand etc Il faudrait pour bien faire dire , il mang et ils mangent , il chang et ils changent; il chant et ils chantent, il aim et ils aiment, ce qui produit des sons vocaliques particuliers : il « aim » par rapport à « aiment » doit se prononcer comme dans « certain » face à « certaine. ». On voit que ce qui vaut pour le rapport masculin/féminin vaut pour le rapport singulier/pluriel, c'est dire toute l'importance en français de ce que nous appelons « réduction ». On retrouve cette réduction avec ils ont et il a, qui figure au futur avec il dira, ils diront. Nous avons déjà signalé que l'allemand ne prononce pas correctement le duo klein/kleine commettant deux erreurs  en n'usant pas d'une prononciation restreinte au masculin à la française : klein devrait se rendre comme le français « clin » et kleine devrait se rendre comme le masculin de l'allemand  « klein »  sans que l'on entende un « e » final qui ne doit en fait servir que pour que l'on entende le « n ».(cf nos études sur le rôle non vocalique de la lettre « e » en français.), En ce sens, d'ailleurs, le français véhicule une tradition germanique et nullement latine et ceux qui qualifient le français de langue latine ne voient que la dimension lexicale et non les codes de prononciation hérités du germanique et mieux conservés d'ailleurs en français que dans les langues dites germaniques, ce qui vaut évidemment aussi pour l'anglais qui malgré la forte empreinte du français sur cette langue n'a pas su emprunter au français les bons codes germaniques de prononciation ce qui trahit une influence plus depuis l'écrit que depuis l'oral. JHB 19 05 21

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