mercredi 18 octobre 2017

Yves Guillemette Le chéne de Mambré et la reconnaissance juive de la Trinité

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Rencontres de foi
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Abraham, le pèlerin de la foi (5/6)
 

Par la foi, Abraham se fait l'hôte de Dieu

Le récit de l’apparition de Dieu à Abraham, au chêne de Mambré, est l’un des plus touchants que la Genèse ait incorporé dans le cycle d’Abraham (Gn 18,1-15). Abraham exerce à l’égard des trois visiteurs toutes les règles de l’hospitalité sémitique. De plus, il se voit réitérée la promesse d’une descendance. Mais cette fois, la promesse se fait plus précise, puisqu’un enfant naîtra du vieux couple, dans le courant de l’année. À la lumière de ce récit, on apprend que l’expérience de la foi consiste à donner l’hospitalité à Dieu.
     L’épisode du chêne de Mambré suit la naissance d’Ismaël. Abraham pensait bien tenir entre ses mains l’enfant de la promesse, mais voilà qu’un revirement se produit. Dieu lui annonce qu’un enfant naîtra et que ce sera lui l’héritier. L’annonce de la promesse ne se fait plus dans une vision, ni dans le rite de la conclusion de l’alliance, ni dans la contemplation du ciel étoilé, mais dans le cadre de la vie domestique, à l’entrée de la tente, là où Abraham a établi son campement. Dieu se manifeste à Abraham au cœur de la simplicité des choses de la vie qui, aux yeux de plusieurs, appartient à ce qu’il y de plus banal et ordinaire. C’est là que, de façon étonnante, le Dieu Très-Haut brise la distance et se fait proche des hommes. Abraham, le croyant, le pè­lerin, accueille Dieu comme son invité.
     Dieu, accompagné de deux hommes, se présente à Abraham comme un étranger.  Remarquons que l’auteur du récit joue sur la confusion: tantôt il est question de trois visiteurs, tantôt d’un seul.  Certains y ont vu une allusion voilée à la Trinité. Dieu fait irruption dans la vie d’Abraham alors qu’il vaque à ses occupations journalières. Abraham est loin de penser que Dieu agisse de la sorte. Dieu arrive à l’improviste. Abraham lève les yeux et voit trois hommes qui se tiennent debout devant lui. Ils sont étrangers. Ce sont eux les pèlerins, alors que lui, Abraham, a installé son campement. Dieu, puisque c’est bien l’identité que l’auteur du récit attribue à l’un des visiteurs, se présente comme celui qui a tout à recevoir, comme le fera Jésus qui demandera à boire à la Samaritaine. Dieu se laisse regarder dans l’attente d’être reconnu et accueilli.
     Abraham engage la conversation et invite l’étranger à s’arrêter chez lui, tout en respectant sa liberté : Mon Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, veuille ne pas passer loin de ton serviteur (v. 3). L’élan d’Abraham est généreux. Il s’empresse de briser la distance avec son visiteur. Dieu se laisse approcher et interpeller. Il se laisse inviter et désirer. L’expérience de la foi porte l’ardent désir de demeurer près de Dieu. S’il se présente sous les traits de l’étranger, c’est pour attirer notre attention, nous déstabiliser. Il nous laisse libre de l’accueillir.
     Le visiteur accepte l’invitation de son hôte. Les préparatifs du repas ne relèvent pas seulement du sens de l’accueil, mais ils révèlent aussi la manière de vivre les moments importants de la vie. L’exemple d’Abraham nous indique qu’il faut prendre le temps nécessaire pour nous préparer à la rencontre de Dieu. On ne peut le faire à la sauvette. Imaginons que chaque rencontre de Dieu est comme un repas où Dieu a besoin de partager la nourriture de notre vie, de même que nous avons besoin de nous alimenter de sa parole et de sa présence. La table où Dieu veut nous rencontrer est un lieu où les convives ont en commun le besoin de se nourrir réciproquement.
     Abraham fait l’expérience de rencontrer Dieu d’une manière nouvelle. Habitué qu’il était de dresser des autels, Abraham fait l’expérience que Dieu peut être rencontré dans les gestes les plus simples. Ce repas partagé sera fécond, puisque Dieu lui annonce que sa femme et lui tiendront dans leurs bras un nouveau-né, dès l’année suivante. Abraham et Sara sont étonnés au point de rire de la promesse de Dieu, eux qui l’attendaient depuis si longtemps qu’ils avaient peut-être fait leur deuil de la voir se réaliser. Ils hésitent entre croire et ne pas croire. Voilà que leur parcours de foi est à nouveau bouleversé. Dieu déjoue la vision qu’ils se sont faite de leur avenir.
Yves Guillemette, ptre
Source : Le Feuillet biblique, no 2345. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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