La shabbatisation ou mise entre parenthèses du travail créatif.
par Jacques Halbronn
Dieu a créé, nous dit le chapitre premier du Livre de la Genése, Adam à son image, mâle et femelle. Formule réitérée au début de son chapitre V. On nous dit dans le Shéma Israel, présenté comme le "credo" du "bar mitzwah", de l'homme engagé à respecter les "commandements" (bar= fils de), que ce Dieu est "un" (Ehad, en arabe Wahad). Or, si on le précise, c'est que cela n'est justement pas si évident que cela. Dieu aurat une face masculine et une phase féminine et le Shabbat correspondrait, selon nous, à la seconde. Cela détermine une dualité du Temps. En ce sens, si le culte ne doit être adressé qu'à un seul dieu, ce dieu n'en est pas moins double, idée que l'on retrouve quelque part avec le culte de la Vierge (NotreDame) dans le catholicisme.
Le temps de la Création serait évidemment "masculin" et le Shabbat en prendrait le contre-pied et en inverserait en quelque sorte les valeurs. En ce sens, l'on comprend les interdictions du Shabbat (un des Dix Commandements). Le Juif doit au cours de la semaine alterner valeurs masculines et féminines.
Le temps du Shabbat mettrait entre parenthèses le travail "créatif", celui de la Création mais l'on peut aisément passer à l'activité créatrice des hommes laquelle serait comme devant être suspendue pendant la durée du Shabbat. Or, ce temps, nous pensons qu'il doit être égal à celui de la Création, soit trois jours et demi, la moitié de 7 jours. C'est pour nous une déviance que de prôner 6 +1 au lieu de deux fois 3 et demi (ou 7 demi-journées).
D'aucuns nous objecteront que l'on ne peut chomer pendant la moitié du temps. Mais un tel argument ne prend pas la mesure de la "shabbatisation" du travail, c'est à dire d'un travail non créatif et qui se répand toujours plus de nos jours. ll suffit d'observer les taches qu s'accomplissent lors du Shabbat pour prendre la mesure d'un certain nivellement des activités requises et qui sont minimales comme de lire des textes déjà existants et non d'en concevoir de nouveaux, ce qui reléve du temps de la Création. Autrement dit, bien des gens vivraient en permanence - et surtout les femmes- dans le temps du Shabbat au regard de la médiocrité de leurs activités, répétitives, routinières, machinales. En ce sens, le Shabbat serait le temps où les hommes descendent au niveau des femmes, ce qui n'est pas sans faire penser à la coutume de Saturnales, à Rome, d'autant que Saturne est lié au samedi (en anglais Saturday, Shabtai étant le nom hébraiquede la planéte dans l'hébreu médiéval)
En ce sens, il est tout à fait normal que le temps du Shabbat mette les femmes en avant, les invite à venir lire les textes consacrés, et pourquoi les rabbins en ce sens ne seraient-ils pas des femmes, comme le propose le judaisme "libéral" puisque ces tâches sont de toute façon de second ordre? Il nous semble même fâcheux que les hommes se prétent à de telles pratiques si peu créatrices.
En bref, on aura compris que notre civilisation actuelle vit une telle dualité dans le rapport au travail et que le modéle du Shabbat tend à nous envahir. Selon nous, nous avons là un modéle historique qui fait alterner des pérodes masculines et féminines - sur une base de 2000 ans environ chacune et il nous apparai que nous devons basculer vers une nouvelle ère masculine, qui fasse refluer l'esprit du Shabbat, tout comme le Solstice 'hiver annonce le reflux de la nuit (ainsi que le minuit). D'où l'importance de la semaine qui nous rappelle qu'après le temps du Shabbat succéde un nouveau temps "créatif".
Les femmes sont redevables d'autres valeurs et les Dix Commandements visent le temps de la Création et le Shabbat a ses propres commandements qui sont exposés dans un des Dix Commandements à savoir tout ce qui est interdit le Shabbat et qui est permis autrement. Les valeurs de la femme juive (la "bat Mitzwa", par opposition au "bar Mitzwa") sont donc radicalement différentes et l'entrée dans le monde du Shabbat est l'entrée dans le monde du féminin. C'est notre approche et nous ne prétendons pas que cette description soit pleinement assumée par le "judaïsme" actuel ni par ceux qui entendent en traiter de l'extérieur. On a là un excellent exemple de ce que nous appellerons une approche antithétique, laquelle vise à restituer l'ordre (en hébreu "seder") que les sociétés ont entendu instaurer et qui n'est celui de la Nature, laquelle restait incompréhensible ni celui (syjnthèse) de que cet ordre est devenu (synthèse), avec un certain degré de corruption qui le défigure.
Ce stade antithétique est celui de l'Humanité dans son
exigence structurelle. Il est notamment caractérisé
par l'instauration du diviseur 4 que l'on retrouve dès le
chapitre II de la Genése quand il est dit que le fleuve
qui coule au Jardin d'Eden comporte quatre bras. Une
telle précision n'est évidemment pas de l'ordre des
"faits" mais correspond à une certaine représentation
du monde (Weltanschauung)
Nous dirons aussi que le Shabbat est un temps
nocturne- d'où sa célébration à la tombée du jour (ou
de la nuit, comme on voudra)- un temps hivernal
féminin qui prolonge par des expédients le temps
estival. Selon nous, les prières du Shabbat qui
louent Dieu de faire venir le soir sont d'essence féminine.
et s'opposent donc à l'esprit des Dix Commandements.
La nuit, l'hiver, l'homme a besoin de recourir à des
substituts, à commencer par le feu (l'électricité) alors
que le jour, l'Eté, l'homme peut se contenter de ce qui existe naturellement. Certes, il y a quelque créativité et ingéniosité à se passer de ce qui est "frais", "vivant" pour conserver les produits et les transformer en une nourriture disponible (vaches maigres succédant aux vaches grasses, selon un cycle de 7 ans) tout comme perpétuer un discours oral vivant au moyen de l'écrit mort. Les femmes aiment à redonner un peu d'apparence de vie à ce qui est mort, tant physiquement que spirituellement et là encore qui ne voit que les valeurs des deux sexes sont radicalement opposées sinon incompatibles, toxiques les unes envers les autres? La disposition de la synagogue (orthodoxe) sépare nettement l'espace des hommes de celui des femmes et c'est une erreur majeur du judaisme libéral de nier une telle différence qui ne permet de saisir les vrais enjeux du Shabbat.
13. 03. 16
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